Tout d'abord nous devons particulièrement souligner ce qui vient de se passer à propos de l'attentat du marché de Noël de Strasbourg. Comme cela est toujours le cas, sans exception, le terroriste Cherif Chekatt a lui aussi été abattu par la police: aucun terroriste n'est jamais arrêté pour être interrogé, jugé et condamné, sachant pourtant que la police a tous les moyens nécessaires pour neutraliser un individu et cela d'autant plus s'il est simplement armé d'une « arme de poing datant de 1892». Mais encore, concernant Cherif Chekatt, le terroriste en fuite était doublement blessé, d'abord au bras, puis à la jambe. Tous les terroristes, sans exception, sont systématiquement abattus, pour ne pas dire « achevés » par la police, comme dans le cas de Cherif Chekatt, et on ne peut jamais savoir ce qui les avait motivés: on les enterre toujours avec leur secret scellé dans la tombe!
De plus, franchement, un pistolet type 1892 de calibre 8 mm peut-il être utilisé à l'heure actuelle dans une fusillade contre des Glocks ou des Sig? Mais surtout, comment se procurer des munitions de 8mm Lebel dans une Europe verrouillée par une législation contre les armes à feu? Il est bien plus simple de se procurer une arme nettement plus moderne et nettement plus efficace que ce pistolet du 19è siècle qui a été trouvé sur le terroriste abattu par la police! Là, on peut dire que le ridicule ne tue plus et le Castaner nous prend vraiment pour des idiots...
Résultat, pour nous, les gens ordinaires, il nous est donc permis de penser que le Pouvoir, criminel par nature, par nécessité, par obligation, par vocation, fait systématiquement en sorte que les citoyens ne puissent jamais connaître la vérité! Mais pourquoi le Pouvoir veut-il systématiquement enterrer la vérité? Ne serait-ce pas parce que cette vérité est probablement intolérable, inavouable, honteuse et certainement de nature à provoquer l'abolition de toute croyance citoyenne en une «innocence de ce Pouvoir»? C'est la croyance des citoyens en cette « innocence du Pouvoir » qui permet d'engendrer et de nourrir les illusions nécessaires à la reconnaissance comme à l'acceptation du Pouvoir se revendiquant comme tel, suivies de la soumission du peuple à ses comportements et décisions autoritaristes... et ajoutons, hors de toute perspective démocratique!
La suite logique était attendue, à la consonne ou à la virgule prête : Benjamin Griveaux, le porte-parole du Pouvoir de la macronie en marche nous assenait ses recommandations : « Le gouvernement n'a à ce stade pas décidé d'interdire les manifestations des Gilets-jaunes qui se tiendront samedi, mais les appelle à être 'raisonnables' après l'attentat de Strasbourg et à ne pas manifester. »
« Maintenant que leur colère s'est exprimée, a été entendue par le Gouvernement, et qu'il y a répondu, ce que nous vous demandons, en responsabilité, c'est d'être raisonnables samedi et de ne pas aller manifester », déclarait encore avec insistance Benjamin Griveaux sur Cnews, en s'adressant directement aux Gilets-jaunes.
« Il n'est pas raisonnable de manifester », a-t-il insisté, car « nos forces de l'ordre et de sécurité ont été mises à contribution énormément ces dernières semaines », (sous-entendu : et nous sommes très en retard pour leur payer leurs heures supplémentaires qui vont encore augmenter!) et au regard de l'attentat de Strasbourg, « il serait préférable que ce samedi chacun puisse, de manière apaisée, vaquer à des occupations d'un samedi avant les fêtes de famille de fin d'année plutôt que de manifester et mettre à nouveau à contribution nos forces de l'ordre. »
Le problème que ne comprend toujours pas ce Gouvernement « autistique », c'est que les Gilets-jaunes en question ne manifestent pas pour le plaisir de manifester; ils ne sont pas concernés non plus par le fait de pouvoir « flâner dans l'apaisement autour des centres commerciaux ou des magasins pour des achats festifs » en écoutant « petit papa noël »! Ces gens de la macronie n'ont toujours pas compris que les Gilets-jaunes n'ont plus de quoi remplir leur frigo dès le 15 du mois et parfois encore plus tôt! Comment pourraient-ils être « raisonnables » et « apaisés », « vaquant aux achats de Noël » dans les quartiers chics pour y acheter du foie gras et du champagne?! Ils sont dans la rue pour une absolue nécessité, pour une extrême urgence, pour une question de dignité réclamant légitimement la possibilité naturelle de passer des galères de la survie à une vie décente, pendant que les profiteurs d'en haut se gavent des richesses produites par le travail des exploités et des abusés du système, aujourd'hui sévèrement accusé et condamné par le peuple des laissés pour compte! Pauvre macronie déconnectée de la réalité de ceux qui sont en masse opprimés par le capitalisme sauvage de ce monde prédateur et ignorant cyniquement le mal qu'il peut faire! Sa seule préoccupation anxiogène est de tenir les yeux rivés sur la dégringolade spectaculaire des compteurs affichant pour la France un déficit commercial monstrueux depuis ce 17 novembre noir suivi des quatre éditions suivantes tout aussi noires pour les accrocs de l'ultra libéralisme...
