France-Soir
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Distribuer de l'argent public à ceux qui en gagnent illégalement ? Les Alpes-Maritimes disent stop. Depuis fin juin, les trafiquants de drogue condamnés dans le département verront leurs allocations familiales fondre, voire disparaître. Cette mesure, actée par un protocole entre la CAF, les parquets de Grasse et de Nice, la police et la gendarmerie, entend priver les trafiquants de la manne sociale qu'ils percevaient parallèlement à leurs revenus criminels.
C'est un coup de tournevis administratif, faute d'actions juridiques. « La lutte contre le narcotrafic doit être totale », insiste le maire de Cannes David Lisnard, soutien fervent de l'initiative. Elle s'appliquera dans toute la région, et vise aussi à recouvrer les sommes indûment versées. Selon Damien Savarzeix, procureur de la République de Grasse, l'objectif est d'« améliorer le recouvrement des sommes dues à la CAF » en croisant les fichiers et les condamnations. Une idée calquée sur l'expérience grenobloise, où 55 trafiquants ont vu leurs prestations sociales réduites ou supprimées depuis l'application du même principe.
Mais la portée de la mesure reste discutable. « Ce n'est pas ce qui va arrêter le trafic de stupéfiants demain ! » tempère Me Michèle Girot-Marc, bâtonnière du barreau de Grenoble, interrogée par France Info. Elle concède cependant un intérêt symbolique et financier : « Il n'y a pas de raison que des trafiquants puissent bénéficier aussi des allocations familiales. » Profiter du système tout en le gangrenant ne sera plus toléré, même si ce n'est qu'une pièce du puzzle sécuritaire.
La guerre contre la drogue ne se gagnera pas à coups de formulaires, mais priver les délinquants de la complicité passive de l'État social est, à tout le moins, une manière de reprendre la main.