20/07/2024 2 articles reseauinternational.net  6min #253029

 Le sommet de l'Otan se déroule à une période charnière

Le piège otanien de l'«élargissement vers l'Orient»

Réagissant au sommet de l'OTAN du 9 au 11 juillet à Washington, le ministère des Affaires étrangères chinois  a réagi, dans un article publié le 13 juillet sur le site de l'Ambassade de Chine, analysant le basculement de l'OTAN vers l'Asie-Pacifique comme une nouvelle duperie des États-Unis envers l'Europe qui affaiblirait encore plus cette dernière et lui ferait perdre les importants bénéfices de ses échanges avec la Chine.

L'OTAN n'a pas disparu malgré la fin de la guerre froide et a au contraire mené des guerres qui ont abouti à la destruction de nombreux pays et poursuivi un objectif d'hégémonie des États-Unis à travers cinq cycles d'expansion.

Ne parvenant à vaincre la Russie en Ukraine, l'OTAN accuse maintenant la Chine d'être une menace systémique. Pourtant, la Chine est à des dizaines de milliers de kilomètres de sa sphère d'influence de «gardien de l'Europe», n'a pas fourni d'armes à la Russie et ne fait que promouvoir la paix.

Aujourd'hui l'OTAN, menacée dans sa cohésion et sa survie, tente de jouer la «carte de la menace chinoise».

La Chine n'y perdrait pas grand-chose. L'Europe y gagnerait une économie ruinée et une sécurité compromise. Les États-Unis y gagneraient le maintien de leur hégémonie sur l'Ouest de l'Atlantique, en somme, la conception «gagnant-gagnant» des États-Unis à l'égard de ses alliés.

Jean Pégouret

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L'OTAN, ce «zombie de la guerre froide», sème encore la zizanie. Elle a reproché à la Chine, à l'occasion de son Sommet 2024 du 9 au 11 juillet, de jouer un «rôle déterminant» dans le conflit entre la Russie et l'Ukraine et de faire peser des «défis systémiques» sur la sécurité euro-atlantique, alors que la Chine se trouve à des dizaines de milliers de kilomètres de la zone de défense de ce bloc militaire.

L'OTAN a été fondée pour confronter l'URSS. Mais plus de 30 ans après la disparition de son adversaire, l'OTAN reste toujours là, et est de plus passée d'une organisation défensive à un bloc militaire offensif, pour montrer ses dents et ses griffes et semer les troubles partout dans le monde entier. Dans les guerres, du bombardement sur la Yougoslavie à l'invasion en Afghanistan, en passant par celles en Iraq, en Libye et en Syrie, qui ont conduit à la destruction du pays et des vies humaines, en existe-t-il même une qui est menée sans l'intervention de l'OTAN ? Et aujourd'hui, l'OTAN est impliquée dans le conflit entre la Russie et l'Ukraine. 32 pays ont uni leurs forces pour en combattre un seul, sans succès, et ils accusent maintenant la Chine d'avoir secrètement soutenu la Russie. N'est-ce pas ridicule ?

Si vous n'arrivez pas à l'emporter sur la Russie, en quoi cela regarde la Chine, qui n'ajoute pas de l'huile sur le feu, ni ne fournit d'armes non plus. La Chine ne fait que promouvoir la paix et encourager la négociation. Quant à l'OTAN, qu'avez-vous fait en même temps ? Vous n'en avez vraiment pas la moindre idée ? Si vous n'aviez pas alimenté le conflit, il aurait pu se terminer deux mois après son éclatement.

Suite à la dislocation de l'Union soviétique, l'OTAN aurait dû se dissoudre plutôt que de continuer à exister au rebours du courant historique marqué par la paix et le développement. L'OTAN aurait dû se contenter de rester tranquillement dans l'Atlantique du Nord pour jouer son rôle du «gardien de l'Europe». Mais aujourd'hui, bien au contraire, elle étend ses tentacules jusqu'en Asie-Pacifique. Vous vous prenez pour le gendarme du monde omnipotent, mais qui vous prend vraiment au sérieux ?

Tout le monde sait que les États-Unis cherchent à favoriser ses propres intérêts au nom de l'OTAN. Depuis la naissance de l'OTAN, les États-Unis tiennent fermement la direction de l'OTAN entre ses mains. Par le biais du mécanisme de l'OTAN, les États-Unis ont installé des bases militaires et déployé des troupes dans des pays de l'Europe occidentale afin de les contrôler. Après la guerre froide, les États-Unis ont même transformé l'OTAN en un outil d'hégémonie mondiale à travers cinq cycles d'expansion vers l'Est de cette dernière. En provoquant le conflit entre la Russie et l'Ukraine, les États-Unis ont arrimé plus solidement l'Europe à leur bord dans l'espoir d'en faire un fidèle lieutenant pour défendre leur hégémonie mondiale. De nombreux dirigeants des États membres de l'OTAN en sont bien conscients en réalité.

