Après avoir demandé 11 fois l'attribution d'un port sûr aux autorités compétentes, le Sea Watch 4 a finalement été autorisé à accoster au port sicilien d'Augusta vendredi 26 novembre. Le débarquement des 461 migrants secourus quelques jours plus tôt en Méditerranée par le navire humanitaire a pris plus de 48 heures.
"Les procédures sont très lentes", s'est alarmé samedi sur Twitter l'ONG allemande éponyme. "Depuis hier après-midi [vendredi, ndlr], seules deux femmes enceintes ont pu débarquer sur les 461 personnes (...) Après plus de huit jours en mer, les personnes secourues doivent être à terre", a-t-elle insisté. Les naufragés ont d'abord été testés au Covid-19 par les services italiens avant de pouvoir fouler le sol sicilien.
Le débarquement s'est poursuivi samedi, et concernait en priorité les urgences médicales et les proches, ainsi que les mineurs non-accompagnés. Mais dans la soirée, les autorités italiennes ont mis fin à l'opération, laissant des centaines de migrants à bord du navire humanitaire. "Parmi eux, des malades, des familles, des femmes, des hommes et des enfants qui ont passé plus d'une semaine en mer, dans le froid, sous la pluie. C'est honteux", a réagi Sea-Watch.
Ce n'est finalement que dimanche après-midi que les derniers exilés ont pu poser le pied sur la terre ferme.
Vendredi, quelques heures après avoir reçu l'autorisation d'accoster à Augusta, le Sea Watch 4 avait déclaré "l'état de nécessité" en raison du mauvais temps. L'Italie avait accepté que le navire humanitaire se mette à l'abri devant le port sicilien. "Les personnes à bord risquent l'hypothermie. Quatre d'entre elles ont perdu connaissance et sont prises en charge par l'équipe médicale", avait indiqué l'équipage. "Certaines personnes sont en mer depuis plus de 8 jours. Il y a des femmes enceintes, des mineurs non accompagnés et des jeunes enfants".
Le Sea Watch 4 avait porté secours à un total 482 exilés au large des côtes libyennes entre le 18 et le 22 novembre. Vingt et une personnes avaient été évacuées pour des raisons médicales.
À la date du 29 novembre, aucun navire humanitaire ne sillonne la zone de recherche et de sauvetage, au large des côtes libyennes.
La rédaction tient à rappeler que les navires humanitaires (Ocean Viking, Sea Watch, Mare Jonio...) sillonnent une partie très limitée de la mer Méditerranée. La présence de ces ONG est loin d'être une garantie de secours pour les migrants qui veulent tenter la traversée depuis les côtes africaines. Beaucoup d'embarcations passent inaperçues dans l'immensité de la mer. Beaucoup de canots sombrent aussi sans avoir été repérés. La Méditerranée reste aujourd'hui la route maritime la plus meurtrière au monde.