22/12/2022 infomigrants.net  4min #221177

Le général néerlandais Hans Leijtens prend la tête de l'agence européenne Frontex

Des officiers de Frontex. Crédit : ANSA/Frontex via Twitter

Hans Leijtens a été nommé, mardi 20 décembre, nouveau directeur exécutif de l'agence européenne des garde-frontières Frontex, pour un mandat de cinq ans.

L'homme est actuellement commandant de la gendarmerie royale néerlandaise, depuis 2019. Il a occupé plusieurs hauts postes de direction au sein du ministère néerlandais de l'Intérieur, et a ainsi été amené à gérer la police aux frontières de son pays. D'un profil plutôt sécuritaire, il a, par le passé, servi en Afghanistan.

Hans Leijtens succède à l'actuelle responsable par interim de Frontex, Aija Kalnaja. Celle-ci occupait ce poste depuis juillet 2022,  à la suite de la démission de Fabrice Leggeri, dont la responsabilité était engagée par plusieurs enquêtes de journalistes, d'ONG, et surtout de l'Office européen de lutte anti-fraude (OLAF).

Le Néerlandais était en concurrence avec deux candidates : d'un côté, Terezija Gras, l'actuelle secrétaire d'État au ministère de l'Intérieur en Croatie. De l'autre, Aija Kalnaja.

Celle-ci était donc candidate à sa propre succession, malgré une enquête de l'OLAF la visant également, comme l'a révélé  entre autres Mediapart mi-décembre. On sait peu de choses sur le contenu de cette investigation. Aija Kalnaja a simplement indiqué à l'AFP avoir été informée par l'OLAF qu'elle était la "personne concernée dans un cas, qui consiste en deux événements distincts", sans plus de détails.

Des successions houleuses à la tête de l'agence

Hans Leijtens a été membre du conseil d'administration de Frontex entre 2011 et 2015, puis entre 2019 et 2022. Il était donc au coeur du réacteur lors des révélations de scandales émaillant le mandat de Fabrice Leggeri.

L'OLAF avait longuement enquêté  sur les activités de Frontex en Grèce du printemps à l'automne 2020. À la suite de ces investigations, un rapport, divulgué en avril 2022 dans la presse, révélait que Frontex n'avait pas traité correctement des preuves de refoulements d'exilés aux frontières maritimes et terrestre de la Grèce, allant jusqu'à les dissimuler. Or, ces "puschback" sont contraires au droit international et européen. C'est suite à ces révélations que Fabrice Leggeri avait fini par démissionner.

En octobre, Frontex a fait son mea culpa dans un communiqué, assurant avoir établi à la fin de l'été 2022 "un plan d'action pour réparer les torts du passé et du présent et pour engager un dialogue structuré" avec les autorités grecques.

Plus récemment, d'autres scandales ont entaché la réputation de l'agence. Mi-décembre, Human Rights Watch a accusé Frontex de "complicité" avec les abus perpétrés par les garde-côtes libyens dans l'interception de migrants en mer,  grâce aux avions et au drone de l'agence qui sillonnent la Méditerranée centrale.

En ce mois de décembre également, une enquête du Monde et d'un consortium de journalistes européens  a révélé l'existence d'un lieu de détention illégal utilisé par les garde-frontières bulgares pour retenir des migrants à proximité de la frontière turque. Frontex dément être au courant, mais l'agence est sous le feu des projecteurs sur cette affaire également.

The EU appears to know about this black site: we documented cars with @Frontex logos parked metres from the cage on 3 occasions
Frontex says it works with police in Sredets on 'border surveillance activities'. Internal documents show it has 10 officers based there

La route des Balkans sous tension

Hans Leijtens débute son mandat avec des enjeux forts autour de la route des Balkans, redevenue la principale voie migratoire vers l'UE avec une augmentation de 170 % des arrivées sur les dix premiers mois de 2022 par rapport à l'année dernière. Près de 130 000 personnes ont été contrôlées sur la route depuis le début de l'année 2022, et 22 300 tentatives de passage ont été enregistrées par Frontex en octobre. C'est trois fois plus qu'il y a un an.

L'agence déploie actuellement 18 opérations coordonnées avec les États-membres dans l'Union européenne, mais aussi en dehors, comme en Moldavie, rappelle l'AFP. Pas moins de 2 350 membres du contingent permanent sont actuellement en exercice.

À terme, Frontex prévoit de disposer d'un effectif propre de  10 000 garde-frontières et garde-côtes, à l'horizon 2027. Dans cette perspective notamment, elle programme déjà des  commandes d'armes "létales et non-létales".

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