Par Jeremy Scahill & Jawa Ahmad, le 2 octobre 2025
Dans une interview exclusive, Mohammad Nazzal, haut responsable du Hamas, évoque la stratégie, les lignes rouges et la tentative d'assassinat des négociateurs palestiniens par Israël.
Les responsables du Hamas multiplient les réunions avec les factions palestiniennes et les médiateurs régionaux pour élaborer la réponse palestinienne au plan de 20 points pour Gaza annoncé lundi à la Maison Blanche par le président Donald Trump et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Mardi, Trump a donné au Hamas "trois ou quatre jours" pour répondre à ce qui s'apparente en réalité à un ultimatum, menaçant d'autoriser Israël à poursuivre indéfiniment sa guerre d'extermination contre Gaza si le Hamas n'accepte pas le plan dans son intégralité. Interrogé sur la marge de manœuvre dont disposait le Hamas pour négocier les termes, Trump a répondu : "Très peu".
"Trump nous présente ce plan comme une offre à prendre ou à laisser. C'est inacceptable sur le plan de la pratique politique. Cela ne peut pas se résumer à accepter ou à rejeter purement et simplement un éventuel accord",
a déclaré Mohammad Nazzal, un responsable senior du Hamas et membre de longue date de son bureau politique, lors d'une interview accordée à Drop Site.
"Ce plan a été élaboré sans la participation du Hamas ni d'aucun autre parti palestinien, y compris l'Autorité palestinienne. Comment l'administration américaine peut-elle prétendre parvenir à un accord avec l'une des parties au conflit tout en excluant les Palestiniens ?""Ce plan n'est pas celui de Trump, c'est un plan israélien", a-t-il ajouté. "Je le dis avec un profond regret : les États-Unis d'Amérique en sont aujourd'hui réduits à servir d'agent à l'entité sioniste".
Néanmoins, M. Nazzal, membre du Hamas depuis 1989 et au bureau politique depuis 1996, a déclaré que le Hamas examine attentivement le document et qu'il donnera sous peu sa réponse officielle.
"Nous abordons ce plan avec beaucoup de sérieux", a-t-il déclaré. "Nous avons commencé à l'étudier et à tenir des consultations dès que nous l'avons reçu".
Si M. Nazzal affirme que certains aspects de la proposition peuvent être acceptables pour le Hamas et correspondent aux principes auxquels le groupe a précédemment adhéré, il qualifie la plupart des dispositions de "diktats israéliens".
"L'opinion publique au sein des factions palestiniennes n'est pas favorable au plan présenté. Il comporte certes certains aspects positifs, mais les côtés négatifs l'emportent", a-t-il déclaré. "À moins que le plan ne soit modifié ou que des amendements importants ne soient apportés à certains points, il sera difficile de l'accepter tel quel".
Comme lors des précédentes négociations de cessez-le-feu, les représentants du Hamas prévoient de rédiger une série d'amendements et requièrent des précisions sur divers termes de la proposition.
"Il est clair que le plan est très général et vague, et qu'il nécessite donc des clarifications. Chaque point mentionné dans le plan doit faire l'objet d'un processus de négociation. Nous ne partons pas du principe que ce qui est présenté dans le plan représente une position finale et non négociable", a déclaré M. Nazzal. "Trump veut imposer ses exigences à travers ce plan. Il a été très clair sur les questions liées aux revendications israéliennes, mais très vague sur les conditions palestiniennes".
Selon le plan, le Hamas doit libérer tous les prisonniers israéliens détenus à Gaza dans les 72 heures suivant la conclusion d'un accord. On estime à 20 le nombre d'Israéliens encore en vie et à 28 le nombre de corps de Palestiniens décédés qui se trouvent encore dans la bande de Gaza. Ce n'est qu'après la libération de tous les prisonniers que l'État hébreu libérerait 250 Palestiniens condamnés à perpétuité et 1 700 Palestiniens de Gaza arrêtés après le 7 octobre 2023, y compris toutes les femmes et tous les enfants. En échange des dépouilles des Israéliens morts en détention à Gaza, Israël rendrait les corps de 15 Palestiniens, selon le plan.
