01/12/2025 reseauinternational.net  14min #297718

Les banquiers centraux s'intéressent-ils encore aux États et à l'économie réelle? Quel fut le rôle de Georges Soros?

par Liliane Held-Khawam

Depuis début 2023, le financier et philanthrope hungaro-américain Soros est devenu une cible privilégiée de la rhétorique du BJP, qui l'accuse de financer l'opposition et de soutenir d'autres critiques de Modi dans le but de déstabiliser l'Inde. Ces accusations se sont intensifiées avant les élections législatives de 2024, lors desquelles le BJP, parti à majorité hindoue, a perdu sa majorité pour la première fois en dix ans, même s'il a conservé suffisamment de sièges pour former un gouvernement de coalition. Mais la campagne a atteint son paroxysme ces derniers jours, le BJP allant jusqu'à accuser le département d'État américain de collusion avec Soros pour discréditer Modi. Dans une série de publications datées du 5 décembre, le BJP a affirmé sur X que les dirigeants du Congrès, dont le chef de l'opposition Rahul Gandhi, avaient instrumentalisé le travail d'un groupe de journalistes d'investigation - financé en partie par la fondation Soros et le département d'État - pour attaquer le gouvernement Modi sur des questions économiques, sécuritaires et démocratiques. Le BJP a cité un article du média français Mediapart affirmant que les fondations Open Society de Soros et le Département d'État américain finançaient l'Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP). Le parti a ensuite mis en avant les révélations de l'OCCRP concernant l'utilisation présumée du logiciel espion Pegasus par le gouvernement Modi, les enquêtes sur les activités du groupe Adani et les rapports sur le déclin de la liberté religieuse en Inde, suggérant ainsi que Soros et l'administration Biden étaient en réalité à l'origine de cette couverture médiatique. «L'État profond avait pour objectif clair de déstabiliser l'Inde en ciblant le Premier ministre Modi», a déclaré un porte-parole du BJP lors d'une conférence de presse, ajoutant que « le Département d'État américain a toujours été derrière ce projet [et] l'OCCRP a servi d'instrument médiatique pour mettre en œuvre les desseins de l'État profond»  aljazeera.com

Planète finance a piégé le monde entier, États et citoyens, grâce à ses astuces et aux crises successives qu'elle a imposées à toutes et à tous. Elle est devenue le centre vital de toute activité économique, sociale, technologique, etc. Tout a été financiarisé, ce qui signifie que le pseudo-marché définit règles, règlements et lois, puis les impose l'humanité.

Tout cela a été rendu possible grâce la privatisation de la création monétaire, et à son corollaire immédiat qu'est la dette. Plus ils produisent de la monnaie pour satisfaire une croissance illimitée et plus ils fabriquent des dettes. L'un ne va pas sans l'autre. Les biens tangibles publics et privés doivent être gagés pour donner de la consistance à la fausse monnaie parfaitement illégitime ET illégale que nos banquiers centraux tolèrent.

Dans un 2ème temps, grâce à ce double seigneuriage inique, les PME et autres indépendants sont pénalisés par l'arrivée sauvage et massive de concurrents financiarisés mis en place par les détenteurs de la monnaie-dette. Aucun acteur économique ne peut régater contre ces dinosaures des temps modernes. En affaiblissant, voire en détruisant le tissu économique local, Planète finance a tout loisir de vampiriser les activités de l'économie réelle, mais aussi numérique (cf les gouvernements qui choisissent des acteurs de la BigTech internationale)

Ces dernières années, on a introduit grâce à Bâle III la notion de High Liquid Asset, Near Money ou Quasi-money, qui sont des actifs quasi liquides, aussi appelé quasi-monnaie. Il s'agit d'un actif non monétaire qui est très facilement et rapidement convertible en espèces, sans perte de valeur significative. Les exemples courants incluent les comptes d'épargne, les fonds du marché monétaire, les certificats de dépôt et les titres du Trésor gouvernemental à court terme. Contrairement aux actifs très liquides comme les espèces, ces actifs nécessitent une étape supplémentaire (comme un retrait ou une vente) pour être convertis en argent liquide, mais restent très proches de la monnaie 1 En voici quelques exemples:

  • Comptes d'épargne
  • Fonds du marché monétaire
  • Dépôts à terme bancaires (certificats de dépôt)
  • Titres du Trésor (tels que les bons du Trésor)
  • Obligations proches de leur échéance
  • Devises étrangères, notamment les devises les plus échangées comme le dollar américain, l'euro ou le yen
  • Certaines cryptomonnaies.

