"Les statistiques, c'est comme le bikini.
Ce qu'elles révèlent est suggestif.
Ce qu'elles dissimulent est essentiel."
Aaron Levenstein
La Suisse a reçu les JO de la jeunesse du 9 au 22 janvier 2020. La Chine qui alors connaissait son épidémie du Coronavirus y était représentée
Pourtant alors que les pays voisins connaissaient en janvier leurs premiers cas de contamination, les statistiques de l'épidémie en Suisse n'ont démarré que le 25 février, soit un mois plus tard!
Il faut préciser que les premiers cas signalés le 24 janvier en France par exemple étaient ceux de Chinois ayant séjourné à Wuhan. Quid de la délégation chinoise à Lausanne?
Où est la préconisation de la distance de 2 mètres alors qu'une épidémie fait rage, et que nous savions qu'avec le maintien des frontières ouvertes, la Suisse devait être tôt ou tard touchée?
Les trois premiers malades du Coronavirus en France sont recensés le 24 janvier 2020.En Italie, les 3 premiers remontent au 30 janvier 2020.
En Espagne, les 2 premiers cas sont notés le 31 janvier 2020.
En Allemagne 27 janvier 2020. Angleterre 2 cas le 31 janvier 2020. Suède, Russie le 31 janvier 2020. La Suisse annonce son premier cas le 25 février 2020 au Tessin fr.wikipedia.org
La Suisse aurait survécu durant plus d'un mois au milieu d'un environnement, ouvert à la planète, infesté par le virus sans en être atteinte. Vraiment?
Canton de Vaud. Voici l'exemple d'une personne de 45 ans environ dont les activités professionnelles se situent au niveau international, notamment avec l'Asie. Il est invité à se rendre autour du 20 Jan 2020 à Londres pour célébrer avec des partenaires (dont des Chinois) le Nouvel An chinois. Ne pouvant s'y rendre, il envoie sa collaboratrice. De retour, celle-ci toussait très fort.
Notre manager commence à se sentir mal à son tour une semaine plus tard. Dès le 2 Fevrier 2020, sa température passe à 40C, avec un état grippal. Le 05 Février 2020, il écrit à son médecin « Mon état s'est quelque peu empiré depuis hier:
- toux sèche et irritante
- poumons qui sifflent
- tremblements froids et fièvre
- malgré les nettoyages du nez, le mucus coule abondamment
- d'où une toux persistante et des courbatures nombreuses et maux de tête/nuque/dos/etc
- perte d'appétit, difficulté à boire »
Le 6 Fevrier son médecin constate par radio une pneumonie et un coeur anormalement grand. Diagnostic: sinusite, pneumonie avancée, état grippal général. On le renvoie chez lui avec un appareil respiratoire.
Les choses s'aggravent pour notre ami. Difficulté à respirer de plus en plus importante, la toux devient extrêmement agressive. Le médecin par téléphone lui dit de continuer le traitement en doublant la prise de cortisone. Un traitement qui semble pourtant déconseillé dans le cas d'une contamination au coronavirus.
Mais voilà, malgré une visite au CHUV, personne n'a eu l'idée de dépister ce patient. Et quand le 19 février, et que toute la famille est malade, dont une personne avec une bronchite aiguë, personne n'est dépisté!
Alors que nous sommes en pleine épidémie chinoise, avec les premiers diagnostics européens déjà tombés, comment cette famille a-t-elle pu passer entre les mailles du filet du dépistage?
Je vous avais expliqué que je connaissais des personnes en Suisse et en France qui avaient été en contact avec des personnes qui s'étaient révélées positives.
Une de ces personnes est vaudoise. Quand tout début mars, elle apprend qu'un de ses interlocuteurs donnait des signes de contamination, et comme elle avait eu elle-même de la fièvre et de la toux pendant 2-3 jours, elle s'est alors adressée illico à son médecin de famille. Celui-ci n'ayant pas de tests de dépistage, l'a orientée en urgence vers un centre hospitalier de triage (oui parce que l'OFSP refuse de remettre ces tests aux médecins de famille. Ils ont mis en place un système verrouillé fédéralo-fédéral). Là, après examen clinique minutieux, le médecin a dû appeler le médecin cantonal qui décide qui on teste.
