05/04/2024 dedefensa.org  4min #246261

 Alexandre Douguine: Construire l'ère nouvelle

Le regard de l'aigle

• Alexandre Douguine regarde l'avenir et s'abstient de philosopher pour accepter l'entrée dans l'inconnu, tout simplement. • Le regard de l'aigle sert à voir que tout de l'avenir échappe au regard de l'aigle.

Encore et toujours Alexandre Douguine. Nous nous trouvons tellement en accord avec lui sur certains sujets fondamentaux où les spécificités terrestres comptent peu que tout se passe comme s'il n'était pas Russe et que nous étions à peine Français... En effet, que dire d'un Russe si russe et pourtant aussi peu arrogant, aussi peu chauvin, aussi peu "cocardier", - puisqu'allant jusqu'à écrire, exactement, pour faire de la Russie un humble instrument d'une « main invisible » et rien d'autre, - bien sûr contre la modernité folle, contre les aveugles conduits par Satan :

« La Russie s'est soudain trouvée en guerre contre tout cela. Sans le vouloir, sans le comprendre, sans s'y préparer, sans le calculer. Une main invisible a mis la Russie dans la position où elle se trouve aujourd'hui. Et maintenant, contre toute attente, nous allons devoir, - institutionnellement ! - répondre à tous les défis de la civilisation de l'Antéchrist... »

Si nous n'avions pas eu notre dégénérescence, partant de la Révolution pour aboutir à Sarko-Hollande-Macron, - et Macron-II couronné cerise sur le gâteau, - nous-mêmes aurions pu dire cela de la France qui aurait rencontré une circonstance lui permettant, la forçant à "tenir son rang". Cette "circonstance", c'eût été une manifestation de ce constat que fait Douguine, qui devrait pénétrer tous les esprits "éveillés" (les vrais 'Woke', pas le 'Woke' en toc-factice que le simulacre-fou voudrait nous vendre à la lumière artificielle du 'cauchemar climatisé').

« La religion, la théologie et surtout l'eschatologie, qui semblaient avoir été bannies à la périphérie depuis longtemps, mais qui pénètrent à nouveau tout, jusqu'à la vie de tous les jours. »

En un texte nerveux, tranchant, inhabituellement court pour un philosophe mais désormais courant pour le philosophe transformé en combattant antimoderne et résistant, Douguine trace les grandes lignes de la catastrophe qui, depuis la Renaissance s'est développée, dissimulée et discrète d'abord, puis de plus en plus déchaînée jusqu'à l'incendie grondant d'aujourd'hui, qui a transformé cette civilisation qui se jugeait grandiose en instrument sanglant de notre tuerie commune.

Il faut retenir ce passage, qui nous touche particulièrement, de cette manière symbolique qui va au cœur de la métahistoire, et sur lequel on reviendra avec un extrait d'un des nombreux 'Grâce de l'Histoire' de PhG. On y trouve justement cet argument qui nous semble symboliquement soutenir toute l'histoire de notre civilisation, et bien entendu, portes ouvertes sur sa chute après avoir franchi "les Colonnes d'Hercule", - le Russe a particulièrement bien compris "notre" histoire :

« Quand les choses ont-elles mal tourné ? L'ère des explorations. En dépassant la frontière interdite des colonnes d'Hercule, l'Europe occidentale a commis un acte de transgression irréversible. C'était fatal. La place de l'Atlantide est au fond.

» La seule explication généralisable qui couvrirait d'un seul coup tout le territoire des problèmes insolubles est la conclusion qu'il y a cinq cents ans, l'Europe occidentale a commencé à devenir systématiquement folle. Elle est devenue folle, elle a commencé à devenir folle, elle deviendra complètement folle à un moment ou à un autre. »

Que nous annonce Douguine, lui si disert en général sur les théories, sur les constructions géopolitiques et métaphysiques ? Justement, il fait montre d'une sagesse exemplaire que nous classerions aisément dans l' inconnaissance, elle justement (bis) qui prit son essor à la Renaissance, lorsque la connaissance scientifique moderniste, née de la raison-invertie qui venait d'envahir nos esprits, commença à nous investir, et donc à justifier ce caractère décisivement sacré de l'inconnaissance. Par conséquent, Alexander Douguine ne nous dit rien de ce qui nous attend sinon la nécessité où nous nous trouvons de "nous attendre à..."

« Surtout, l'homme cache ses péchés. C'est ce qui intéresse Big Brother. Il les enregistre et les laisse entrer quand c'est nécessaire. La techno-dépendance est l'outil le plus parfait du diable et de sa civilisation. Et nous nous réjouissons de la numérisation - nous aidons le diable à se gouverner lui-même. Mais que sont les océans de péché sinon un champ de folie ?

» Le cycle est presque achevé. Seul notre 'Opération Militaire Spéciale', désespérée, s'y oppose. Comment voulez-vous l'interpréter ? »

La simplicité même, qui nous ouvre les portes sur un avenir impossible à distinguer ni même à deviner. Mais une simplicité sans prétention, d'une netteté à couper le souffle, qui nous fait mesurer l'extraordinaire puissance de l'instant métahistorique que nous vivons.

(Le texte de Douguine est sur 'geopolitika.ru', et en traduction française sur 'Euro-synergies.hautefort.com'.)

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