06/08/2025 reseauinternational.net  8min #286418

 Trump menace l'Inde de tarifs douaniers plus lourds pour l'achat et la revente du pétrole russe

Le temps pour l'Inde de laisser de côté sa posture modérée vis-à-vis de l'Occident

par Mikhail Gamandiy-Egorov

Dans les événements en cours et les menaces multiformes qui émanent de la minorité planétaire occidentale, les nations de la multipolarité ayant privilégié jusqu'à présent une position modérée vis-à-vis de l'Occident devront certainement revoir leur approche. C'est notamment le cas de l'Inde.

Le quotidien chinois anglophone Global Times a consacré un article intéressant, citant plusieurs experts, sur  les récentes menaces du régime washingtonien d'imposer des tarifs supplémentaires à l'encontre des pays qui achètent le pétrole et les produits pétroliers russes. Parmi les principaux États visés se trouvent la Chine, l'Inde, la Türkiye ou encore le Brésil.

Pour rappel parmi les pays cités, la Chine comme l'Inde et le Brésil font partie avec la Russie du bloc des BRICS, le principal bloc géoéconomique de l'ère multipolaire moderne. Selon Global Times, l'Inde et le Brésil rejettent les demandes américaines de cesser leurs achats de pétrole russe se référant à des sources médiatiques, ce qui de l'avis des experts interrogés par le média chinois répond à des impératifs économiques et à une politique étrangère indépendante.

En effet, des sources indiennes ont déclaré qu'«il n'y aurait pas de changement immédiat» concernant les achats de pétrole russe, malgré la menace de sanctions américaines,  a rapporté Reuters samedi. Commentant cette décision, un expert chinois a déclaré que la décision de l'Inde répondait à une double considération : intérêts économiques et adhésion à une politique étrangère indépendante.

L'Inde continuera d'acheter du pétrole russe malgré les menaces de sanctions américaines, a rapporté Reuters, citant deux sources gouvernementales indiennes qui ont souhaité garder l'anonymat en raison du caractère sensible du sujet. Trump a déclaré la semaine dernière que, dans le cadre de sa dernière série de droits de douane, il imposerait une sanction non spécifiée à l'Inde, en plus d'un droit de douane de 25%, si le pays ne cessait pas ses importations de pétrole brut russe.

Vendredi, Trump a déclaré aux journalistes avoir entendu dire que l'Inde «n'achèterait plus de pétrole russe». Il a déclaré ne pas savoir si c'était exact ou non, mais a souligné que «c'était une bonne mesure». Cependant, des sources indiennes ont réfuté ces affirmations, déclarant qu'«il n'y aurait aucun changement immédiat», selon Reuters.

«Il s'agit de contrats pétroliers à long terme», a déclaré l'une des sources. «Il n'est pas si simple de cesser d'en acheter du jour au lendemain». Le New York Times  a cité deux hauts responsables indiens qui ont affirmé qu'il n'y avait eu aucun changement de politique. L'un d'eux a affirmé que le gouvernement n'avait «donné aucune instruction aux compagnies pétrolières» de réduire leurs importations en provenance de Russie, selon l'article.

Le Brésil avait également réagi récemment à l'exigence étasunienne de cesser ses importations de pétrole russe. Celso Amorim, conseiller spécial du président brésilien, a déclaré : « Nous nous opposons aux sanctions économiques en toutes circonstances, sauf autorisation du Conseil de sécurité de l'ONU».

Qian Feng, directeur du département de recherche de l'Institut national de stratégie de l'Université Tsinghua, a déclaré dimanche au Global Times que l'achat de pétrole russe par l'Inde reposait sur certaines considérations économiques et ne serait pas abandonné sous la pression américaine. Il a déclaré que l'Inde est un pays déficitaire en pétrole, et que le pétrole russe présente les avantages d'être rentable et de haute qualité, ce qui permet à l'Inde de sécuriser ses réserves pétrolières et de garantir solidement son développement économique.

Étant donné que le pétrole russe est moins cher et que les clients indiens bénéficieront de ces importations, l'Inde continuera d'importer du pétrole de Russie, a déclaré dimanche au Global Times Srikanth Kondapalli, professeur d'études chinoises à l'Université Jawaharlal Nehru. L'Inde a importé environ 1,75 million de barils par jour de pétrole russe de janvier à juin de cette année, soit une augmentation de 1% par rapport à l'année précédente. La Russie représente environ 35% des importations indiennes, selon Reuters.

Lu Xiang, chercheur à l'Académie chinoise des sciences sociales, a déclaré dimanche au Global Times que les décisions du Brésil et de l'Inde reflètent leur adhésion à une politique étrangère indépendante. «Les droits de douane de Trump ont infligé de lourds coups à diverses nations ; plutôt que d'attendre passivement le désastre, il est préférable de rester ferme pour atténuer les pertes», a déclaré Lü. Chaque pays a le droit de défendre ses intérêts légitimes, et le Brésil et l'Inde agissent selon ce principe, a-t-il souligné, ajoutant que l'administration Trump considère désormais les droits de douane comme une «panacée» à toutes les difficultés auxquelles elle est confrontée, mais que la réalité est toute autre.

