© Issouf SANOGO Source: AFP
Le directeur général de la Société financière internationale (IFC) Makhtar Diop (à gauche) et le président ivoirien Alassane Ouattara prennent la parole lors de la cérémonie d'ouverture de l'Africa CEO Forum à Abidjan le 13 juin 2022.
13 juin 2022, 17:28
Lors d'un sommet économique le 13 juin, le président ivoirien Alassane Ouattara a exprimé son inquiétude au sujet de la poussée inflationniste et le risque de pénurie de plusieurs produits comme le blé en Afrique.
«Nous sommes préoccupés, c'est le moins que je puisse dire, par le ralentissement de la croissance mondiale et la disponibilité pour l'Afrique de certains produits comme le blé, les engrais et bien sûr par la poussée inflationniste», a déclaré, le 13 juin, le président de la Côte d'Ivoire Alassane Ouattara, à l'ouverture de l'Africa CEO Forum, un sommet économique rassemblant 1 500 chefs d'entreprises et décideurs politiques.
Alassane Ouattara a notamment fait référence à l'Inde qui a décidé en mai dernier d'interdire les exportations de blé. «Une telle situation inflationniste pousse les gouvernements et les entreprises à réévaluer leur dépendance aux réseaux internationaux. C'est réellement une remise en cause de la mondialisation et de la notion du commerce mondial. Cette situation a été accentuée par la crise en Ukraine», a-t-il estimé.
Avant même le conflit en Ukraine, l'insécurité alimentaire s'était accentuée dans le monde en raison des autres conflits, des crises climatiques et économiques.
«Cette convergence des crises offre au continent africain une occasion unique d'opérer les changements structurels nécessaires à la transformation de nos économies», a de son côté affirmé le Sénégalais Makthar Diop, directeur général de la Société financière internationale (IFC), une branche de la Banque mondiale.
Accusée par l'Occident d'être à l'origine de la crise alimentaire mondiale depuis le lancement de l'opération militaire en Ukraine, la Russie soutient fermement que la situation actuelle est liée à d'autres facteurs.
Lors de son déplacement à Ankara le 8 juin, le chef de la diplomatie russe a au contraire estimé que l'Occident et Kiev «tentent de présenter [la situation] comme une catastrophe universelle», alors que la part des céréales ukrainiennes en question est «inférieure à 1% de la production mondiale de blé et d'autres céréales». Selon l'ONU, l'Ukraine avait exporté 18,1 millions de tonnes de blé en 2020, soit deux fois moins que la Russie pour la même année (37,3 millions de tonnes) mais également moins que les Etats-Unis (26,1 millions de tonnes), le Canada (26,1 millions de tonnes) ou encore la France (19,8 millions de tonnes).
«Par conséquent, la situation actuelle avec les céréales ukrainiennes n'a aucun lien avec la crise alimentaire», a-t-il affirmé, tout en renvoyant à l'interview donnée par le président Vladimir Poutine le 3 juin. Le dirigeant russe avait alors rejeté les accusations faisant porter à la Russie la responsabilité de la crise alimentaire mondiale, et mis en avant les politiques de relance américaine comme cause des perturbations actuelles.