Verdict: Pas de dépistage. « Vous n'avez rien. Un reste d'angine. » Vous pouvez rentrer chez vous et continuer vos activités normalement. Tout le monde fut bien surpris par ce genre de pratique, à commencer par le médecin traitant.
Quand aujourd'hui, le médecin cantonal vaudois Karim Boubaker nous dit: «Nous sommes dans une situation de pénurie de tests», nous lui demandons ce qu'il en était en février (personne n'était encore décalré) ou début mars (1 semaine après que le 1 er cas soit officiellement déclaré)
Compte tenu de la gravité du manquement, dont l'étendue est simplement impossible à évaluer, j'ai fait quelques recherches. Et voici un excellent topo que nous livre le journaliste Andy Maître le 22 janvier 2020 (cf article ci-dessous). Voici quelques extraits qui reflètent les positions des autorités sanitaires du moment, accompagnés de mes commentaires:
- « Avec le début du Nouvel an chinois vendredi, certaines familles chinoises vont se déplacer en Europe. L'OMS craint une augmentation du risque de propagation. » (entretemps, Vaud avait reçu les JO). Quelles mesures ont été mises en place dans le cadre des JO?
- Le conseiller fédéral Alain Berset a tout de même tenu à rassurer sur le dispositif suisse du suivi du coronavirus. «Nous sommes très bien préparés», a-t-il déclaré mercredi à Davos en marge du Forum économique mondial. Ah bon? Alors pourquoi ne pas avoir dépisté des personnes potentiellement porteuses du virus? Ainsi, les autorités sanitaires suisses ont mis en danger à la fois les patients et leur environnement, les transformant en autant de vecteurs de contamination potentiels!
lilianeheldkhawam.com
- Oui, un test de dépistage existe en Suisse. Ce sont les Hôpitaux Universitaires de Genève qui l'ont élaboré, a dévoilé la RTS mardi. «Le virus est identifié, on possède son code génétique en entier depuis une dizaine de jours», a expliqué Laurent Kaiser, responsable du service des maladies infectieuses et du centre des maladies virales émergentes, à la RTS. Et bien, manifestement les informations sont contradictoires. la vérité nous manque. Or, nous ne doutons pas une seule seconde du communiqué des HUG!
Quelques semaines plus tard
alors que les israéliens ont réussi à s'en procurer, tout comme le font les russes, émiratis, etc.
- Le risque de mourir du virus est très faible. Va falloir expliquer la chose à toutes les personnes décédées et qui vont décéder par refus crasse de les avoir dépistés au bon moment. Nous payons aujourd'hui pour ne pas avoir pratiqué la médecine dans les règles de l'art, mais dans les règles fédérales en tronquant une étape majeure qui est celle de l'état des lieux. Quand vous allez chez le médecin pour un contrôle, il commence par faire un bilan sanguin, radio ou autre. En revanche, quand vous êtes suspecté d'avoir le coronavirus, on vous prive de l'analyse alors que les produits existent à Genève!
- Doit-on éviter de se rendre en Chine? Non. L'attitude là aussi du fédéral dans cette affaire est inexplicable!
A ces constats difficiles à passer sous silence, il faut ajouter le manque de masques, de gel hydroalcoolique, etc.Notre personnel soignant est mis par volonté politique en situation de grand danger, voire de danger de mort, à cause de l'impréparation desdites autorités. Par ailleurs, tous ces médecins déjà atteints vont cruellement manquer dans un environnement où on a raboté les postes et mis une pression maximale sur les conditions de travail.
Un comble pour un Conseiller fédéral qui se disait préparé, prêt et serein. Il comptait peut-être sur sa Division des maladies transmissibles. Son site nous explique que ces dernières constituent une menace pour la santé publique, ce dont nous ne doutons pas!
Plus loin, on nous dit encore que la division Maladies transmissibles les surveille, publie régulièrement des rapports sur la situation épidémiologique, met au point des stratégies de prévention et de contrôle, édicte des directives, prépare des ordonnances et des lois et élabore des recommandations à l'intention du corps médical et de la population. On cherche les stratégies de prévention dans les deux cas cités ci-dessus, qui doivent en cacher plein d'autres. Combien d'autres cas n'ont pas été testés laissant croire que la Suisse n'était pas touchée par l'épidémie?