Lisez ici l'analyse complète de Drop Site sur le plan en 20 points, publié lundi par les États-Unis :
GAZA Le plan de Trump pour Gaza, un blanc-seing qui légitime l'asservissement de la Palestine
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Sep 30
Le plan de Trump pour Gaza, un blanc-seing qui légitime l'asservissement de la Palestine
Le Hamas sait que son unique moyen de pression sont les otages qu'il détient à Gaza.
"Il est possible que cet accord ne dure que 72 heures, le temps pour eux de récupérer les otages israéliens et de ne pas respecter le reste de l'accord. Nous n'avons aucune garantie", a déclaré M. Nazzal. "C'est pourquoi, lorsque nous passerons en revue les détails du plan, nous devrons inclure des garanties assurant que l'accord sera pleinement mis en œuvre et ne sera pas rompu. Il faut des garanties pour que la libération de tous les prisonniers dès les premières heures du cessez-le-feu ne permette pas aux Américains et aux Israéliens de se soustraire au reste dudit accord".
Ces préoccupations sont fondées. Israël a en effet violé à plusieurs reprises les termes des précédents accords de cessez-le-feu, y compris celui de janvier 2025 approuvé par Trump et son prédécesseur, Joe Biden. Pendant la première phase de l'accord, Israël a mené des frappes régulières sur Gaza, puis a unilatéralement rompu l'accord en mars, en imposant un blocus total et en reprenant ses bombardements sur la bande de Gaza.
Le nouveau plan Trump exige la "démilitarisation de Gaza" et conditionne la fourniture d'aide humanitaire et de produits de première nécessité à une vague certification attestant que certaines zones de Gaza sont démilitarisées.
"Toutes les infrastructures militaires, terroristes et offensives, y compris les tunnels et les installations de production d'armes, seront détruites et ne seront pas reconstruites", stipule-t-il. "Un processus de démilitarisation de Gaza sera mis en place sous la supervision d'observateurs indépendants, qui comprendra la mise hors service définitive des armes selon un processus de démantèlement convenu".
Le Hamas a longtemps affirmé qu'il ne signera pas d'accord qui priverait les Palestiniens de leur droit à la résistance armée contre l'occupation israélienne.
"Les armes dont dispose le Hamas sont insignifiantes comparées à celles des Israéliens. L'État d'Israël possède un réacteur nucléaire et l'arme atomique. Personne ne parle de désarmer cette entité, alors qu'on parle de désarmer la résistance palestinienne", a déclaré M. Nazzal. "La discussion sur le désarmement de la résistance devrait avoir lieu après la création d'un État palestinien indépendant".
Les responsables du Hamas ont précédemment déclaré à Drop Site que les factions de résistance armée ne se dissoudront que dans le cadre d'un processus d'intégration de leurs combattants dans une armée nationale palestinienne en mesure de défendre un État indépendant.
Un fait rarement mentionné dans les médias occidentaux au sujet du plan de Trump pour Gaza est que, le 18 août, le Hamas a officiellement accepté l'accord de cessez-le-feu américano-israélien précédent. En acceptant cet accord, le Hamas a fait d'importantes concessions sur toute une série de revendications. Cet accord prévoyait un cessez-le-feu initial de 60 jours et la libération de la moitié des prisonniers israéliens restants. Israël n'a jamais répondu à cette décision et a lancé une invasion terrestre massive de la ville de Gaza, annonçant son intention de forcer un million de Palestiniens à quitter leurs maisons et leurs abris.