Cela nous amène à un thème que nous avions largement abordé qu'est cette thématique du ratio de High-Quality Liquid Assets que Bâle III (édicté par la BRI) avait imposée aux banques commerciales. Ces titres peuvent alors être déposés auprès de la banque centrale concernée. Le numérateur du rapport de couverture des liquidités (LCR) est le «stock d'actifs liquides de haute qualité (HQLA)». En vertu de la norme, les banques doivent détenir un stock de LQSA inutilisé pour couvrir le total des sorties de trésorerie nettes (telles que définies dans LCR40) sur une période de 30 jours dans le cadre du scénario de stress prescrit dans LCR20. Afin de se qualifier en tant que HQLA, les actifs doivent être liquides sur les marchés pendant une période de stress et, idéalement, être éligibles à la banque centrale. Les paragraphes suivants énoncent les caractéristiques que ces actifs devraient généralement posséder et les exigences opérationnelles qu'ils devraient satisfaire. 2

Nous avions relevé dans Dépossession que la stratégie du Quantitative easing ou celle du franc suisse fort incluait le ratio de HQLA.

«Tout l'enjeu de la haute finance est de durer, malgré les tempêtes. Pour cela, elle doit transformer son enrichissement - qui paraît infini - en système de gouvernance globale stable et durable. C'est précisément pour cette raison que la corporation bancaire - et ses alliés que sont les principaux gestionnaires d'actifs, vont partir à l'assaut de l'investissement partout dans le monde grâce aux capitaux de l'épargne.

Cette stratégie conquérante, pour ne pas dire hégémonique, ne peut toutefois se nourrir que de la richesse créée au niveau local. C'est là qu'interviennent les banquiers centraux, qui jouent un rôle d'interface entre les États et le marché de la haute finance. Ce sont eux qui vont permettre l'aspiration des richesses locales sous forme de HQLA (liquidités de belle qualité, et autres titres dits éligibles par une banque centrale) et leur transfert vers le circuit supranational. Ceci au prétexte d'une politique monétaire «accommodante» censée «stimuler l'économie », les fameux quantitative easing.»

Je vous laisse admirer l'évolution de certains indicateurs des bourses boostés par la stratégie de nos banquiers centraux. Le pire est que l'enrichissement de leurs bénéficiaires correspond à la captation des richesses locales et des capitaux de retraite. Ils laissent le peuple trimer pour rembourser avec leurs salaires les dettes colossales que leurs dirigeants politiques ont créées, et qui ne peuvent de toute façon jamais être remboursées dans leur totalité puisque la création monétaire bancaire ne crée pas les intérêts et autres frais de gestion.

Bruno Bertez, un des rares blogueurs francophones qui connait parfaitement bien les mécanismes, les produits et les techniques monétaires, rebondit ci-dessous sur l'analyse d'un financier du nom de Howell, qui fait état de l'évolution des marchés: Auparavant dominés par de grands fonds de pension et des compagnies d'assurance qui investissaient notre épargne selon des modèles de valorisation traditionnels, les marchés financiers sont désormais gérés par des acteurs à effet de levier, tels que les fonds spéculatifs, qui utilisent souvent des instruments dérivés à effet de levier.

Et là, le rôle d'influenceur de Georges Soros est incontestable. Selon Bruno, il y arrive par sa capacité à anticiper les évolutions du «marché». Cependant, voici une information cruciale qui a été livrée par Wikileaks et qui peut nous aider à démythifier le pseudo-génie du monsieur.

La famille Soros a construit son empire depuis l'enceinte de l'administration américaine. Georges Soros serait-il un membre de l'Etat profond américain? Mike Benz, un influenceur de haut niveau analyse les documents de Weakileaks dans son post sur X:

I Cracked The WikiLeaks Cables & Found The Soros Family Has Been Working With The US State Department For 50 Years  pic.twitter.com/Sv0c0T9MGe

- Mike Benz (@MikeBenzCyber)  November 24, 2025

«J'ai décrypté les câbles de WikiLeaks et découvert que la famille Soros collabore avec le département d'État américain depuis 50 ans »

M Soros soutenu par l'administration américaine. Quid de la responsabilité des attaques monétaires, financières et sociétales contre les Etats? Sont-elles le fait de la famille Soros et de leurs ONG ou

Vous pouvez constater que c'est Paul Volcker qui a préfacé le livre supposé expliquer une hypothétique « alchimie » présentée par l'auteur. La question est de savoir s'il faut être alchimiste pour être capable de gagner contre le Casino si vous êtes l'«ami» de la FED?