Nous sommes contraints de constater que la suite de la mission du département de M Daniel Koch est elle aussi estampillée d'un échec lamentable. Il est notamment dit: Elle vise ainsi, en collaborant avec les cantons, les autorités sanitaires internationales et d'autres partenaires, à protéger la santé publique des agents pathogènes, à identifier les risques à temps et à minimiser les effets des flambées et des épidémies de maladies transmissibles en Suisse.
Je suis au regret de supposer que l'identification des risques et autres minimisations des épidémies est un flop total. De plus, je peux supposer, avec un fort désir de me tromper, que les résultats vont s'aggraver au fil du temps, puisque les personnes infectées ont eu largement le temps durant ces deux mois d'en infecter un nombre que je n'ose imaginer. Les conséquences vont être totalement indignes du pays qui abrite les fleurons de la Pharma (y compris des PME du secteur), et totalement indignes des coûts des assurances maladies très certainement les plus chers au monde.
Dernière question. Les prises de position du professeur Raoult ne semblent pas émouvoir outre mesure nos amis de la Berne fédérale. Que proposent-ils d'autres? Comment sont soignés les cas avérés? (Cf le cas du manager ci-dessus) Le 20 mars, on nous dit que Vaud commence à tester le médicament antipaludique Plaquenil à certains patients. Genève pas encore. Et alors qu'attend-on pour donner un minimum de chances d'éviter éventuellement la dégradation dramatique vue plus haut?
Prenez le temps de lire cet article de la revue Nature:
dna.fr francais.rt.com
Différentes personnes du secteur médical ne comprennent pas ce comportement des autorités fédérales qui centralise tout et refuse de dérouler le processus de prise en charge médical habituel. Tester-Dépister-Traiter.
Pour ma part, je me pose la question du degré de dangerosité que cette stratégie représente pour la population. Nous sommes au mieux confrontés à une préparation hautement insuffisante, et au pire à la mise en danger de la population suisse dans son ensemble. Seules auraient des chances de survivre les personnes ne très bonne santé, plutôt jeunes. Qu'en conclure?
Une suite est exigible.
Je suppose que les personnes qui ont souffert d'une dégradation importante de leur état de santé alors que le virus n'a pas été détecté à temps seraient en droit d'être dédommagées par l'Etat. Un minimum.
Liliane Held-Khawam
Berne fait fi de la consigne fédérale
Malgré les critiques de certains experts appelant à des dépistages à large échelle, la Confédération tient à sa stratégie d'analyses ciblées. Pour ne pas surcharger le système de santé, seuls doivent être testés les patients présentant des symptômes aigus, les personnes à risque, les professionnels de la santé en contact direct avec les patients, le personnel des EMS.Le Canton de Berne veut ouvrir plus largement le champ des diagnostics. Il prévoit d'ajouter à la liste fédérale les personnes avec des symptômes «clairs», soit une toux et de la fièvre. Un dépistage de large échelle est «la meilleure réponse que nous pouvons
apporter à cette épidémie», a défendu jeudi le ministre bernois de la Santé, Pierre Alain Schnegg. Selon Gundekar Giebel, porte-parole du Département bernois de la santé, une nouvelle stratégie va être annoncée ces prochains jours pour permettre de tester «beaucoup plus de monde».Les Cantons peuvent-ils dévier ainsi de la consigne fédérale? La réponse de l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) n'est pas claire, mais il est évident que celui-ci n'apprécie guère qu'on dévie de ses recommandations. Les critères de tests doivent être «strictement» respectés, affirme une porte-parole, qui ajoute que les «mêmes lignes directrices valent pour tous les Cantons».
Les velléités bernoises s'attirent des critiques. Selon nos informations, des Cantons voudraient interpeller la Confédération pour lui demander de faire respecter les mêmes critères dans tout le pays.
