par Mikhail Gamandiy-Eogorv
Les États-Unis doivent se rendre à l'évidence qu'ils ne sauront en mesure à écraser la concurrence venant de la part de la majorité mondiale non-occidentale. Cela concerne évidemment et aussi bien les processus en cours dans les sphères géopolitique comme géoéconomique, mais également technologique. Après tout il est aujourd'hui impossible à faire stopper l'ordre naturel des choses.
Le mythe de la prétendue supériorité de l'Occident sur le monde dans les cadres géopolitique et géoéconomique fait évidemment aujourd'hui de plus en plus partie du passé. L'avènement de l'ordre multipolaire international, la montée en puissance de la majorité mondiale non-occidentale, y compris en termes de puissance économique, la résistance à succès de la Russie face à plusieurs dizaines de régimes ennemis allant de la confrontation militaire jusqu'à l'économie encore une fois, et l'interaction active sino-russe ne sont que quelques éléments de l'ère contemporaine.
En ce qui concerne l'aspect technologique, ici aussi la minorité planétaire occidentale n'est plus en mesure à imposer sa domination. L'Opération militaire spéciale est la vive démonstration quant à la fin du mythe de l'omnipuissance de l'Occident dans la sphère militaire, mais également économique, à l'heure où les armements occidentaux les plus «sophistiqués» n'ont non seulement pas pris le dessus sur l'armement russe, mais au contraire ont permis à la Russie de trouver les remèdes à tous les défis lancés par l'axe otano-occidental. Quant à la sphère économique, les milliers de sanctions imposées de manière unilatérale par les régimes occidentaux n'ont non seulement pas mis comme l'espéraient les instigateurs la Russie à genoux, mais ont ouvert de nouvelles grandes opportunités de développement à l'État russe.
Du côté justement des technologies militaires, la Russie se trouve aujourd'hui en avance dans de nombreuses orientations clés de ce secteur. Le cas du missile balistique russe de portée intermédiaire (IRBM, en jargon militaire), Oreshnik («noisetier», en russe), en représente l'un des exemples. En parlant justement des technologies hypersoniques, les États-Unis sont forcés aujourd'hui à admettre leur retard dans ce domaine. Au point pour l'actuel président étasunien Trump d' accuser la Russie d'avoir «volé» cette technologie aux USA, durant l'administration Obama.
Évidemment, Trump n'a pas pu dans le cadre de cette version anecdotique à pouvoir expliquer pourquoi Washington n'a pas été en mesure à pouvoir développer lui-même et depuis toutes ces années cette technologie à un niveau ne serait-ce que comparable à celui de la Russie. Il est en effet toujours très difficile, surtout dans la mentalité occidentale, à devoir tout simplement reconnaitre le génie des cerveaux de l'adversaire.
Quant à la concurrence technologique dans un cadre civil ou du moins relativement civil, il faudrait rappeler que l'actuel président étasunien avait récemment déclaré vouloir faire des USA la «capitale» de la cryptomonnaie et de l'intelligence artificielle. Cela est compréhensible, dans le premier cas il ne s'agit ni plus ni moins que d'une nouvelle tentative étasunienne à vouloir contrôler les flux financiers internationaux, à l'heure où le dollar continue de perdre la confiance de la majorité mondiale, et au moment où les nations des BRICS et du Sud global privilégient chaque jour un peu plus les paiements des échanges en monnaies nationales. Et sachant que les échanges en cryptomonnaie prennent également de l'ampleur à l'échelle mondiale, avec de très grandes difficultés pour les États à pouvoir contrôler ce flux, la volonté du régime étasunien devient parfaitement claire.
Idem pour ce qui est de l'intelligence artificielle, considérée comme une orientation stratégique de notre ère contemporaine. Et si les structures US pensaient effectivement avoir pris une avance dans ce secteur, désormais elles se retrouvent sous une onde de choc. En effet, une start-up chinoise, DeepSeek, est venue bousculer l'hégémonie de l'IA américaine en présentant un robot conversationnel capable de concurrencer ChatGPT de l'étasunien Open AI, et ce pour beaucoup moins cher, admettent y compris plusieurs instruments médiatiques occidentaux.
Tout en notant que l'effet immédiat a été tel, qu'il a entraîné une chute des valeurs américaines, européennes et asiatiques liées à l'IA. En bref, un autre exemple de la fin de la domination occidentale dans la sphère stratégique des nouvelles technologies. Évidemment, la bataille ne fait que commencer, mais il est d'ores et déjà possible de dire que les USA, et encore plus l'Europe bruxelloise, feront face à de nombreuses difficultés face à leurs concurrents chinois et issus de la majorité mondiale non-occidentale.
D'un autre côté, la libre concurrence n'est-elle pas la notion que les Occidentaux avaient si activement promu du moment que cela servait leurs intérêts ? Aujourd'hui, les mêmes devront apprendre qu'ils ne peuvent interdire aux cerveaux de la majorité mondiale à avoir le succès et la reconnaissance qu'ils méritent. Tout comme les USA et le petit monde occidental de manière générale ne sont pas en mesure à pouvoir imposer une quelconque domination technologique. Le temps du diktat est bel et bien terminé. Bienvenue dans la réalité multipolaire. Une réalité que les régimes de la minorité planétaire ont tellement de mal à pouvoir accepter et ce refus ne fait que les pénaliser encore plus. Pour le plus grand bonheur de la majorité mondiale.
source : Observateur Continental