par Dominique Delawarde
Il se poursuit à bas bruit médiatique, alors que la guerre au Liban et les frappes israéliennes, réalisées ou potentielles, sur l'un ou l'autre de ses adversaires déclarés (Yémen, Syrie, Irak, Iran) font diversions. Les bouchers de Tel-Aviv continuent de démembrer ceux qu'ils considèrent comme «des animaux humains» par des bombardements enragés et aveugles et avec la complicité de plusieurs pays de l'Occident otanien qui fournissent les bombes, sans le moindre respect des législations internationales, des résolutions de l'ONU et du droit de la guerre.
Depuis le 7 octobre 2023, le bilan des pertes palestiniennes directes, liées aux opérations des forces israéliennes largement soutenues par l'Occident otanien, établi au 9 octobre 2024 est de :
Pour Gaza : 42 065 tués dont plus de 16 859 enfants, plus de 97 886 blessés dont 176 nouveaux-nés et 710 bébés de moins de 12 mois.
(il y a donc bien eu des bébés démembrés par les bombardements israéliens. Ils n'étaient pas israéliens mais palestiniens.
36 mineurs sont morts de faim.
3500 seraient sur le point de mourir de faim
25 973 enfants ont perdu un ou deux parents.
• tass.com
Pour la Cisjordanie : 49 tués dont 164 enfants, plus de 6250 blessés.
Bilan total Palestine : 42 814 tués, plus de 104 136 blessés ; plus de 10 000 disparus
Si l'on ajoute au bilan les pertes indirectes de cette guerre (malnutrition, défaut de soins, épidémies) en appliquant un facteur 4 très raisonnable (sur une échelle de 3 à 15), retenu par le Lancet pour le conflit palestinien, le nombre total de décès palestiniens serait actuellement de plus de 213 500.
La révolte du ghetto de Gaza aura coûté fort cher au peuple palestinien, mais aura eu l'immense avantage de révéler, à la face du monde, la vrai nature du sionisme et de la gouvernance de l'État d'Israël : Une colonie de peuplement, établie au milieu du XXe siècle et maintenue au XXIe, par le terrorisme d'État, la prédation et la force ; un État confessionnel auto-proclamé ; un État d'apartheid toléré par les gouvernances de certains grands États occidentaux (USA, UK, FR), manifestement corrompues par l'argent de la diaspora.
Cette révolte aura également permis de préciser et de précipiter la fracture entre un Occident otanien, hégémon rejeté par la majorité planétaire et en déclin rapide, et cette majorité planétaire qui aspire à un monde nouveau, multipolaire, et qui l'organise sous nos yeux sans nous et peut être même contre nous.
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Après un an de guerre, et le départ à l'étranger d'une partie des investisseurs et des cerveaux qui faisaient fonctionner le pays, l'économie israélienne s'effondre, ce qui compromet durablement l'avenir du projet sioniste, celui d'un grand Israël ethniquement pur.
L'économiste Shir Ever, natif d'Israël nous décrit la situation : les7duquebec.net
Israël perd aussi des points en montrant au monde entier le niveau réel de sa «démocratie exemplaire» dans laquelle 175 journalistes ont été assassinés par Tsahal en 1 an seulement : presque un tous les deux jours. C'est un record du monde jamais atteint à ce jour dans aucun conflit majeur depuis la fin de la 2ème guerre mondiale.
Les journalistes occidentaux ne pratiquent guère la confraternité médiatique envers leurs collègues tués par Tsahal et ne dénoncent Israël, lorsqu'ils le font, que du bout des lèvres. Après tout, 175 journalistes tués en un an, c'est un non-événement, dès lors qu'Israël est en cause. En revanche lorsque 11 journalistes occidentaux ou sympathisants sont tués en deux ans et demi de guerre dans des bombardements russes, la Russie est dénoncée avec force. Nos médias évitent alors d'évoquer les risques du métier de reporter de guerre et préfèrent gémir en utilisant des expressions du type «crime de guerre». En clair, la Russie tue 40 fois moins de journalistes qu'Israël par année de guerre mais elle est condamnée 40 fois plus pour cela... C'est ce qu'on appelle le deux poids-deux mesures.
Israël perd également des points sur la scène internationale en égarant sa raison et sa maîtrise de soi et en s'attaquant à 3 reprises le 10 octobre aux casques bleus de l'ONU déployés au Sud Liban. Deux soldats indonésiens de la FINUL ont été blessés.
Ces faits surviennent après qu'une interdiction de séjour en Israël ait été prononcée à l'encontre du secrétaire général de l'ONU.
Si la gouvernance Netanyahou voulait faire d'Israël un État paria et le faire exclure de l'ONU, il ne s'y prendrait pas autrement. Les points perdus par Israël sont autant de points perdus par l'Occident otanien qui étale toujours plus, au grand jour et à la face du monde, sa connivence avec Netanyahou et sa partialité, en continuant de soutenir inconditionnellement un État génocidaire, pratiquant l'apartheid et dont les soldats tirent sur ceux de l'ONU.
Si l'Italie, l'Irlande, l'Indonésie et l'Espagne ont réagi vigoureusement, la France qui déploie 700 militaires dans le cadre de la FINUL s'est contentée timidement de «demander des explications», et de déclarer : «La protection des casques bleus est une obligation qui s'impose à toutes les parties à un conflit» «Paris condamne toute atteinte à la sécurité de la Finul». Cette réaction que l'on peut qualifier de molle puisqu'elle n'ose même pas nommer l'agresseur, ne grandit pas l'image de notre pays. Elle n'est pas cohérente avec les déclarations du ministre de la Défense du 2 octobre dernier.
La question qui se pose est de savoir comment tout cela va se terminer et jusqu'où iront les zélotes du sionisme ? Jusqu'à Massada peut-être ?
Les frappes aériennes israéliennes
Elles se succèdent au Liban, en Syrie, en Irak et au Yémen, occasionnant délibérément des pertes essentiellement civiles. Les pertes comptabilisées au Liban atteignent déjà les 2141 morts et 10 100 blessés depuis le 7 octobre 2023 dont 1323 tués et 3698 blessés depuis le 23 septembre 2024.
Ces bombardements sans fin et sans limites qui visent à faire prévaloir la loi du plus fort donnent parfaitement raison à la citation récente du CEMA français décrivant le fonctionnement du monde nouveau.
«Le recours à la force (par Israël ?) est désinhibé et apparaît comme la manière la plus forte d'imposer sa volonté et de résoudre les différends». - Général Thierry Burkhard
S'agissant de la riposte d'Israël à la frappe iranienne sur son sol, elle se fait toujours attendre. Il est possible que les néocons sionistes, israéliens et US, à l'origine des escalades tous azimuts (Ukraine, Proche et Moyen Orient, Mer de Chine) commencent enfin à réaliser le risque qu'ils prennent pour l'avenir de leur camp et de leur propre pays. L'avenir nous dira si c'est le cas.
Trois textes à lire pour ceux qui s'inquiètent de cette riposte israélienne sur l'Iran.
Le premier est plutôt optimiste. Il est signé par l'un des meilleurs analystes géopolitiques indiens que je connaisse : M.K. Bhadrakumar.
Le second est plus pessimiste.
Le troisième tend à montrer une certaine solidarité des pays du Golfe avec l'Iran.