Le coronavirus chinois se propage: 5 questions pour comprendre comment la Suisse se prépare. Andy Maître 22.01.2020
Le nouveau coronavirus a déjà contaminé près de 450 personnes en Chine et des cas ont été identifiés dans d'autres pays. Peut-il arriver en Suisse? Possède-t-on un test pour le dépister? Les aéroports suisses ont-ils pris des mesures spécifiques? On vous explique la situation actuelle en 5 points.
Le nouveau coronavirus apparu en Chine inquiète toute la planète. Pour l'heure, près de 450 personnes ont été touchées par le virus et 7 en sont décédées. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) va décider ce mercredi s'il constitue une «urgence de santé publique de portée internationale», comme l'avait été la grippe H1N1, le Virus Zika ou la fièvre Ebola.
Alors qu'un premier cas a été déclaré aux Etats-Unis et que le virus s'est propagé dans d'autres pays asiatiques, la Suisse est-elle prête à y faire face? On fait le point sur le sujet en 5 questions.
Le virus peut-il arriver en Suisse?
Il n'y a pas encore eu de cas confirmés de personnes contaminées par le virus en Europe et en Suisse. Le risque de voir le virus importé dans notre pays est «faible», selon un communiqué de l'Office fédéral de la santé publique publié mardi. L'OFSP se prépare toutefois avec ses partenaires à un tel scénario.
Avec le début du Nouvel an chinois vendredi, certaines familles chinoises vont se déplacer en Europe. L'OMS craint une augmentation du risque de propagation.
Le conseiller fédéral Alain Berset a tout de même tenu à rassurer sur le dispositif suisse du suivi du coronavirus. «Nous sommes très bien préparés», a-t-il déclaré mercredi à Davos en marge du Forum économique mondial.
La Suisse est-elle prête à le dépister?
Oui, un test de dépistage existe en Suisse. Ce sont les Hôpitaux Universitaires de Genève qui l'ont élaboré, a dévoilé la RTS mardi. «Le virus est identifié, on possède son code génétique en entier depuis une dizaine de jours», a expliqué Laurent Kaiser, responsable du service des maladies infectieuses et du centre des maladies virales émergentes, à la RTS.
L'examen, qui consiste en un simple frottis du fond de la gorge ou du nez, doit permettre d'identifier rapidement les malades lors de cas suspects. Comme il n'existe pas de vaccin ou d'antiviraux spécifiques contre ce nouveau virus, le but est de mieux prendre en charge les personnes contaminées.
Qui doit passer le test?
Pour l'heure, deux conditions doivent être réunies: avoir voyagé en Chine et présenter des symptômes «alarmants». C'est-à-dire des difficultés respiratoires, mais aussi de la fièvre, du rhume, de la toux ou des douleurs musculaires. Dans sa première phase, la maladie peut donc être confondue avec la grippe.
Le risque de mourir du virus est très faible. Les personnes qui possèdent des déficiences immunitaires ou des maladies chroniques sont plus à risque.
Nos aéroports ont-ils pris des mesures?
Les aéroports suisses n'ont pas encore pris de mesures spécifiques face au virus. Ils attendent les recommandations de l'OFSP. «La situation actuelle ne nécessite pas le déclenchement du plan d'urgence», a déclaré Madeleine Von Holzen, cheffe de la communication de Genève Aéroport, à Keystone-ATS. A Genève, il n'existe qu'un seul vol direct sur Pékin.
La situation dans les aéroports du pays pourrait néanmoins rapidement changer. Des pays, comme les Etats-Unis, ont renforcé les contrôles des passagers à l'arrivée, en isolant notamment les voyageurs qui viennent de Wuhan et présentent des symptômes respiratoires.
Doit-on éviter de se rendre en Chine?
Non. Même si de nombreuses régions sont touchées (Shanghai, Pékin, Guangdong...), l'OMS ne donne aucune restriction de voyage à appliquer pour la Chine.
Quelques précautions, données par l'OFSP, sont néanmoins à prendre si vous vous rendez en Asie: lavez-vous les mains régulièrement, éviter les marchés aux poissons et les contacts avec les animaux et consommez seulement des oeufs et de la viande bien cuits. Et, bien sûr, évitez le contact avec des personnes qui présentent des symptômes respiratoires car l'infection peut se transmettre d'une personne à l'autre.