La dernière fois que les négociateurs du Hamas se sont réunis pour discuter d'une réponse à l'offre américaine, c'était le 9 septembre. Trump a envoyé au Hamas un résumé de 100 mots d'un prétendu plan de cessez-le-feu par l'intermédiaire de médiateurs régionaux. Alors que le négociateur en chef Khalil Al-Hayya et d'autres hauts responsables se réunissaient dans les bureaux du Hamas à Doha pour en discuter, des avions israéliens ont mené une série de frappes aériennes pour les assassiner. Si Al-Hayya et les autres dirigeants ont survécu, le fils d'Al-Hayya et quatre employés du bureau du Hamas ont été tués, et la femme, la belle-fille et les petits-enfants d'Al-Hayya ont tous été blessés. Un agent de sécurité qatari a également été tué.
Plusieurs sources du Hamas ont déclaré à Drop Site qu'à la suite de l'attaque, plusieurs hauts dirigeants du Hamas au Qatar, dont Al-Hayya, ont été transférés dans des lieux sécurisés et que des restrictions ont été imposées sur leur utilisation de téléphones et autres appareils électroniques. Selon ces sources, le Qatar a déclaré aux responsables du Hamas que ces mesures sont nécessaires car ils font toujours l'objet d'une menace active. Ce qui a gravement entravé la capacité des dirigeants du mouvement à communiquer entre eux et avec les commandants de la résistance sur le terrain à Gaza.
"Au cours des trois semaines qui ont suivi l'opération d'assassinat, des mesures de sécurité exceptionnelles ont été prises pour les dirigeants visés ou susceptibles de l'être",
a déclaré M. Nazzal, ajoutant que depuis que la proposition de Trump a été transmise au Hamas lundi, ses dirigeants ont pu se réunir plus librement.
"Les mouvements et les communications ont commencé avec les responsables qataris, égyptiens et turcs après que nous ayons reçu le plan de Trump. C'est pourquoi les contacts ont repris".
Pour qu'un accord de cessez-le-feu signé par le Hamas soit valide, il faudrait l'accord des commandants sur le terrain des Brigades Qassam et de Saraya al Quds, les branches armées du Hamas et du Jihad islamique palestinien, à Gaza. M. Nazzal a déclaré que peu avant la tentative d'assassinat au Qatar, les dirigeants du Hamas à Gaza ont autorisé leurs négociateurs externes à prendre des décisions sur les termes d'un accord.
"Je ne pense pas qu'il y ait divergence entre les dirigeants militaires et politiques", a déclaré Nazzal. "La question centrale est désormais de décider d'une position concernant le plan proposé par Trump".
Nazzal a rejoint le Hamas peu après la création du groupe en 1987 et a occupé divers postes au cours des décennies suivantes, notamment en tant que représentant du mouvement en Jordanie et en Syrie et membre de son conseil international. En octobre 1997, il faisait partie des hauts responsables du Hamas apparus publiquement à Amman avec le fondateur et chef spirituel du groupe, le cheikh Ahmed Yassin, après sa libération d'une prison israélienne. M. Nazzal est un membre influent du bureau politique du Hamas et a été soumis à des sanctions par le gouvernement américain en 2024.
Quelle que soit la réponse que le Hamas soumettra à Trump, elle sera approuvée par toute une série de groupes palestiniens, a souligné Nazzal, et pas seulement ceux les forces de résistance armées combattant à Gaza.
"Il s'agit d'une question nationale qui concerne le peuple palestinien. Le Hamas, le Jihad islamique et certaines autres factions mènent la résistance militaire contre l'occupation. Cependant, de nombreux partis palestiniens doivent être consultés", a-t-il déclaré. "Nous ne considérons pas ce qui se passe dans la bande de Gaza comme une question relevant uniquement du Hamas, mais qui concerne l'ensemble du peuple palestinien. C'est pourquoi nous consultons toutes les factions palestiniennes afin de garantir que la position adoptée soit une position nationale globale et unifiée".