Le Grand Secret de la bourse, de la finance, de la monnaie ? L'Alchimie de Soros.

par Bruno Bertez

Quand on a coupé le lien organique entre le dollar et l'or on s'est donné les moyens d'émettre autant de liquidités et de dettes que l'on voulait, on a séparé les ombres monétaire, les signes monétaires, des corps de la richesse réelle, objective, en soi.

On a fait basculer la nature des monnaies, de reflet que quelque chose d'objectif on l'a transformée en outil, c'est à dire on l'a soumise aux besoins, aux désirs, à la subjectivité, aux caprices et aux biais des gnomes et des gouvernements.

Le pouvoir s'est inversé, il est venu d'en haut, il a cessé d'appartenir à l'en bas.

On a cessé comme on dit de «fight the Fed»

La monnaie a été instrumentalisée.

Ce que Soros a très bien compris et qu'il a exploité et expliqué en particulier dans son ouvrage l'Alchimie de la Finance.

Comme il a compris avant les autres, il les a tondus!

La libération de la monnaie mondiale, le dollar, ne pouvait rester sans conséquences sur les quasi monnaies que sont les actions, les fonds d'état et les obligations, elles aussi ont été libérées.

Un actif financier c'est une mutation du cash!

Quand vous écrivez S&P = 6000 vous n'écrivez rien d 'autre qu'une équivalence, vous tracez l'équivalence entre une part d 'indice S&P et 6 000 dollars, vous affirmez la monaieitude de l'actif que constitue le S&P.

Vous unifiez les deux champs, celui de la monnaie et celui de la finance et vous donnez aux gnomes et aux gouvernements un nouvel outil, cet outil est la possibilité de manipuler le marché financier, de le disjoindre du réel, de lui imposer vos volontés, vos anticipations, vos désirs, vos soi disant expertises, vos guidances.

L'unification des deux champs, le monétaire et le financier vous permet de construire un monde imaginaire qui peu à peu a sa logique propre et s'écarte, du monde réel c'est a dire qu'il n'est plus soumis aux cash flows intérieurs, à la solvabilité, à la profitabilité traditionnelles.

Un actif financier est de moins en moins un actif qui produit des cash flows d'exploitation, des dividendes et c'est de plus en plus un actif qui produit des plus values par les transactions qui se succèdent, y compris les buy backs, à des prix de plus en plus élevés. Bref vous créez un imaginaire bullaire, flottant simplement au gré de l'offre et de la demande, mais avec la particularité que vous pouvez alimenter la demande grâce à votre pouvoir monétaire, -quantité, taux, promesses -pouvoir qui équivaut à de l'air chaud soufflé dans les bulles.

Ce que l'on appelle le PUT c'est l'outil des gnomes, il fait partie de la politique monétaire, c'est ce qui leur permet, quand l'appétit pour le jeu faiblit, -qu'on appelle pudiquement appétit pour le risque,- quand l'appétit pour le jeu faiblit, de le relancer en trashant la monnaie, en abaissant son pouvoir d'achat financier, ce qui fait gonfler l'équivalence S&P = 6000.

Le PUT c'est l'outil qui garantit aux joueurs qu'ils pourront toujours vendre sans trop risquer de perdre.

Le PUT peut être utilisé de façon « choc » comme dans les périodes d'instabilité, ou de façon tranquille, soft étalée comme c'est le cas maintenant afin de produire un cycle qui a encore les apparences d'un cycle économique.

Nous sommes dans une de ces phases de jeu du PUT, phase intelligente qui étale le PUT, l'étire sur de nombreux mois afin de maintenir les joueurs dans le jeu.

Ces mutations ont progressivement distendu puis coupé le lien avec les valeurs fondamentales, les valeurs d'investissement.

Le monde des quasi monnaies s'est séparé du monde de l'économie réelle et il s'est intégré de plus en plus étroitement au monde de la monnaie dont il est devenu un compartiment avec des avatars déterminés, identifiés par: la maturité, le taux et le risque.

