par Mohamed Ghermaoui
Le monde d'aujourd'hui, qu'on le veuille ou non, est traversé par d'énormes confusions, malentendus et angles sombres pour ne pas dire noirs. Pour les avertis, plusieurs interrogations se posent. Rare où on a des réponses claires et convaincantes. En voici quelques-unes.
- Pourquoi le monde observe quotidiennement les massacres en Palestine et au Liban indifféremment sans aucune réaction ?
- Pourquoi la plupart des responsables des pays occidentaux et en particulier européens vont à l'encontre de leurs intérêts nationaux ?
- Pourquoi les responsables de la plupart des pays occidentaux prône délibérément un double langage, un langage à géométrie variable (deux poids deux mesures) à tel point qu'ils frisent la schizophrénie ?
- Pourquoi le monde ou plutôt ceux qui gouvernent le monde vont à l'encontre de l'éthique et de la morale, voire même à l'encontre de tout ce qui est naturel et inné (le wokisme, la transhumance, le transgenrisme etc.) ?
- La liste est très longue.
Il y a tout lieu de croire que les fondements et les causes de toutes les manifestations de ce qui caractérise l'aujourd'hui sont à éplucher et à scruter dans le passé lointain. En langage de stratèges, on ne peut bâtir l'avenir, loin de toute prophétie et fatalité, que si l'on comprend bien le déroulement du processus depuis ses premières esquisses.
Nous assistons aujourd'hui à une constellation d'événements qu'on arrive très mal à assimiler et à appréhender. Et là, je fais allusion bien sûr aux rares personnes qui essaient de comprendre et se permettent de poser des questionnements, les gens plus ou moins libres d'esprit, non corrompus, non conformistes et indépendants. Je ne parle pas des personnes qui (malheureusement très majoritaires) sont emportés par une gigantesque vague qui vient des profonds océans, les emportant et les renfermant dans un monde virtuel et clairsemé. Un monde où les esprits sont drogués et pétrifiés. Un monde où les crânes sont figés et vitrifiés.
Rien n'est dû au hasard. Tout a été planifié pour nous ramener/induire à cette embarrassante et regrettable situation. J'avoue à priori que l'équation n'est pas simple à résoudre et l'écheveau est très difficile à démêler. Mais, je pense qu'on peut d'ores et déjà avancer quelques bribes de réflexions pour essayer de comprendre.
Pour nous ramener à cette rive et pour nous plonger dans ce ravin/abîme l'Occident, à travers son cartel et ses mastodontes de la finance, a compris très tôt qu'il faut prendre en otage les esprits des citoyens et les manipuler soigneusement en vue de changer leurs repères habituels. C'est ce qu'on appelle la guerre cognitive. En quoi consiste cette guerre ?
La guerre cognitive consiste essentiellement à collecter toutes les informations concernant l'espace de vie de tout un chacun pour pouvoir ainsi dresser un profil psychologique (PP) de chaque personne. Le but ultime est de chercher à changer significativement son comportement et ses perceptions. À ce niveau, il n'est pas nécessaire de rappeler que l'instrument déterminant, efficace et approprié à cet effet n'est autre que «l'espace médiatique et artistique», et à travers toutes ses composantes. La clé de voûte ou l'appel d'Ali Baba, c'est de ranger tous les intervenants dans votre rang. Il est très facile de deviner comment. La rémunération alléchante et tentante ou l'intimidation, les menaces, la rétorsion et les représailles sont de mise à cet effet. C'est exactement ce qu'a fait ce consortium/cette congrégation de la finance, qu'on appelle généralement l'État profond et ça ne date pas d'aujourd'hui. Là, apparaît le rôle des valets émasculés.
Maintenant qu'on a compris qui et quel instrument, essayons de comprendre le comment de la chose. Lorsque l'on comprend que l'algorithme de l'État profond c'est d'arriver à changer les repères habituels des citoyens, l'instrument le plus pertinent, c'est de changer son stock informationnel. Le vider et le remplacer par d'autres repères, d'autres perceptions. De facto et par effet d'enchainement, le comportement va suivre. D'où LA DÉSINFORMATION. Tout ce qui est vrai devient faux et tout ce qui est faux devient vrai. Plusieurs techniques ont été astucieusement usées pour l'accomplissement de cette stratégie odieuse et ignoble, notamment les mensonges, les diversions, les manipulations, les inversions victimaires et j'en passe.
Et là, je vais me limiter à dix de ces catégories d'hyperboles que je juge les plus ignominieuses et innommables, tout en essayant bien sûr d'en expliquer les tenants et les aboutissants.