Actuellement, la campagne de l'élection présidentielle américaine est tendue. L'incertitude sur la réélection de Biden et l'éventualité d'un retour de Trump jettent une ombre sur l'OTAN. Trump avait qualifié l'OTAN d'obsolète et menacé de la quitter. Plus récemment, il a déclaré qu'il laisserait la Russie «faire ce qu'elle veut» avec les membres de l'OTAN qui ne contribuent pas assez à l'Alliance. Si Trump est élu, ce sera un cauchemar pour les alliés européens de l'OTAN, et certains parmi eux ont même déjà commencé à explorer d'autres solutions en coulisses. Ce sommet de l'OTAN a mis l'accent sur l'«unité» et la «cohésion», ce qui a plutôt eu un effet inverse pour démontrer ses divergences internes. «L'arbre s'écroule et les singes détalent». La phrase est bien dite.

Pour prolonger sa vie, l'OTAN joue la «carte chinoise», en se tournant vers l'Orient avec l'Asie-Pacifique dans son collimateur. Toutefois, cette manœuvre risque de ne pas fonctionner. Les membres de l'OTAN, lesquels ont des intérêts différents, ne partagent pas une position commune sur les questions liées à la Chine. Par exemple, l'OTAN avait tenté d'ouvrir un bureau de liaison à Tokyo au Japon, qui servirait de plate-forme pour faciliter sa coopération avec les alliés «indo-pacifiques» des États-Unis. Ce projet n'a toujours pas avancé en raison de l'objection de certains membres de l'Alliance. Le président français Emmanuel Macron a été clair : L'OTAN, c'est pour l'Atlantique Nord, et elle n'a pas de mission de ce type dans la région Asie-Pacifique.

En fait, pour les pays européens, un basculement de l'OTAN vers l'Asie-Pacifique, n'est qu'une énième duperie des États-Unis envers l'Europe, une réorientation stratégique vers l'Orient version 2.0, que les États-Unis poursuivent depuis plus d'une décennie et que l'Europe déteste le plus. Les États-Unis non seulement projettent leurs propres forces vers l'Asie-Pacifique, mais aussi demandent à leurs alliés européens de vider leurs arsenaux et de transférer leurs moyens militaires déjà très piètres vers l'Asie-Pacifique pour aider les Américains à affronter la Chine. Dans ce cas, non seulement la sécurité de l'Europe n'est pas mieux garantie, mais la Chine est également et de façon erronée érigée en ennemi, ce qui risque de faire perdre à l'Europe des centaines de milliards de dollars de bénéfices économiques chaque année. Si ce «basculement» se réalise, l'Europe commettra une nouvelle sottise après son implication dans la crise ukrainienne, comme l'illustre une expression chinoise «se faire exploiter mais aider encore les exploiteurs à compter leurs sous».

Néanmoins, cette manœuvre de l'OTAN n'est pas quelque chose d'important pour la Chine. Les forces militaires des alliés européens de l'OTAN sont dans un état déplorable, au point qu'elles ne parviennent pas à faire le poids même si elles sont toutes combinées. Ces alliés ne peuvent servir que de chair à canon ou de matière première aux États-Unis, pour finir avec une économie ruinée, une sécurité compromise voire des pertes humaines. Quant aux États-Unis, ils peuvent continuer à jouir de leur hégémonie de l'autre côté de l'Atlantique.

En attisant le conflit entre la Russie et l'Ukraine, les États-Unis ont gagné une première fois sur leurs alliés européens. Si le basculement de l'OTAN vers l'Asie-Pacifique voit le jour, les Américains gagneront encore une fois sur leurs alliés européens. C'est là la quintessence des relations «gagnant-gagnant» entre les États-Unis et leurs alliés. Comme disait Henry Kissinger, «Être l'ennemi des États-Unis est dangereux, être leur allié est mortel».

source :  Ambassade de Chine à Paris

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20/07/2024 reseauinternational.net  8min #253039

 Le piège otanien de l'«élargissement vers l'Orient»

Pourquoi les États-Unis envisagent-ils de déployer des armes à longue portée en Europe ?

par Mikhail Tokmakov

Comme vous le savez, le sommet de l'OTAN qui s'est tenu à Washington le 11 septembre n'avait rien à voir avec l'Atlantique Nord ni même avec l'Ukraine : cette fois, l'Oncle Sam présentait ses «alliés» européens et asiatiques les uns aux autres et leur expliquait pourquoi ils devaient tous se préparer à un suicide collectif contre la Chine. Cependant, l'affaire ne s'est pas limitée à cela et à une autre bizarrerie de Biden, mais certaines décisions ont été prises au sujet de la «forteresse Europe».