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Des liqueurs de chez Cartron, en Bourgogne
Les producteurs de vins et spiritueux français, déjà ébranlés par les tensions commerciales avec les États-Unis et la Chine, craignent que l'alourdissement de la taxe sur les géants du numérique ne déclenche de nouvelles rétorsions américaines.
La filière des vins et spiritueux, pilier de l'exportation française avec 16 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel, exprime une vive inquiétude devant les récentes avancées budgétaires examinées à l'Assemblée nationale.
L'adoption d'une taxe de 6 % sur les géants de la tech - un doublement du taux actuel pour les entreprises numériques dépassant deux milliards d'euros de revenus -, ainsi qu'un impôt sur les bénéfices des multinationales, suscitent des craintes de représailles outre-Atlantique.
« Nos territoires sont en danger. » Dans un message relayé par le directeur de la Fédération française des vins d'apéritif (FFVA), Augustin Chazal, des représentants de la filière des vins et spiritueux ont tiré la sonnette d'alarme, alertant sur la mise en péril du secteur des cafés, hôtels et restaurants face à la « folie fiscale actuellement en cours à l'Assemblée nationale ».
Gros coup de gueule ce matin de la filière des vins et spiritueux et du secteur des cafés, hôtels et restaurants contre la folie fiscale actuellement en cours à l'Assemblée nationale.
Conférence de presse MVS- UMIH - FNB
« Nos territoires sont en danger » pic.twitter.com/jEsF2JVFJK- Augustin Chazal (@ACHAZAL) November 6, 2025
Déjà fragilisée par un contexte économique défavorable, la branche réclame un « statu quo » fiscal pour éviter l'asphyxie. Avec 32 milliards d'euros de chiffre d'affaires global et 600 000 emplois directs et indirects en France, elle fait face à une crise de la consommation intérieure et aux aléas climatiques.
« Ce sujet est dans le radar des États-Unis, c'est un chiffon rouge absolu côté américain », avertit Gabriel Picard, président de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS). Selon lui, la France risque d'être ciblée par des mesures de rétorsion.
Des exportations en chute libre
Selon le Crédit Agricole, les données d'exportation d'août 2025 sont révélatrices d'une forte baisse en valeur des exportations françaises de boissons.
Celles-ci ont diminué de 6,5 % en août par rapport à juillet, après une baisse de 7,6 % en juillet par rapport à janvier 2025, en données corrigées des variations saisonnières et des jours ouvrés. Des signaux inquiétants avaient déjà pu être perçus dès le mois de février.
#France - Les dessous de la baisse des #exportations de boissons au troisième trimestre #vins #spiritueux... t.co pic.twitter.com/pV9G6y6KQu- EtudesEco (@EtudesEco) November 3, 2025
À cela s'ajoutent, en Chine, les droits anti-dumping de 34,8 % sur les eaux-de-vie de vin, qui ont provoqué une chute de 56 % des exportations au premier trimestre 2025. Les amendements budgétaires français - prix minimum sur les alcools, taxation de la publicité et extension des cotisations sociales aux boissons titres inférieurs à 18° - aggravent le tableau.
Au-delà des chiffres, c'est l'image et la compétitivité d'un fleuron national qui vacillent, dans un monde où les tensions géopolitiques dictent les cours des marchés.