26/06/2025 reseauinternational.net  5min #282368

 Sommet de l'Otan 2025 : dépenses militaires en hausse, adhésion de l'Ukraine totalement ignorée

Le financement de l'Otan se heurte à la réalité économique et sociale

par Philippe Rosenthal

Les objectifs militaires de l'OTAN exigent de ses membres à dépenser plus pour la guerre que pour la paix et le bien-être de leurs habitants. Le sommet de l'OTAN du 24 au 25 juin à La Haye aux Pays-Bas affronte l'annonce de trois pays qui refusent ou ne peuvent pas suivre ces directives. L'Espagne, la Belgique mais aussi la République slovaque disent «non».

«Ce mercredi est le dernier jour du sommet de l'OTAN qui se tient à La Haye, aux Pays-Bas. Sur la table des représentants des États membres se trouve une intention de fixer une nouvelle norme pour les dépenses de défense au sein de l'OTAN. Un objectif de 5% est affiché, dont 3,5% pour les dépenses de Défense à proprement parler et d'1,5% pour d'autres dépenses, par exemple en infrastructure ou en cybersécurité qui, d'une certaine manière, serviraient aussi les intérêts de la Défense»,  stipule la RTBF.

Mais, «les efforts de Madrid pour se soustraire aux nouveaux objectifs de dépenses de l'alliance suscitent la colère des autres membres»,  fait savoir Politico. «Aujourd'hui, au sommet de cette année, tout le monde est d'accord : l'Espagne est le problème, la Slovaquie arrivant en deuxième position attise (aussi) la colère parmi les membres de l'alliance», est-il rajouté. El Pais  rapporte que Pedro Sánchez veut «protéger les dépenses sociales en Espagne» et que le gouvernement espagnol n'apprécie pas l'action de Mark Rutte, le secrétaire général de l'OTAN, qui «fait tout pour plaire à Trump».

Sanchez a été suivi lundi par le Premier ministre slovaque Robert Fico, qui  a publié sur X que «la Slovaquie a des priorités différentes, c'est pourquoi en 2026 je ne soutiendrai aucune augmentation des dépenses militaires».

«La République slovaque est capable de satisfaire aux exigences de l'OTAN même sans une augmentation substantielle des dépenses de défense à 5% du PIB», a précisé Robet Fico.

Il a tenu, par ailleurs, à prévenir : «De même que l'Espagne, la République slovaque se réserve le droit souverain de décider à quel rythme et dans quelle structure elle est prête à augmenter le budget du ministère de la Défense de la République slovaque afin de réaliser le plan de l'OTAN d'ici 2035» ; «que dans le budget de l'État de la République slovaque pour 2026, elle ne soutiendra aucune augmentation des dépenses consacrées à l'achat de systèmes d'armes au-delà du niveau de 2025, et que toute augmentation du budget du ministère de la Défense de la République slovaque pour 2026 sera exclusivement consacrée à des projets à double objectif, tels que les hôpitaux et les infrastructures routières».

Le Premier ministre de la République slovaque a pointé du doigt que «tous les mécanismes internationaux politiques, sécuritaires et juridiques destinés à la prise de décisions et aux mandats sur l'utilisation de la force militaire pour résoudre les conflits ont échoué», notant : «Les grandes puissances prennent ces décisions individuellement, ce qui conduit à une détérioration sans précédent de la situation sécuritaire avec un risque réel d'émergence d'un nouveau conflit militaire mondial».

«Aujourd'hui, on parle bien plus d'armement massif et d'un éventuel conflit militaire mondial que de paix ou d'amélioration du niveau de vie des populations», dénonce-t-il.

«La grande majorité des pays membres de l'OTAN soutiennent une augmentation substantielle des dépenses de défense, jusqu'à 5% du PIB d'ici 2035. Dans une période de redressement des finances publiques et de rattrapage du niveau de vie moyen dans l'UE, la République slovaque a d'autres priorités dans les années à venir que l'armement», conclut Robet Fico.

«Lors du sommet de l'année dernière à Washington, la frustration à l'égard des dépenses de défense canadiennes était grande, Ottawa avait refusé tout simplement d'augmenter son budget de défense à un niveau proche de la norme de 2% du PIB fixée par l'OTAN», rappelle Politico.

«Les refus de dernière minute de l'Espagne et de la Slovaquie interviennent au début d'un sommet que les dirigeants de l'OTAN (du 24 au 25 juin 2025 à La Haye) ont fait de leur mieux pour éviter tout incident». Cela rappelle au monde qu'une alliance de 32 pays peut être indisciplinée, surtout lorsque les affaires de l'OTAN se heurtent à des priorités budgétaires nationales.

Mais, ce n'est pas fini, la Belgique veut produire ses armements sous 3,5% du PIB. La RTBF avertit que la Belgique qui arrivera seulement aux 2% du PIB consacrés à la Défense en 2025 aurait d'énormes difficultés à les atteindre. «L'accord intervenu au sein du gouvernement mardi soir le confirme. À La Haye, le Premier ministre, Bart De Wever, et le ministre de la Défense, Theo Francken, qui représentent la Belgique n'auront pas la tâche facile et espèrent de la flexibilité pour gagner le plus de temps possible», avoue le média belge : «La Belgique est, en effet, l'un des plus mauvais élèves de l'Alliance et n'atteindra le seuil de 2% du PIB pour la Défense que cette année, soit plus de dix ans après que cet objectif a été fixé par les alliés».

«Dans le contexte budgétaire belge délicat, il est difficile d'imaginer comment la Belgique pourrait dégager des moyens supplémentaires», conclut la RTBF. Trois pays déjà avouent se heurter à la réalité de leur finance et surtout à la dégradation de la qualité de vie de leurs citoyens, un point qui n'est pas acceptable, pas possible de transgresser ou qui va - force de constater - provoquer des heurts au sein des populations des États qui approuvent les dépenses de l'OTAN au forcing. El Pais traduit bien la situation économique désastreuse traversée par les membres de l'Alliance : «Le gouvernement [espagnol] estime que, malgré les critiques des États-Unis, l'Espagne a raison parce que c'est la seule qui dit que le roi est nu».

source :  Observateur Continental

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