La seule solution que le Pouvoir entrevoit, derrière ses dernières recommandations, si le peuple ne se montre pas «raisonnable», c'est la «solution finale» d'un gazage incapacitant, ultime opération de dressage avant d'en arriver à un massacre de style Adolphe Thiers en remake de la Commune de Paris!
Il est possible d'accéder aux instructions signées par le Directeur Général de la police nationale : les « flash ball » peuvent être utilisés lors d'un attroupement susceptible de troubler l'ordre public et « en cas de violences ou voie de faits commises à l'encontre des forces de l'ordre ou si les forces de l'ordre ne peuvent défendre autrement le terrain qu'elles occupent ». Le policier doit viser uniquement le torse ou les membres supérieurs, selon les instructions. 261 victimes gravement mutilées principalement à la tête ont été recensées sur la journée du 8 décembre dernier. La police, dans un très grand nombre de cas n'a pas respecté la loi (française) mais certainement la loi européenne, et s'est comportée avec une extrême violence contre des Gilets-jaunes qui ne présentaient aucun danger, ni aucune espèce de menace, ni pour eux-mêmes, ni pour l'ordre public, comme de nombreuses vidéos prises sur le vif le démontrent!
Il faut également souligner cet épisode de répression organisée contre les lycéens de Mantes-La-Jolie. Le 6 décembre dernier, la police a procédé à une interpellation collective de 148 lycéens, à Mantes-La-Jolie. Les humiliations subies par les lycéens ont été documentées par plusieurs vidéos montrant les lycéens alignés face contre un mur, agenouillés, les mains menottées derrière le dos ou derrière la tête. Les vidéos ont été authentifiées après que des collabos du système aient crié aux « fake news ». Cette scène a horrifié beaucoup de monde dans le pays des Droits de l'Homme et à l'étranger. Chacun a pu constater qu'en France, les citoyens sont bel et bien dans une dictature policière d'État qui a abrogé les droits les plus fondamentaux. Certains commentateurs ont même noté que cette scène de lycéens agenouillés devant des officiers armés évoquait carrément une scène d'exécution. Il va sans dire que tous ceux qui ont trouvé le moyen de « légitimer » ce comportement policier appartiennent aux nostalgiques du Gouvernement de Vichy... même s'ils refusent consciemment de le reconnaître!
Le samedi 8 décembre 2018, des Gilets-jaunes témoignent qu'en s'adressant fraternellement à certains CRS et Gendarmes mobiles, ils avaient constaté que ceux-ci ne comprenaient pas le français : Emmanuel Macron avait fait appel à l'Eurogendfor, la milice anti émeute européenne. Il devient alors possible de comprendre comment la police a pu ignorer à ce point la loi française!
La macronie a organisé le blocage, partout en France, afin d'empêcher les Gilets-jaunes de se rendre dans la capitale : fouilles dans les gares, blocage des voitures sur le périphérique, refouilles à tous les barrages filtrants, verrouillage des différentes zones de Paris pour empêcher une confluence des rassemblements ainsi isolés et dispersés. Même une saisie d'un stock de 50.000 gilets de sécurité routière a été faite sur un dépôt industriel. La stratégie était celle qui consiste à diviser pour « régner ». Toute la violence policière est la plupart du temps non légitime, puisque les Gilets-jaunes protestent pacifiquement. Plusieurs syndicats de la police ont d'ailleurs manifesté leur mécontentement et demandent au ministère de l'Intérieur de s'expliquer sur le fait qu'aucun ordre n'ait été donné aux forces de l'ordre pour intervenir contre les casseurs infiltrés dans le mouvement. Il y a une volonté évidente du Pouvoir d'essayer de décrédibiliser la révolte des Gilets-jaunes, afin de faire baisser le chiffre des sympathisants du mouvement qui était à 68% de Français il y a trois jours (sondage IFOP du 12 décembre dernier).
Il va falloir que le groupe des avocats des Gilets-jaunes, se mobilise pour examiner ces nombreux cas de dérive de la police et attaquer Emmanuel Macron comme le Ministère de l'Intérieur pour leur manquement grave à la loi: des Gilets-jaunes portent plainte pour « les faits de racket, dilapidation de l'argent public, préjudice moral et mise en danger de la vie d'autrui, violences volontaires avec arme, usage abusif de la force publique sur personnes vulnérables, atteinte au droit de manifestation ».
