11/10/2022 reseauinternational.net  4min #216984

Les États-Unis veulent briser l'étreinte entre la Russie et l'Arabie saoudite

par Philippe Rosenthal.

Le sénateur Richard Blumenthal et le représentant Ro Khanna proposent une nouvelle législation pour arrêter les ventes d'armes à l'Arabie saoudite et rééquilibrer les relations des États-Unis avec Riyad. L'Arabie saoudite s'est entendue avec la Russie et a décidé de réduire à 2 millions de barils par jour la production de pétrole lors de la réunion de l'OPEP+, augmentant ainsi le prix du gaz à l'avantage de la Russie.

Cette décision choque les États-Unis dans leur stratégie d'étranglement. Cet accord aggravera l'inflation mondiale, sapera les efforts fructueux des États-Unis pour faire baisser le prix du gaz et contribuera à alimenter le conflit en Ukraine, font remarquer les responsables politiques des États-Unis.

La décision saoudienne a été un coup dur pour les États-Unis, mais, selon Richard Blumenthal et Ro Khanna, les États-Unis ont également un moyen de réagir. Ils peuvent rapidement suspendre le transfert massif de la technologie de guerre américaine entre les mains avides des Saoudiens. En termes simples, « les États-Unis ne devraient pas fournir un contrôle aussi illimité des systèmes de défense stratégique à un allié apparent de notre plus grand ennemi » (la Russie),  font-ils savoir, selon Politico.

« C'est pourquoi nous proposons mardi au Sénat et à la Chambre une législation bicamérale qui mettra immédiatement fin à toutes les ventes d'armes américaines à l'Arabie saoudite », annoncent-ils, rajoutant : « Depuis plusieurs années, nos confrères réfléchissent à des propositions similaires, mais ces mesures ne sont pas passées. En raison de l'intense retour bipartisan de la collusion saoudienne avec la Russie, nous pensons que cette fois est différente. Sur la base de notre conversation avec des collègues, notre législation recueille déjà un soutien bipartite dans les deux chambres ».

Les États-Unis veulent faire avaler à l'Arabie saoudite leur erreur récente avec leur accord réalisé avec l'OPEP+. Ali Shihabi, un analyste saoudien, a 𝕏 indiqué dans un tweet que « les législateurs américains commettent une autre grosse erreur » car « l'Arabie saoudite a déjà mis en place des accords de transfert de technologie et de vente d'armes avec la Russie et la Chine », et que « tout ce qu'ils feront, c'est d'accélérer » ce processus avec leurs restrictions.

Ali Shihabi 𝕏 précise que « beaucoup pensent à tort que la diversification des armes pour l'Arabie saoudite signifie la Russie. En fait, l'Arabie saoudite a déjà des relations actives d'approvisionnement en armes avec le Royaume-Uni, la France, la Chine, l'Afrique du Sud et d'autres avec de nombreux transferts de technologie. Ce n'est pas un pari sur les armements de la Russie ». Par ailleurs, il 𝕏 indique que « l'Arabie saoudite s'était engagée à pomper plus de pétrole pour empêcher les prix de flamber cet été, mais n'avait pas accepté de laisser les prix s'effondrer ».

Les réductions de production de pétrole conduiront à des stocks de pétrole insoutenablement bas, faisant monter en flèche le prix du pétrole hors de toute bande acceptable. Politico avertit que le plan de plafonnement des prix du pétrole du G-7 ne cible pas l'OPEP car « il est strictement limité au pétrole russe » et fait remarquer qu'actuellement, les marchés sont très serrés, avec des marges bénéficiaires luxuriantes de 73% pour l'Arabie saoudite et qu'en d'autres termes, il n'y avait pas de besoin immédiat pour l'Arabie saoudite de réduire l'offre à moins qu'elle ne cherche à nuire aux États-Unis au profit de la Russie.

Pour Richard Blumenthal et Ro Khanna l'Arabie saoudite reste importante pour la sécurité et la stabilité énergétiques au Moyen-Orient pour la prospérité économique mondiale et en tant qu'allié régional contre l'Iran, mais elle a commis une terrible erreur la semaine passée. Pour les politiciens américains, le soutien du pays à la Russie devrait déclencher un examen approfondi des relations américano-saoudiennes alors même que le régime essaie de polir son image internationale à la suite du meurtre brutal du journaliste du Washington Post, Jamal Khashoggi.

source :  Observateur Continental

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