1. La démocratie
Depuis notre jeune âge, on a appris que la démocratie (antonyme des pouvoirs totalitaires et iniques), pour faire simple, est la gouvernance du peuple par le peuple lui-même (via bien sûr des représentants, notamment les partis politiques. Ce qui atteste à la fois de choisir/élire à nos convenances et en notre âme et conscience les personnes qui portent nos visions et qui sont prêts à les mettre en œuvre, sinon nous avons la possibilité de les évincer et de les déloger. Maintenant on comprend où certains d'entre nous comprennent que ce paradigme n'est qu'un leurre. L'État profond a la main mise sur tous les relais sociopolitiques à travers plusieurs mécanismes et du coup peut influencer facilement le sort des élections. L'institution des «Young Leaders» de prime abord.
2. La liberté
En fait la liberté nous a été servi dans un plat en or. On nous a fait miroiter tous les bien fondés de la liberté. Libre à nous de choisir notre religion. Libre à nous de nous exprimer. Libre à nous de nous évader. Libre à nous de rêver. Libre à nous de débrider et de laisser planer nos imaginaires et nos vocations, etc. Toutes ces plaidoiries ont été desservies sous la banderole qu'un esprit libre est un futur esprit créatif et sain, contrairement à un esprit bridé et mollusque. Encore un leurre. Tout a été conçu pour que les gens soient emportés par la force, à leur insu et par l'effet de l'impulsion de la masse. Et au cas où tu échappes aux mailles très fines du filet on te colle l'étiquette de complotiste et des fois même de dépravé ou déboussolé.
3. Les droits de l'Homme
La littérature sur les droits de l'Homme est foisonnante. Ça peut débuter du droit à l'information juste et crédible jusqu'au droit au minimum vital en passant par le droit de s'exprimer, le droit de manifester, le droit de voyager sans contraintes, etc. C'est encore un leurre. Tout cela est balayé par la réalité d'aujourd'hui. Il suffit juste de constater le nombre de prisonniers politiques partout dans le monde.
4. L'aide au développement
Parmi les mensonges les plus ridicules et les plus noirs de l'histoire, à mon humble avis, il y a l'aide au développement. Pour décorer et maquiller cette mise en scène bluffeuse et pour servir et accompagner cette manœuvre satanique, plusieurs structures ont été confectionnées, la Banque mondiale, le FMI, Breton Woods etc. Encore un leurre. Le résultat est tout à fait probant, dans le sens où dans les coulisses tout cet échafaudage, c'est pour empêcher à tout prix le développement des PSD en les enfonçant de plus en plus dans le précipice et l'abysse de la dette et de sucer de plus en plus leurs richesses. Le PAS est l'étendard de cette manipulation.
5. La paix
Assurer la paix dans le monde était le slogan soulevé et répété à tout moment et en toute circonstance par l'État profond. Encore un leurre. Une centaine de guerres ont été engagées par l'État profond depuis 1945, après la Seconde Guerre mondiale. Pour ne citer que les dernières en vue, celle du Vietnam, celle de Corée, celle de Yougoslavie, celle d'Irak, celle du Yémen, celle de Syrie, celle d'Afghanistan, celle de Palestine, celle du Liban, celle d'Ukraine, etc.
6. L'ordre mondial fondé sur les règles
L'État profond via ses larbins et pantins serviteurs de sa stratégie ont inventé énormément de concepts et de paradigmes pour justifier et instiller leur démarche. L'ordre mondial basé sur les règles a été le plus lumineux. Le justificatif est d'assurer un monde stable et harmonieux. Encore un leurre. Car c'est l'État profond qui décide et établit ces règles. Et celui qui ne les respecte pas, une liste prodigieuse de sanctions sera glissée sous la porte de son bureau.
7. Le terrorisme
Le qualificatif de terroristes chez l'État profond est très spécial. Au point où certains mouvements de résistance dans le monde sont qualifiés de terroristes. Lutter contre le terrorisme pour soi-disant garantir une certaine stabilité et sécurité dans le monde était le subterfuge pour servir d'autres causes malveillantes. C'est encore un leurre. Le concept de terrorisme a été inventé pour servir plusieurs facettes, dont essentiellement dénigrer l'islam et l'islamisme, servir d'arme pour intervenir dans plusieurs pays, créer le chaos dans certaines régions, se servir d'armes pour saboter certains régimes, etc.
8. La laïcité
Voilà encore un concept qui a été phagocyté par les penseurs stratèges de l'État profond pour semer le doute d'une part, mais surtout pour servir leur magnitude machiavélique. Pour l'État profond, l'importance de la laïcité réside dans l'apport substantiel de la séparation de la sphère religion de celle de la politique. Encore un leurre. L'État profond a toujours utilisé ce concept pour servir ses intérêts, notamment la marginalisation de certains groupes sociaux dissidents et mal intégrés.