Les sous ensembles monétaires et financiers ont fusionné. Les quasi monnaies sont maintenant des avatars de la monnaie, des near-monnaies, dont ils ne se distinguent que par « le trio maturité, taux, risque » ou si on veut simplifier les quasi monnaies sont des bestioles monétaires auxquelles on a attaché un billet de loterie! La monnaie elle même est devenu un actif financier avec maturité zéro, taux nominal zero et taux réel négatif, volatilité nulle.

Bien entendu pour le peuple et les imbéciles des médias il subsiste un semblant de lien avec le réel sinon cela ne marcherait pas; il faut faire en sorte que le public regarde toujours ailleurs que là ou les choses se passent n'est ce pas, c'est le secret des illusionnistes!

Mais les plus belles récompenses sont quand on est loin du réel quand on se projette totalement dans l'imaginaire avec des prévisions/promesses qui ne risquent pas d'être démenties dans le court terme. C'est pour cela que les manias sont essentielles, indispensables dans le système; il faut des segments, des classes d'actif entièrement libérées de la pesanteur pour entrainer le système, maintenir son momentum. Il faut en plus entretenir l'intérêt, l'envie et l'avidité en montrant de gros gagnants.

D'ou l'utilité périodique des « locomotives »; les Telcos, l'IA, les Compagnies du Mississipi!

Il faut que que les gens croient encore que toute l'Alchimie financière a un rapport avec l'épargne, avec la production de richesses, avec le jeu boursier traditionnel à la Graham Dodd, mais c'est un leurre: il faut faire croire qu'en étudiant les journaux de paris hippiques on gagne au PMU!

D'ailleurs ce qui marche dans ce monde, c'est l'anti sélection et la passivité! C'est ce qui nie le lien avec l'économie et Grahham Dodd; ce qui marche c'est ce qui considère que le marché boursier le plus rentable est celui des indices, de l'anti sélection et de la non sélectivité. C'est celui qui ne joue qu'une chose; la production de monnaie, de crédit et dettes et qui a compris que tout était à sens unique sur le long terme.

C'est ce que j'essaie de faire comprendre depuis... mars 2009! Quand j'ai expliqué que l'on entrait dans l'Hotel California.

La Revolution de 1971 de la monnaie s'est transmise à l'univers financier et a provoqué la Revolution silencieuse de la finance.

A la faveur de ce silence les grands initiés que sont les banques et les TBTF se sont goinfrées sur le dos de la clientèle qui elle, n'avait pas compris le phénomène.

Mais peu à peu la clientèle a compris «qu'il n'y avait qu'à mettre» comme on dit vulgairement, et elle aussi en est arrivée à considérer que le marche boursier n'est qu'un jeu, un jeu biaisé, elle a commencé baiser les TBTF, à acheter les DIPS, à faire courir les vendeurs shorts etc etc, à jouer le momentum!

La clientèle a compris, sans en avoir une conscience claire, que ce qui était important c'est la monnaieitude des actifs financiers, c'est à dire leur lien avec les déficits payés par les dettes, leur lien avec le bulldozer monétaire à sens unique, leur lien avec la dissymétrie du système..

C'est de la dialectique à l'état pur!

Annexe à l'article de Bruno Bertez où il se réfère à Howell  Bruno Bertez

Dans cette récente interview, nous passons en revue notre cadre d'investissement, en explorant le rôle essentiel de la liquidité mondiale et l'importance de surveiller les marchés des pensions.

Pour rappel, considérons l'ampleur des changements survenus dans la finance mondiale ces dernières années. Auparavant dominés par de grands fonds de pension et des compagnies d'assurance qui investissaient notre épargne selon des modèles de valorisation traditionnels, les marchés financiers sont désormais gérés par des acteurs à effet de levier, tels que les fonds spéculatifs, qui utilisent souvent des instruments dérivés à effet de levier.

Les répartiteurs d'actifs ne pratiquent plus d'arbitrage entre obligations et actions, dans un cadre 60/40 actions/obligations. Les décisions, plus binaires, « risque actif/risque passif » sont déterminées par l'état du cycle de liquidité mondiale ainsi que par l'élasticité et la stabilité des marchés des pensions livrées.

Il n'est donc pas surprenant que l'investissement momentum semble fonctionner, car la liquidité mondiale évolue selon des cycles clairs.

 Liliane Held-Khawam

source :  Liliane Held-Khawam

  1. https://en.wikipedia.org/wiki/Near_money
  2.  bis.org

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