Alors que la plupart des partis palestiniens et des dirigeants politiques de premier plan ont participé à ces consultations sur "l'unité nationale" tout au long du génocide, le Fatah, le parti politique au pouvoir de Mahmoud Abbas, président de l'Autorité palestinienne, a refusé d'y participer.
"Nous leur avons sans cesse tendu la main pour coopérer et établir des relations", a déclaré M. Nazzal. "Malheureusement, la position de l'Autorité palestinienne, en particulier celle de M. Abbas, a toujours été négative".
IA
Le jeu de dupes
Lors des premières réunions, mardi, à Doha, les médiateurs régionaux du Qatar et de l'Égypte, ainsi que des responsables turcs, ont déclaré au Hamas que la partie palestinienne doit faire connaître sa position et ses objections au projet de Trump, a déclaré M. Nazzal.
"Nous sommes en droit d'exprimer ces objections. Par conséquent, quelle que soit la position américaine, nous ne pouvons pas nous engager aveuglément dans un accord auquel nous n'avons pas participé, que les États-Unis l'acceptent ou non",
a-t-il ajouté. Les médiateurs ont exprimé leur soutien à cette démarche, d'autant que le Hamas n'a pas participé au dialogue entre Américains et Israéliens.
Conçu en collaboration avec le principal conseiller de Netanyahou, Ron Dermer, ce plan a été piloté par le gendre de Trump, Jared Kushner, et l'envoyé spécial Steve Witkoff. Kushner, qui aurait pris l'initiative de rallier le soutien des pays arabes, est souvent présenté par Trump comme le cerveau des accords dits "d'Abraham" de "normalisation" avec Israël. Kushner entretient de nombreuses collaborations commerciales avec des pays du Golfe et en Israël, et sa société d'investissement, Affinity Partners, est soutenue par des milliards de dollars provenant d'Arabie saoudite, des Émirats arabes unis et du Qatar.
La proposition de Trump comprend des perspectives de "projets d'investissement et de développement prometteurs" pour Gaza, qui seraient gérés par un "organisme international de transition", prenant de fait le contrôle de la bande de Gaza. Lors de sa rencontre avec Netanyahu, lundi, Trump a qualifié Gaza de "la plus magnifique des parcelles au Moyen-Orient" à bien des égards. Interrogée sur d'éventuels conflits d'intérêts liés aux intérêts commerciaux de Kushner, la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, a dénoncé cette suggestion comme "franchement déplacée".
Depuis que Trump a dévoilé son plan lundi, les responsables de plusieurs États arabes et musulmans ont déclaré avoir été pris au dépourvu lorsque Trump est monté sur scène avec Netanyahu et a affirmé que le plan avait leur soutien total. Ces nations ont publiquement salué les "efforts sincères de Trump pour mettre fin à la guerre à Gaza", sans pour autant approuver explicitement son plan en 20 points.
Certaines d'entre elles ont affirmé que le texte final distribué par la Maison Blanche est très différent des projets qui leur ont été présentés et sur lesquels elles ont donné leur avis, et finalement leur accord. Le ministre pakistanais des Affaires étrangères, Ishaq Dar, a déclaré :
"Ceci n'a rien à voir avec notre document", ajoutant que le plan présenté par Trump et Netanyahu doit être considéré comme "une annonce unilatérale".
Après que les pays arabes et musulmans ont annoncé la semaine dernière soutenir le plan de Trump, ce dernier a autorisé Netanyahu et Dermer à apporter des modifications substantielles au document, supprimant ou modifiant certains éléments que ces pays auraient jugés inacceptables.
"Netanyahu a réussi à obtenir des modifications notables à l'issue d'une série de réunions de plusieurs heures" avec Kushner et Witkoff, selon le Times of Israel. Ces "modifications majeures de dernière minute"
comprennent notamment le retrait des troupes israéliennes, sous réserve du désarmement du Hamas. Certaines modifications auraient été apportées à la Maison Blanche, quelques instants avant que Trump et Netanyahu ne montent sur scène pour présenter le plan.
