« Lorsque la spoliation est devenue le moyen d'existence d'un groupe d'hommes unis entre eux par le lien social, ils se font bientôt une loi qui la sanctionne, et une morale qui la glorifie. » Frédéric Bastiat (1801-1850), économiste français.
« Le gouvernement, qui est supposé servir le peuple, est tombé aux mains des patrons et de leurs représentants — des intérêts particuliers. Un empire invisible s'est érigé au-dessus des organes de la démocratie. » Woodrow Wilson (1856-1924), professeur américain, et le 28e président des États-Unis (1913-1921).
« Lorsque chaque pays mit l'accent sur la protection de ses propres intérêts particuliers, l'intérêt public mondial s'est effondré, et avec lui les intérêts particuliers de tous. » Charles Kindleberger (1910-2003), historien économique américain.
« Autant que je sache, ce président [Donald Trump] n'a qu'un seul point de référence et il est interne à lui-même. C'est très semblable à un parrain de la Cosa Nostra. » James B. Comey (1960-), ancien directeur du F.B.I. américain.
Dans le contexte conflictuel de la politique américaine, le pendule politique semble aller d'un chaos extrême à un autre, d'un gouvernement interventionniste, va-t'en-guerre et dépensier, dirigé par le président démocrate sortant Joe Biden et ses conseillers « néoconservateurs », à un gouvernement isolationniste, impérialiste et protectionniste sous la gouverne du président désigné Donald Trump sous l'étiquette républicaine et son slogan ultra-nationaliste de « l'Amérique d'abord ».
En effet, le programme politique de Donald Trump est radical, isolationniste et protectionniste, voire mercantiliste. Pour ce faire, ce dernier déclare vouloir mener une politique étrangère très cavalière, laquelle pourrait s'apparenter à un mélange de provocation, d'insultes, de chantage, de menaces coercitives et d'intimidation hégémonique envers les autres pays et leurs dirigeants.
C'est pourquoi les mois et années à venir risquent d'être politiquement et économiquement tumultueuses et possiblement chaotiques, non seulement aux États-Unis mais aussi dans le monde, alors que le président Donald Trump et son gouvernement mettront en application les nombreuses promesses faites pendant la campagne présidentielle étasunienne de 2024.
Le président désigné Donald Trump a complété la composition de son équipe avec des partisans fidèles et des alliés politiques, dont certains sont des clones de lui-même et quelques-uns même plus bellicistes et militaristes que lui-même. Son programme politique et ses nombreuses promesses sont en partie inspirés du programme d'extrême droite ‘Project 2025' de la fondation américaine Heritage.
Par conséquent, on peut plus facilement voir dans quelle direction la nouvelle administration ira au cours des mois et années à venir et d'en évaluer les conséquences économiques et financières probables qui devraient s'en suivre.
En réalité, il est possible qu'une nouvelle ère politique de ‘ Plutocrat Bullies' est en train de s'implanter aux États-Unis, laquelle pourrait faire pendant à l'ère des " Robber Barons", de 1861 à 1901.
En fait, cette nouvelle ère politique a effectivement débuté le 21 janvier 2010, lorsque la Cour suprême américaine, en vertu du principe selon lequel « dépenser de l'argent est une forme d'expression », a autorisé des groupes électoraux à accepter d'énormes dons monétaires et à dépenser des sommes pratiquement illimitées lors d'élections, (en autant qu'ils ne coordonnent pas directement leurs actions avec celles des candidats ou des partis politiques).
1- Le gouvernement Trump entend réduire les importations américaines, en haussant les droits de douane, en plus de mieux contrôler les frontières
Parmi ses premières mesures, le gouvernement républicain de Donald Trump entend hausser les droits de douane sur les produits de différents pays, de 10 % sur les importations de la plupart des pays à 60 % sur les importations chinoises, en plus d'encourager la production intérieure de pétrole et de gaz naturel.
[N. B. : Le président Trump a même fait miroiter l'idée de remplacer l'impôt sur les revenus des Américains par des droits de douane, bien que les chiffres ne soient pas à la hauteur d'un changement aussi radical !].
Trump prévoit également mieux contrôler les frontières et expulser un grand nombre d'immigrés sans papiers, en plus de réduire drastiquement les dépenses publiques dites « inutiles », déréglementer certaines pratiques commerciales et adopter une législation antitrust plus clémente. De plus, on peut s'attendre à ce qu'il veuille prolonger les réductions d'impôts déjà en place pour les particuliers et abaisser les taux d'imposition des sociétés de 21 % à 15 % pour les entreprises, le tout financé par une compression drastique anticipée dans la bureaucratie fédérale.
