18/06/2024 mondialisation.ca  6 min #250690

Le génocide et la faim comme armes de guerre en Palestine : l'espoir de la résistance mondiale

Par  Grain

L'armée israélienne a tué près de 37 000 Palestinien·nes à  Gaza, dont au moins la moitié étaient des femmes et des enfants. Plus de 83 000 personnes ont été blessées et 10 000 autres sont portées disparues, ensevelies sous les décombres. En Cisjordanie occupée, plus de 500 Palestinien·nes ont été tué·es, dont au moins 133 enfants, et plus de 5 000 ont été blessé·es. La quasi-totalité du système de santé de Gaza a été détruite, de même que toutes les universités et institutions culturelles et de recherche. La Cour internationale de justice a estimé qu'il existait un cas « plausible » de génocide de la part de l'État d'Israël.

Alors que le génocide continue de se poursuivre au vu et au su de la communauté internationale, il est devenu évident que l'anéantissement des systèmes alimentaires palestiniens est un élément central de la  stratégie mise en œuvre. Comme l'a récemment dénoncé le  Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l'alimentation, en l'espace de quelques mois, Israël a délibérément affamé plus de deux millions de personnes, et il continue de le faire. Il a détruit un tiers des terres agricoles de Gaza,  80 % de la flotte de pêche et saccagé les systèmes d'irrigation. Les forces israéliennes ont empêché d'innombrables convois alimentaires d'entrer dans le territoire par voie terrestre ou maritime,  bombardant directement le personnel humanitaire par la même occasion. Les conséquences sont insupportables et irréversibles. En avril 2024, les  autorités internationales ont constaté que la famine s'installait dans la bande de Gaza.

Depuis le « jour de la Nakba » en 1948, qui a marqué la destruction violente de plus de 500 villages et l'expulsion forcée de  750 000 Palestinien·nes, la destruction des  systèmes alimentaires palestiniens a constitué une tactique clé dans l'expansion de l'État d'apartheid. Le contrôle par la violence de la terre, de l'eau et de la mer a pris pour cible l'agriculture paysanne, la pêche artisanale et les  marchés. Les  colons israéliens, accompagnés la plupart du temps par l'armée israélienne, sont de plus en plus souvent à l'origine de ces attaques en Cisjordanie.

Afin d'étendre les colonies illégales et de rendre les Palestinien·nes dépendant·es des importations israéliennes, les forces de colonisation ont déraciné depuis l'an 2000 plus de  3 millions d'oliviers et d'autres arbres fruitiers, essentiels à la culture et à la souveraineté alimentaire de la population palestinienne. En outre, en 2008, l'occupation israélienne a imposé un système de « comptage des calories », surnommé le  « régime de famine », conçu pour réduire l'accès des Palestinien·nes à la nourriture à un niveau permettant tout juste leur survie. En conséquence, en 2022, ceci avait amené  plus de 64 % des habitant·es de Gaza à souffrir d'insécurité alimentaire modérée à grave.

Malgré des décennies d'attaques directes et systématiques contre son approvisionnement alimentaire, le peuple palestinien résiste, protège et développe des systèmes alimentaires gérés par la communauté,  les femmes  jouant souvent  un rôle de premier plan.

L'assaut dramatique à Gaza entraîne un changement radical dans l'opinion mondiale et l'action politique, car il s'agit d'une crise que l'on ne peut ignorer. Les  jeunes ont joué un rôle de premier plan en bloquant des écoles et en se mobilisant pour la Palestine, exigeant des responsables qu'ils rendent des comptes. Les mobilisations populaires affirment clairement que les nations qui soutiennent explicitement, implicitement ou par leur silence l'apartheid et l'hégémonie d'Israël sont complices d'un génocide. Les gens sont dans la rue pour demander un cessez-le-feu, des sanctions militaires et toutes les formes de désengagement et de désinvestissement par rapport à Israël. Dans de nombreux cas, on assiste à une répression violente de la part de la police, comme sur les campus universitaires, où elle a été appelée à la demande de l'administration de l'université. Dans plusieurs pays, la déconnexion entre la population et la classe politique s'accentue. Dans d'autres, les leaders prennent des mesures pour soutenir la Palestine et faire pression sur Israël. Nous sommes convaincus que c'est là que réside le véritable pouvoir : dans la résistance du peuple palestinien et dans le mouvement mondial de solidarité qui se développe.

GRAIN réaffirme sa solidarité et son engagement dans la lutte du peuple palestinien pour la décolonisation, l'autodétermination et la souveraineté sur la terre, l'eau et les autres ressources. Nous appelons à un arrêt immédiat du génocide et à un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent. Nous exprimons également notre solidarité avec toutes celles et ceux qui organisent et appellent au  boycott, au désinvestissement et aux sanctions contre Israël.

Nous demandons l'arrêt immédiat de l'utilisation de la faim comme arme de guerre et de répression en Palestine et ailleurs. Des attaques systématiques contre l'approvisionnement alimentaire sont également mises en œuvre dans les conflits en Haïti, au Soudan, au Salvador, au Myanmar et en Éthiopie.

L'espoir repose sur la solidarité, la lutte pour la justice et la résistance dans le monde entier !

Photo:  La Izquierda Diario

La source originale de cet article est  grain.org

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