9. La peur
Pour instiller la peur et la crainte chez la population et pour faciliter ses projets politiques, économiques et lucratifs, l'État profond a dépeint un ensemble d'entités de tous les maux et les défaillances possibles pour leur infliger et attribuer une image malveillante voire même dangereuse. Il s'agit particulièrement du communisme et de l'islamisme. D'autre part et sur un autre registre, l'État profond pour les mêmes raisons d'ailleurs a érigé prémonitoirement un ensemble de campagnes de communication et de propagande sur la dangerosité de certaines épidémies pour faire prévaloir un climat de peur et d'effroi. Encore un leurre. Ce ne sont en fait que des faux-fuyants et des manèges pour amasser plus de fortunes pour ces cartels.
10. La mondialisation
Les discours et la propagande des bien faits et des avantages de la mondialisation et du libre-échange ont saturé les plateformes de communication de l'État profond. Ce n'est que du blabla, un leurre. C'était plutôt pour pénétrer plus profondément dans les marchés extérieurs et pour faciliter la main mise sur l'ensemble de leurs économies. À cet effet, l'État profond a mis en place tous les mécanismes imaginables, particulièrement l'OMC, pour étaler sa manne et fructifier ses recettes et bien sûr celles de ses collaborateurs/laquais.
Le problème c'est qu'au nom de ces hyperboles néfastes et fastidieuses, des guerres ont été engagées, des crimes ont été commis, des innocents ont été massacrés, des démocraties ont été avortées, des économies ont été bousillées, des villes ont été ravagées, des civilisations ont été démolies, etc.
Lueur d'espoir
La réalité c'est qu'on ne peut rien faire face à cette donne, à cette configuration des faits. On est vraiment submergé par la forte pesanteur des mensonges de partout. Ils ont envahi tous les canaux de communication. En plus ils sont très fort. Ils utilisent toutes les techniques pour pénétrer notre vie quotidienne, voire même notre imaginaire. La neuroscience, la sociologie, la psychologie, et j'en passe, sont largement et utilement utilisées (la méthode heuristique, les raccourcis neurologiques, l'anfractuosité, la fragilité sociale, le biais cognitif, entre autres) pour servir leur guerre cognitive. On apprend par les experts de ces disciplines, qu'après avoir constitué une base de données très bien garnie sur chaque profil psychologique, ils concoctent des algorithmes idoines pour influencer notre comportement. Quoi de plus, on est devenu des robots pour eux. Face à ce rush, on se sent anéanti. On ne peut pas faire grand-chose. Ils s'accaparent tout ce qu'il faut pour nous faire croire ce qu'ils veulent que l'on croit. Le président Poutine l'a clairement signifié dans une interview récemment en faisant allusion au gouffre profond qui nous sépare en termes de communication et de propagande.
Mais, encore un autre mais, dans ce genre de situation, il faut se préparer sur le long terme. Ce n'est pas du tout facile de déloger un empire qui règne depuis cinq siècles. Les racines se sont très endurcies. Les secouer est une tâche de patience et d'intelligence. En termes de langage stratégique, les variables lourdes nécessitent beaucoup de temps pour être infléchies de leur tendance habituelle. Mais, toujours selon les experts en approches stratégiques, il faut commencer par un consensus qui admet la rupture et bien explorer l'état des lieux. C'est la démarche empruntée par un ensemble de pays du Sud, et particulièrement la Chine et la Russie.
Dans la foulée des évènements, un vent gracieux a soufflé du côté de l'Asie. Une brèche d'espoir s'est plantée dans les rouages géostratégiques. Des plaques souterraines ont bougé et ont secoué les anciens équilibres. L'Occident a senti le malaise et à commencer à cogiter. Mais il a compris que les signes avant-coureurs sont bel et bien dessinés dans le décor international. La multipolarité avance à grand pas. Le train a démarré comme répète souvent Pepe Escobar.
Quels sont ces signes ? Toujours sans prétendre l'exhaustivité, on cite particulièrement :
- Les BRICS++, l'OCS, la CEE.
- La dédollarisation.
- Le rapprochement de l'Inde et de la Chine.
- Le rapprochement de l'Iran et de l'Arabie saoudite.
- Les récentes déclarations d'Erdogan.
- La dernière réunion des pays arabes et africains en Arabie saoudite.
- La guerre en Ukraine et le fameux Oreshnik.
- La guerre au Liban/Gaza et l'Axe de Résistance.
- Les dernières élections dans certains pays proches de la Russie.
- Les signes de rapprochement entre la Syrie et la Turquie.
- Le réquisitoire de la CIJ contre Netanyahou et Gallant.
- La mouvance de souveraineté qui raisonne de plus en plus forts dans les pays africains.
- Etc.
Face à tout cela, comment se dessine l'avenir ? Comme je l'ai toujours écrit sur ce site et sur d'autres, la guerre va continuer et va certainement s'amplifier. Et personne ne peut prédire comment et quand cela va se terminer.
C'est mon point de vue, à chacun le sien.