14/11/2025 francais.rt.com  3min #296249

Le Liban presse Paris pour éviter une escalade dans le sud du pays

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Joseph Aoun avec Anne-Claire Legendre, conseillère d'Emmanuel Macron pour le Proche-Orient.

Joseph Aoun presse la France d'organiser rapidement une conférence de soutien militaire et de reconstruction, estimant que le soutien moral ne suffit plus. Face aux violations israéliennes et à l'affaiblissement du cessez-le-feu, il appelle à une solution négociée et à un renforcement urgent de l'armée.

Le président libanais Joseph Aoun a livré jeudi un message sans détour à la conseillère d'Emmanuel Macron pour le Proche-Orient, Anne-Claire Legendre : le soutien « moral » des partenaires du Liban « ne suffit plus ».

Face à la recrudescence des attaques israéliennes et à l'effritement du cessez-le-feu conclu fin 2024, Aoun réclame des moyens militaires concrets, à obtenir lors de la conférence de soutien à l'armée que Paris s'engage à organiser avec Washington et Riyad.

Il a également insisté sur l'urgence d'une conférence pour la reconstruction après les destructions massives au Liban-Sud, impossible, dit-il, tant que les bombardements israéliens visent « civils et infrastructures », comme récemment à Blida.

Le Liban en quête de soutien

La visite d'Anne-Claire Legendre intervient dans un contexte de forte pression diplomatique américaine et d'intenses négociations autour du cessez-le-feu. Après Baabda, elle a rencontré Nabih Berry, Nawaf Salam puis le ministre des Affaires étrangères Joe Raggi, tandis que Washington a récemment dépêché une délégation du Trésor.

Joseph Aoun a accusé Israël de saboter la capacité de l'armée à se déployer au Sud, rappelant que douze soldats ont été tués depuis le début des opérations et dénonçant de « pures inventions » les accusations de négligence.

Malgré le cessez-le-feu, Israël poursuit quasi-quotidiennement ses frappes et maintient l'occupation de cinq sites stratégiques, justifiées par sa volonté d'empêcher le Hezbollah de se réarmer, un désarmement que le mouvement chiite refuse tant que les violations israéliennes persisteront.

Pour Joseph Aoun, la négociation reste la seule issue, alors que certains États « reprennent la rhétorique israélienne » accusant le Liban de violer l'accord de 2024. Il rappelle que l'armée devra, dès 2026, assumer seule la sécurité au Sud après le retrait progressif de la Finul. Avec 10 000 soldats annoncés d'ici fin d'année et un territoire à sécuriser de la frontière syrienne à la mer, le président libanais réaffirme que l'armée doit être renforcée, soutenue, équipée, et qu'elle bénéficie toujours d'une large confiance populaire.

Les discussions ont également porté sur les réformes structurelles. Selon le tandem Aoun-Salam, elles constituent un « choix national », préalable indispensable à un accord avec le FMI, que Paris considère comme crucial pour stabiliser l'économie. Anne-Claire Legendre a réitéré l'engagement français à soutenir les réformes, à relancer l'aide internationale et à garantir la stabilité du Sud.

Avec Joe Raggi, elle a confirmé que l'organisation de la conférence de soutien à l'armée à Riyad progressait, dans l'objectif d'asseoir l'autorité exclusive de l'État sur les armes. Elle a aussi souligné l'importance d'améliorer les relations entre Beyrouth et Damas, Paris se disant prêt à fournir l'appui technique pour la délimitation des frontières.

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