Certaines de ces mesures sont de nature à stimuler les dépenses d'investissement et la production intérieure, de même que l'emploi, du moins dans certains secteurs et pendant un certain temps, dans la foulée des réductions d'impôts, d'une substitution aux importations et d'une déréglementation. Cependant, d'autres mesures, telles que de sérieuses coupures dans les dépenses publiques et la possibilité d'une guerre commerciale auront l'effet contraire.
En effet, la politique budgétaire de l'administration Trump aura le défi d'équilibrer la baisse des impôts et la réduction des dépenses publiques, dans un budget global de 6 300 milliards de dollars, en 2024.
À court terme, cependant, le déficit budgétaire fédéral américain déjà très élevé (2 100 milliards de dollars, soit 7,4 % du PIB) et l'énorme dette publique fédérale américaine (36 200 milliards de dollars, soit 127 % du PIB) sont appelés à augmenter encore davantage.
Cela s'imposera d'autant plus que le service de la dette publique annuel du gouvernement américain (paiements d'intérêts et renouvellement des emprunts arrivés à l'échéance) dépasse aujourd'hui $1 000 milliards. La promesse de rendre permanentes les réductions passées de l'impôt sur les sociétés et sur le revenu des particuliers risque également d'accroître le déficit public et la dette publique.
La gestion de la dette publique étasunienne obligera le Trésor américain à émettre davantage d'obligations, ce qui exercera des pressions à la hausse sur les taux d'intérêt nominaux et réels (corrigés de l'inflation) à long terme et sur les coûts d'emprunt dans les années à venir. Cela pourrait également signifier que la Fed soit incitée à accroître son portefeuille d'obligations du Trésor, au risque de hausser l'inflation.
Cependant, les choses ne s'arrêteront pas là, car l'imposition de nouvelles taxes à l'importation exercera aussi une pression à la hausse sur les prix intérieurs, tandis que la déportation massive de travailleurs se trouvant en situation illégale aux États-Unis entraînera une hausse des salaires dans certains secteurs économiques. Tout cela pourrait persuader la Fed de ralentir pour de bon ses baisses anticipées des taux d'intérêt, par crainte de raviver l'inflation.
2- À court terme, on peut s'attendre à un certain accroissement de la production intérieure et une hausse de l'inflation aux États-Unis
L'impact initial global des mesures protectionnistes qui seront adoptées au cours des 100 premiers jours de la nouvelle administration étasunienne sera, en toute probabilité, inflationniste.
Les prix de nombreux biens et matériaux importés subiront une hausse. Selon certaines estimations, le coût annuel des nouveaux droits de douane de Donald Trump, pour un ménage américain moyen, devrait se situer entre 1 700 et 2 350 dollars.
En outre, les salaires dans certains secteurs augmenteront lorsque de nombreux travailleurs étrangers sans papiers seront expulsés. Une ruée vers le remplacement des importations nécessitera également de nouveaux investissements, ce qui exercera une pression additionnelle de la demande sur les prix et les coûts.
Pendant quelque temps, le dollar américain devrait s'apprécier par rapport aux autres devises, ce qui sera de nature de modérer quelque peu la hausse des prix à l'importation. En outre, des mesures visant à stimuler la production intérieure de pétrole et de gaz naturel permettront de réduire les prix de l'énergie.
Au fil du temps, à mesure que la production américaine de biens de substitution aux importations s'intensifiera, cela haussera l'offre et contribuera à ralentir l'inflation intérieure.
3- À moyen terme, des taxes à l'importation accrues réduiront les dépenses de consommation des ménages, tandis que les mesures de rétorsion commerciales de la part des autres pays feront chuter les exportations américaines
Les taxes prévues à l'importation auront pour effet d'abaisser le revenu réel disponible des ménages américains, ce qui ralentira leurs dépenses de consommation.
De même, les guerres commerciales avec les autres pays nuiront aux exportations américaines et à l'économie mondiale. —Tous les pays sortent perdants dans une guerre commerciale. —Un ralentissement de l'économie mondiale n'est pas dans l'intérêt de l'économie américaine, ni des autres économies exportatrices.
L'expérience de la Grande Dépression (1929-1939) nous le rappelle avec force. Ainsi, la loi américaine Smoot-Hawley de 1930, laquelle haussa les taxes à l'importation de quelque 20 %, provoqua une guerre commerciale internationale. De nombreux pays suivirent les États-Unis et adoptèrent des politiques commerciales de type « chacun pour soi ». Le commerce mondial se contracta et il s'en suivit un ralentissement généralisé de l'économie mondiale.
Une politique commerciale mercantiliste peut-elle se reproduire de nos jours avec les mêmes effets ? En d'autres termes, est-ce que le résultat net de telles politiques unilatérales de relance pourrait avoir un effet expansionniste aux États-Unis, dans un premier temps, et être suivi par un ralentissement de l'économie mondiale et par une chute des exportations étasuniennes ?
