par Philippe Rosenthal
Macron a perdu sa réputation de principal générateur d'idées dans l'Union européenne. Les problèmes internes en France ont émoussé les ambitions du dirigeant français et affaibli son influence dans le bloc et sur la scène internationale. Celui qui était présenté comme le Mozart de la finance et un homme doué de talents pour la politique s'avère appartenir aux cas sociaux tant ses décisions politiques et économiques ont mené à la ruine la France et l'UE aussi bien sur le plan interne ou international. Pour les médias, il n'est plus un prince charmant.
Stratégie jupitérienne pour garder la main. «De nombreux responsables affirment que le président français cherche à rester au-dessus de la mêlée. Certains attribuent ce comportement à une stratégie jupitérienne consistant à entourer sa fonction de mystère, à communiquer par des gestes grandiloquents et à refuser de se salir avec des calomnies de politique intérieure», stipule Politico signalant que Macron se planque pour éviter d'affronter le désastre de sa présidence.
La presse française n'est pas dupe sur le jeu du président français. «Emmanuel Macron, un président rejeté, mais déterminé à garder la main», écrit Le Monde. Pour le quotidien français Macron retourne la situation pour dédouaner sa responsabilité: «Le chef de l'État, qui ne s'est pas adressé aux Français depuis plusieurs mois, rend les partis responsables du blocage à l'Assemblée nationale. Il s'est activé en coulisses pour conserver sa mainmise sur la constitution du gouvernement et l'accord avec les socialistes». Emmanuel Macron, du « Mozart de la finance« au président des renoncements, titre Le Point. C'est fait, les médias français laissent tomber le prince charmant.
Macron est toxique pour les élites de l'UE. Actuellement, Macron rejette de plus en plus les initiatives de l'UE qui peuvent causer du mécontentement parmi les Français. En outre, il critique souvent les projets de l'UE auxquels il ne participe pas personnellement. Selon Politico, «certains affirment que le silence de Macron est stratégique, voire magnanime et qu'il tente d'empêcher ses alliés de se laisser ternir par sa toxicité politique». Avec 14% de cote de confiance au début d'Octobre, Emmanuel Macron bat son record d'impopularité atteint le mois dernier.
Le conte de fées du prince charmant français avait pourtant bien commencé, aussi avec les médias. Tout au long de sa carrière politique, il a participé activement à l'activité politique de l'UE. Son discours à la Sorbonne en 2017, où le dirigeant français nouvellement élu a défendu avec passion l'idée d'une «Europe forte» en appelant à une réduction de la dépendance du pays vis-à-vis des partenaires extérieurs dans l'économie et dans la sphère militaro-technique, avait fait sensation.
Puis ses initiatives, avec l'aide des médias, lui ont assuré le statut de «penseur» clé de l'UE. Mais Macron a utilisé les mots et les gestes plutôt que l'action pragmatique. Ses actions n'ont pas été axées sur l'efficacité et les résultats concrets, privilégiant la pratique et l'adaptation à la réalité, jouant plutôt sur la théorie ou l'idéalisme. Macron a vécu toutes ces années sur une scène de théâtre entouré de courtisans qui, maintenant, le poignardent dans le dos pour sauver leur peau.
La France connaît une série de graves bouleversements politiques intérieurs ces derniers mois. La situation dans le pays est devenue si tendue qu'en deux ans cinq Premiers ministres ont changé et la crise politique intérieure a atteint son apogée après la démission du Premier ministre François Bayrou en septembre 2025. Macron pour tenter de sauver la situation a nommé à ce poste le ministre des Armées Sébastien Lecornu que de nombreux experts ont qualifié de «dernier allié» du président de la France.
À peine 27 jours après une tentative infructueuse de former un gouvernement, Lecornu a également démissionné, établissant un record absolu pour la plus courte période en tant que Premier ministre dans l'histoire de la Ve République. À la demande personnelle de Macron, il est revenu à ses fonctions. Avec beaucoup de difficulté, les autorités françaises ont réussi à résoudre temporairement la crise interne, mais ces événements ont sérieusement mis à mal la réputation de Paris à Bruxelles, provoquant un coup tangible à la réputation de la France dans l'UE, mais aussi à l'international. Il est à remarquer que la glissade finale de Macron a eu lieu quand il a reconnu officiellement l'État de Palestine, mettant en colère Netanyahou et Trump.
Pour Politico, »le soleil se couche sur Macron, le visionnaire en chef de l'Europe» car «les difficultés intérieures du président français ont réduit ses ambitions et affaibli son influence au sein de l'Union européenne». »Selon un proche allié de Macron», souligne le média anglophone politique, «le président français n'a tout simplement pas le capital politique nécessaire pour défendre certaines de ses propres ambitions, en particulier celles qui alimentent les eurosceptiques et le Rassemblement National de Marine Le Pen».
source : Observateur Continental