"Les responsables saoudiens, égyptiens, jordaniens et turcs sont furieux de ces changements", a rapporté Axios. "Les Qataris ont même tenté de convaincre l'administration Trump de ne pas publier le plan détaillé lundi en raison de ces oppositions"."Ces pays [musulmans] ont été dupés, et certains d'entre eux nous en ont informés", a déclaré M. Nazzal. "Dupés parce que ce qui a été convenu n'est pas conforme à ce qui a été annoncé. C'est un scandale politique majeur", a-t-il ajouté. "En tant que première superpuissance mondiale, il est honteux pour [les États-Unis] de tromper des pays considérés comme leurs alliés".
Un nombre croissant de pays musulmans suggèrent désormais que les termes publiés doivent être réexaminés, bien qu'ils choisissent leurs termes avec prudence. Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdel Aaty, a déclaré que le plan de Trump "recèle de nombreux aspects positifs", mais a ajouté :
"D'autres nécessitent une discussion approfondie et, comme le dit le proverbe, le diable se cache dans les détails. Par conséquent, ces questions doivent être discutées en profondeur afin de parvenir à un consensus, en particulier leur mise en œuvre sur le terrain".
Mardi, le Premier ministre du Qatar, cheikh Mohammed bin Abdulrahman bin Jassim Al Thani, a salué certains aspects du plan de Trump, affirmant qu'il aborde les questions les plus urgentes, comme le cessez-le-feu, mais a ajouté qu'il reste des
"défis pratiques et de mise en œuvre" à surmonter par la négociation. Selon lui, "c'est avant tout le travail des parties palestinienne et israélienne, mais aussi de la communauté internationale qui apporte son soutien. L'établissement d'un cadre juridique clair pour cette question, qui sera bien sûr défini au Conseil de sécurité des Nations unies, est impératif".
La question de savoir si Trump acceptera désormais les nouveaux termes ou les amendements proposés par le Qatar, l'Égypte et d'autres nations impliquées dans les négociations, sans parler du Hamas, reste ouverte.
Depuis lundi, les responsables du Hamas, du Jihad islamique palestinien et d'autres mouvements palestiniens ont unanimement dénoncé ce plan comme une manœuvre flagrante d'Israël pour obtenir via cette proposition ce qu'il n'a pas réussi à décrocher sur le champ de bataille.
Ziyad al-Nakhalah, secrétaire général du Jihad islamique palestinien (JIP), le deuxième plus important groupe de résistance armée de Gaza, a qualifié la proposition de
"bombe à retardement" et a déclaré : "Nous considérons l'annonce américano-israélienne comme le prétexte idéal pour embraser le Moyen-Orient".
Si elle devait être acceptée telle quelle par le Hamas, la proposition de Trump aurait des répercussions majeures sur la cause de l'autodétermination palestinienne, et pas seulement à Gaza.
Mercredi soir, Mohammed Al-Hindi, négociateur politique en chef du JIP, a déclaré que la proposition de Trump comporte deux parties distinctes que les négociateurs palestiniens doivent traiter séparément. Le premier concerne la guerre en cours, les conditions d'un cessez-le-feu, l'échange de prisonniers et le retrait des forces israéliennes de la bande de Gaza. Selon lui, le Hamas et le JIP ont le pouvoir de négocier ces conditions, car ce sont eux qui se trouvent en première ligne.
"La résistance palestinienne apportera quelques modifications à ce sujet, car dès le départ, nous avons dit que la résistance n'oppose aucune objection à un accord global prévoyant la libération de tous les prisonniers détenus par la résistance, en échange de la fin des agressions et du retrait de l'armée israélienne",
a déclaré Al-Hindi lors d'une interview à la chaîne Al-Araby. Parmi les questions qui, selon lui, doivent faire l'objet de négociations, figurent les garanties qu'Israël retirera complètement ses troupes et ne reprendra pas le génocide, ainsi que les modalités de la libération des Palestiniens détenus par Israël.