4- Les erreurs de raisonnement économique de Trump
Donald Trump semble avoir des connaissances insuffisantes en matière de finance internationale. Il soutient à tort, par exemple, qu'un pays est nécessairement « perdant » lorsque son commerce extérieur net de biens et services avec d'autres pays est déficitaire. C'est une conception erronée du monde réel, surtout lorsqu'il y a des mouvements nets de capitaux financiers entre les pays.
En effet, un pays peut attirer des capitaux en provenance de l'étranger. Un tel afflux net de capitaux financiers dans un pays renforce sa monnaie. Ce qui lui permet d'accroître ses importations. Un pays aura alors un excédent dans son compte capital mais un déficit dans sa balance courante (balance commerciale, paiements de transfert etc.). C'est la façon que le capital réel est transféré (sous forme de machines, de technologie ou d'autres biens) vers le pays destinataire.
L'inverse est aussi vrai.
Lorsqu'un pays enregistre une sortie nette de capitaux, sa monnaie tend à se déprécier et ce pays enregistrera un excédent commercial, avec plus d'exportations que d'importations de biens et services. Sa balance commerciale devient alors positive pour compenser la sortie nette de capitaux.
La balance des paiements globale de tout pays est constamment maintenue en équilibre par le jeu des prix et des taux de change entre les monnaies nationales, et c'est ainsi que des capitaux réels sont transférés d'un pays à l'autre. C'est une réalité élémentaire découlant de la comptabilité de la balance des paiements.
5- Le rôle spécial des États-Unis dans le système monétaire et financier international
À cause du dollar américain utilisé à travers le monde, les Etats-Unis sont dans une position particulière.
En effet, le dollar américain étant la principale monnaie pour les transactions internationales, il existe une demande structurelle pour cette devise venant de l'étranger. Les avoirs étrangers de dollars US et les avoirs financiers en dollars américains (obligations, actions, etc.) détenus par des étrangers constituent un afflux de capitaux vers les États-Unis, ce qui contribue à renforcer le dollar sur le marché des changes.
Cela permet aux États-Unis d'importer des biens et des services et de faire des dépenses à l'étranger de sorte que leurs importations excèdent la valeur de leurs exportations. Le résultat est un déficit dans leur balance commerciale.
(N. B. : Par exemple, le gouvernement américain dépense annuellement d'énormes sommes pour entretenir quelques 800 bases militaires à l'étranger, lesquelles sont en partie financées par les étrangers qui détiennent des avoirs en dollars américains.)
Par conséquent, il est quelque peu ironique que le président désigné Donald Trump déclare vouloir imposer des droits de douane de 100 % aux pays du BRICS, si ces derniers essaient de remplacer le dollar américain comme monnaie de réserve internationale !
Si les États-Unis souhaitaient avoir un excédent commercial permanent, ils devraient empêcher les résidents d'autres pays d'investir aux États-Unis. Plus précisément, ce dernier pays devrait décourager les étrangers de détenir des dollars US et d'investir dans les obligations ou les actions de compagnies américaines.
Les banques centrales étrangères ne devraient pas détenir de grandes quantités de dollars américains dans leurs réserves officielles. Tous ces investissements étrangers en dollars américains apparaissent comme un excédent dans le compte capital de la balance des paiements des États-Unis.
6- Le protectionnisme commercial et les guerres commerciales dans un contexte d'endettement public élevé
Un niveau d' endettement public record sévit présentement dans de nombreux pays, conséquence d'années d'excès budgétaires et financiers et résultat d'une politique « de dépense-d'emprunt-et de planche à billets ». C'est pourquoi, après quelques mois d'exubérance économique et financière aux États-Unis, une importante récession économique pourrait s'installer à demeure dans plusieurs économies occidentales, au cours des années à venir.
En effet, les conflits commerciaux qui se pointent à l'horizon et les mesures prévisibles de rétorsion de la part des autres pays sont de nature à nuire aux exportations américaines et pourraient contrebalancer toute expansion dans les industries américaines en position de profiter d'une substitution aux importations. Des contractions dans les dépenses publiques, afin de mieux contrôler les déficits budgétaires, seraient un autre facteur de ralentissement économique.
7- L'engouement spéculatif actuel pour les crypto-monnaies
Il faut également mentionner l'engouement spéculatif actuel pour les crypto-monnaies, un phénomène potentiellement inflationniste.
Les crypto-monnaies sont des monnaies numériques privées, lesquelles reposent sur une technologie de cryptage électronique et un réseau décentralisé d'ordinateurs qui en contrôle et en sécurise la production. [En 2008, une entité anonyme connue sous le pseudonyme de Satoshi Nakamoto a inventé un programme logiciel de création artificielle de richesse numérique. Ce fut la première et la plus connue des monnaies numériques basées sur la technologie blockchain et sécurisées par cryptographie, le bitcoin.]