Ce monde dans lequel nous nous trouvons et le Pouvoir qui le protège ont bien fini par tomber le masque en montrant leur véritable nature criminelle. L'engagement de la France dans la « coalition illégale de Doha », qui a fait cette guerre injuste contre la Syrie en martyrisant arbitrairement le peuple syrien, en soutenant des terroristes de Daech, main dans la main avec leurs complices occidentaux et ceux des monarchies obscurantistes du Golfe, et de surcroît, en déclarant publiquement que ces « djihadistes » «faisaient du bon boulot en Syrie »; ce Pouvoir aux mains entachées de sang avait déjà fait savoir clairement ce qu'il était réellement. Compte tenu de ce que ces politiques ont été capables de faire en Syrie, et ailleurs, nous ne devons plus nous étonner aujourd'hui qu'ils puissent imaginer gazer leur propre population qui, à l'image des Syriens, se montre récalcitrante et trop indocile. Nous savons, en effet, que la macronie s'apprête à procéder, si nécessaire, à des «épandages de chimie incapacitante» sur les Gilets-jaunes.
Malgré toutes les menaces voilées, les allusions hypocrites, les avertissements indirects, le cynisme et le mépris omniprésent, malgré la volonté pour l'exécutif de contrôler l'image se voulant positive et « bienveillante » pour le peuple, les Gilets-jaunes ont été encore nombreux dans tout l'hexagone, ce samedi 15 décembre 2018, présents sur le champ de bataille pour leur conquête de la démocratie. En cela, le peuple Français indique aux autres Nations occidentales, également sous occupation du fascisme ultra libéral, la bonne direction de la Libération...
Le Pouvoir en place persiste à diffuser des chiffres absolument dérisoires sur la mobilisation des Gilets-jaunes alors que toutes les images sur l'ensemble de la France témoignent qu'une masse de gens en protestation, est en effet approximativement 35 fois supérieure à celle annoncée: il s'agit pour le Pouvoir de la macronie de dévaloriser, de délégitimer, de discréditer les Gilets-jaunes et leurs revendications, afin de se maintenir en place alors que le peuple Français se sent majoritairement désapproprié de sa souveraineté.
La préfecture de police de Paris aux ordres de Castaner, a déclaré « moins de 3000 gilets-jaunes » ce samedi 15 décembre à Paris. Le déploiement des forces de l'ordre ayant été de 14 blindés (avec produit incapacitant) et 8000 policiers, et si l'on s'en tient aux chiffres de Castaner, il y aurait donc eu entre deux et trois policiers pour chaque manifestant! Comment, en effet, trouver une image plus parlante, si le ministre de l'Intérieur voulait avouer la réalité de l'État policier qui contrôle la France et les Français aujourd'hui?!
Ce sont les principales revendications des Gilets-jaunes, qui à ce jour, maintiennent la mobilisation. Ces revendications ne sont pas prêtes d'être acceptées par ce Pouvoir en place; conclusion, la révolte des Gilets-jaunes va donc s'étaler dans le temps en se structurant et en prenant d'autres formes sans doute plus dures...
Ce qui est également certain, c'est que cette mobilisation ne peut pas s'arrêter à ce stade, car les citoyens qui revendiquent, ne revendiquent pas pour revendiquer, mais parce que c'est une absolue nécessité pour eux. Pour tous ces gens dans la rue, s'arrêter voudrait dire mourir, car ils sont arrivés à l'extrême limite du supportable dans une existence de survie. Des banderoles circulaient le samedi 15 décembre sur les Champs Élysées, disant RIC : Referendum d'initiative citoyenne. Le Referendum CARL qui signifie : Constituant (modifier la Constitution); Abrogatoire (qui permet de supprimer une loi devenue caduque ou néfaste pour le bien commun); Révocatoire (qui permet de virer un élu qui ne fait pas le travail pour lequel il a été élu); Législatif (qui permet au peuple de proposer une loi).
Ce samedi 15 décembre, les Gilets-jaunes se sont également concentrés sur les lieux de la représentation médiatique, car la bataille de l'information doit être gagnée pour permettre une plus grande avancée dans la restauration de la souveraineté citoyenne. Le message donné par les Gilets-jaunes était que les médias doivent quitter le sérail des prédateurs financiers qui sont réellement aux commandes de la destinée commune en agissant mensongèrement sur l'opinion publique. Il sera sans doute difficile d'obtenir des images de télévisions sur cette mobilisation-là à Paris, car elle devait passer inaperçue pour le parti médiatique mis en accusation et prié de rendre des comptes lui aussi!
Les Gilets-jaunes Français indiquent aux autres Nations occidentales la bonne direction de leur libération.
Déjà, en Espagne, le Chef du Gouvernement Pedro Sanchez, inspiré par les revendications des Gilets-jaunes, a décidé d'augmenter de 22%, le salaire minimum, par décret, afin de contourner l'opposition d'une droite politique depuis très longtemps attelée à l'ouvrage ultra libéral, cause de tous les malheurs des pays de l'Union Européenne...
Il y a encore beaucoup de chemin à faire, mais peu importe puisqu'il n'y a rien d'autre à faire!
Jean-Yves Jézéquel
La source originale de cet article est Mondialisation.ca
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