Le deuxième volet de la proposition de Trump, a-t-il déclaré, introduit des concepts radicaux qui, s'ils étaient mis en œuvre, modifieraient à jamais le cours de la lutte pour la création d'un État palestinien et l'autodétermination. Selon lui, le Hamas et le JIP ne sont pas habilités à conclure seuls des accords au nom de tous les Palestiniens.
"Les questions nationales générales concernent l'ensemble de la patrie palestinienne. Nul ne peut décider seul du projet national palestinien, pas même le Hamas ou le Jihad", a déclaré Al-Hindi. "L'avenir de la gouvernance à Gaza et en Cisjordanie, par exemple, concerne tous les Palestiniens et nous ne sommes pas habilités à en décider seuls. Ces questions nécessitent des consultations plus larges. Ce qui figure dans le document constitue une attaque contre le projet de libération nationale palestinien et revient à accorder un mandat aux États-Unis en faveur d'Israël".
Concernant plus spécifiquement Gaza, le plan de Trump permet à l'armée israélienne de rester indéfiniment retranchée dans la bande de Gaza, et conditionne l'acheminement de la nourriture, des médicaments et des produits de première nécessité à un système nébuleux de vérification du désarmement des groupes de résistance palestiniens. Il prévoit également la mise en place d'une autorité étrangère chargée de superviser le fonctionnement de Gaza, avec le déploiement d'une force armée internationale. Le plan impose également au Hamas de libérer tous les prisonniers israéliens détenus à Gaza avant que les Palestiniens ne soient libérés. Cette proposition n'offre cependant aucune garantie quant au respect de l'accord par Israël, et le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré lundi qu'Israël n'a pas l'intention de se retirer entièrement de Gaza.
Si les responsables du Hamas et d'autres groupes ont clairement exprimé leur opposition aux termes du plan, aucune de ces déclarations ne constitue pour l'instant une réponse officielle. Le Hamas subit une pression énorme de la part de la population de Gaza pour négocier la fin du génocide, des bombardements incessants, des déplacements forcés et de la campagne de famine massive. Plusieurs responsables du Hamas ont déclaré à Drop Site au cours des derniers mois que le groupe est conscient que toute décision visant à mettre fin au génocide aura un impact non seulement sur le Hamas, mais aussi sur l'avenir de la cause palestinienne dans son ensemble.
Nazzal a ajouté que la guerre génocidaire menée par Israël à Gaza et les attaques perpétrées contre les pays de la région au cours des deux dernières années sont un avertissement funeste pour toutes les nations arabes.
"En tant que peuple palestinien, partie intégrante de la région arabe et islamique, nous devons coexister avec la réalité arabe et islamique. Nous devons approfondir nos liens avec les régimes arabes, maintenir le dialogue avec eux et les convaincre que le projet sioniste les met en danger", a-t-il déclaré.
Nazzal a cité les déclarations de Netanyahu lors d'une interview télévisée israélienne en août, où il affirmait être engagé dans une "mission historique et spirituelle" et se sentir "profondément" investi dans le concept d'un Grand Israël et de la Terre promise.
"Netanyahu a proposé le projet du Grand Israël, et ce projet est dangereux. Par"Grand Israël", il entend l'Égypte, la Jordanie et la Syrie. Regardez l'agression en cours contre la Syrie, alors que celle-ci n'a rien à se reprocher depuis l'arrivée au pouvoir du nouveau régime. Regardez l'agression contre le Liban", a ajouté Nazzal. "Le projet sioniste représente un danger non seulement pour les Palestiniens, mais pour toute la région. Cela implique que les régimes arabes changent de politique, qu'ils abordent le projet sioniste avec scepticisme et inquiétude, et qu'ils se mobilisent pour s'y opposer".
Traduit par Spirit of Free Speech