Il existe de nombreuses crypto-monnaies ainsi appelées et elles ne sont soutenues par aucun gouvernement, ne sont réglementées par aucune banque centrale et ne repose sur aucun actif physique, tel que l'or. Leur existence est essentiellement virtuelle et leur valeur intrinsèque repose sur l'attrait spéculatif, à cause de la grande volatilité des prix, et le secret conféré à ceux qui les utilisent pour faire des transactions anonymes. Néanmoins, leur marché est en voie d'atteindre une valeur totale proche de 2 000 milliards de dollars !
Ces ‘avoirs' numériques privés ont reçu récemment le soutien du président désigné Donald Trump et de celui de quelques unes de ses nominations pro-cryptos. Elles sont très peu réglementées. L'ancien président de la ‘Securities and Exchange Commission', Gary Gensler, a déclaré au Congrès américain que l'ensemble de la classe des avoirs en crypto-monnaies est « en proie à la fraude, aux escroqueries et aux abus ».
8- Des perspectives financières et économiques incertaines
Tous les facteurs ci-haut mentionnés peuvent être source de difficultés économiques dans les années à venir. En effet, tous les éléments sont présents pour une tempête économique et financière parfaite, si on ajoute la convergence possible entre une crise monétaire, une crise fiscale et une crise financière. Il y a présentement trop de bulles spéculatives exubérantes pour que cela ne soit point préoccupant.
Leur effet conjugué pourrait résulter en une période de stagflation, soit une période de croissance économique lente, nulle ou négative dans un contexte de hausse des prix. Si une telle situation devait se produire, il n'est pas impossible qu'elle ne puisse se transformer en une sévère récession économique conjoncturelle, et même en une dépression économique structurelle prolongée.
De son côté, l'Organisation de coopération et de développement économiques ( OCDE) prévoit une croissance économique mondiale de 3,3 % pour l'année 2025. Cependant, il existe un grand risque de dégradation au cours des années à venir si d'importantes guerres commerciales et d'autres crises allaient éclater.
Conclusions
L'économie mondiale est plus économiquement multilatérale et interdépendante que jamais. Tenter de revenir à un passé unilatéral et isolationniste, comme le président désigné Donald Trump l'a promis à des électeurs américains réceptifs, non sans un brin de démagogie, pourrait être un pari risqué.
En effet, au niveau international, le second mandat présidentiel pour le magnat américain des affaires Donald Trump soulève des appréhensions, car la mise en œuvre de son programme pourrait déstabiliser et bouleverser gravement les relations économiques et financières internationales, notamment en ce qui concerne le commerce international et les mouvements de capitaux.
Si le président élu Trump devait aller de l'avant et recourir à des tactiques agressives pour obtenir des concessions unilatérales dans le commerce et dans d'autres domaines avec d'autres pays, cela pourrait détricoter le réseau complexe de relations commerciales et financières internationales entre les pays qui s'est construit depuis la Seconde Guerre mondiale.
De même, sur le plan intérieur, si l'administration Trump allait de l'avant avec son programme économique radical, l'économie américaine pourrait possiblement en bénéficier à court terme au détriment des autres économies. Cependant, cela entraînerait de lourds coûts économiques, financiers et politiques à moyen et long terme pour l'économie mondiale, mais aussi pour l'économie américaine.
Il peut sembler relativement facile de lancer des guerres commerciales pour des motifs politiques intérieurs, mais les conséquences économiques, financières, monétaires et de productivité nette à long terme peuvent être très perturbatrices. Comme l'a montré l'expérience mercantiliste des années 1930, de telles politiques commerciales introverties peuvent transformer une récession économique conjoncturelle en une véritable dépression économique.
A l'approche du 100e anniversaire de la grande crise financière de 1929, il serait peut-être prudent de tirer les leçons des erreurs du passé. Par exemple, ce n'est qu'un quart de siècle plus tard que le marché boursier américain put revenir à son niveau d'avant la crise, en 1954.
Entre-temps, la Grande Dépression de 1929-1939 a ouvert la voie à la Seconde Guerre mondiale (1939-1945) et aux désastres qui s'en sont suivis.
Rodrigue Tremblay
Image en vedette : Capture d'cran. Source : cryptopolitan.com
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Le Prof. Rodrigue Tremblay est professeur émérite d'économie à l'Université de Montréal et lauréat du Prix Richard-Arès pour le meilleur essai en 2018, La régression tranquille du Québec, 1980-2018, (Fides). Il est titulaire d'un doctorat en finance internationale de l'Université Stanford.
On peut le contacter à l'adresse suivante : email protected
Il est l'auteur du livre de géopolitique Le nouvel empire américain et du livre de moralité Le Code pour une éthique globale, de même que de son dernier livre publié par les Éditions Fides et intitulé La régression tranquille du Québec, 1980-2018.
Site internet de l'auteur : rodriguetremblay.blogspot.com
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