De son côté, Srikanth Kondapalli a affirmé que des responsables et des commentateurs indiens ont également dénoncé les deux poids, deux mesures des États-Unis et de l'UE, qui continuent d'importer de l'uranium de Russie et à acheter du pétrole russe. Global Times note également que le Premier ministre indien Narendra Modi se retrouve sous pression aussi bien de la classe politique que des citoyens de son pays, mécontents du comportement étasunien à l'encontre de l'Inde.

Hu Zhiyong, professeur à l'Université d'études internationales du Zhejiang et chercheur à l'Institut des relations internationales de l'Académie des sciences sociales de Shanghai, pense que Modi cherche à apaiser les citoyens indiens, notamment en appelant à consommer massivement les produits fabriqués localement. Toujours selon Hu Zhiyong, l'objectif principal de Modi est de consolider le soutien de l'opinion publique en faisant preuve de résilience face aux pressions américaines, préparant ainsi le terrain pour les élections de l'année prochaine.

Pour Qian Feng quant à lui, si les États-Unis persistent à exercer une pression unilatérale sur l'Inde, cela pourrait inciter l'Inde à réévaluer sa politique étrangère et pourrait également pousser le pays à revenir à une politique d'équilibre entre les grandes puissances.

En termes de perspectives, les remarques des experts interrogés par Global Times sont indéniablement justes car elles mettent en avant la nécessité d'assumer pleinement sa souveraineté et les intérêts nationaux. Il faut bien rappeler qu'au-delà des nouvelles menaces d'imposer des tarifs supplémentaires, de-facto des sanctions unilatérales, à l'encontre des pays qui achètent le pétrole et les produits pétroliers russes, le régime washingtonien à travers Trump a également manqué de respect vis-à-vis de l'Inde et de son économie, la traitant de «mourante» avec celle de la Russie.

Il est bien connu que la culture générale n'est pas le point fort des représentants étasuniens, sachant que les économies indienne et russe sont respectivement troisième et quatrième économies mondiales en termes de PIB à parité du pouvoir d'achat (PIB-PPA), et que les USA qui pensent encore être superpuissants se trouvent à la deuxième place derrière la Chine - la Chine qui continue à renforcer son avance sur Washington. À l'heure où la RPC est indéniablement  le leader des échanges économico-commerciaux à l'échelle mondiale. Ceci étant dit, les citoyens indiens pourraient effectivement ne pas pardonner une position trop modérée des autorités de l'Inde face à l'arrogance extrême du régime étasunien.

De manière générale et au-delà du fait que dans le Top 4 des principales économies mondiales en termes de PIB-PPA, trois sont membres des BRICS (Chine, Inde, Russie), il faut également rappeler qu'au cours de ces quelques dernières années la Russie est devenue le deuxième fournisseur (tous produits confondus) de l'Inde. Devançant les régimes européistes bruxellois et Washington. Le principal fournisseur de l'Inde étant la Chine.

Ces approvisionnements en direction de l'Inde et en provenance de la Russie, contribuent largement à la croissance élevée de la République indienne. Quant aux menaces permanentes du régime washingtonien à imposer des sanctions tarifaires aux pays réellement indépendants, ledit régime doit garder en mémoire qu'il s'expose à son tour à des mesures restrictives sur de très grands marchés. Les mesures précédemment imposées par la République populaire de Chine à l'encontre des USA et en réponse aux actions unilatérales des derniers, n'en sont qu'une preuve supplémentaire.

À cela s'ajoute un autre point important : les puissances économiques mondiales de premier plan telles que la Chine et l'Inde, bien que misant beaucoup sur les exportations de leurs produits à l'échelle globale, misent largement aussi sur la consommation intérieure, sachant d'autant plus que les deux pays sont les deux principales puissances démographiques du monde. Une consommation intérieure qui  contribue également et grandement à leur croissance impressionnante.

Dans cette optique, le réveil sera difficile pour le régime washingtonien, les régimes occidentaux de manière générale, ainsi que tous les nostalgiques de l'unipolarité, qui pensent toujours être «exceptionnels», chose qu'ils n'ont jamais été, ne sont pas et ne seront pas. Pour ce qui est du cas plus particulier de l'Inde, bien que le pays soit clairement un partisan de l'ordre multipolaire international, le temps serait peut-être venu pour lui de revoir son approche vis-à-vis de la minorité planétaire occidentale, où New Delhi adopte une posture modérée à l'encontre des ennemis de la multipolarité. Et peut-être qu'il serait également temps pour l'Inde de suivre l'exemple de la coordination sino-russe en la matière. Cela sera très certainement dans son intérêt.

 Mikhail Gamandiy-Egorov

source :  Observateur Continental

 reseauinternational.net

newsnet 2025-08-06 #15031

c'est ça le piège
regardez les zeuropéens, ils ne pensent qu'en terme de guerre du soir au matin, ils sont conditionnés pour ça, ils n'ont aucune autre idée