Le Collectif 65 Georges Ibrahim Abdallah nous fait parvenir un compte-rendu d'une rencontre, en visio-conférence, avec des conseillers de l'Elysée et du ministère de la justice, à propos de la détention, depuis 38 ans en France, de Georges Ibrahim Abdallah.
Etaient présent.e.s le 29 juillet dernier lors de cette audience :
Pour le collectif 65 : Annie Bouhours (MRAP 65), Marie Claude De Vita (France Insoumise), Daniel Larregola (ANC - PCF) et José Navarro (CGT)
Pour la Préfecture : Sybille Samoyault (secrétaire générale en l'absence du Préfet Rodrigue Furcy en congés)
Conseillers Elyséens présents en visio-conférence : Jean Marie Caillaud (Préfet, conseiller territoire d'Emmanuel Macron et Frédéric Rose (Préfet, conseiller sécurité intérieure d'Emmanuel Macron)
Pour le Ministère de la justice : Isabelle JEGOUZO, conseillère Europe et relations internationales, Clément DI-MARINO, conseiller politique pénitentiaire et Arnaud Laraize, conseiller politique pénale.
Durée de l'audience : 1 h 10.
Préambule : Le collectif avait demandé à ce que Maître Chalanset, l'avocat de Georges puisse participer au tour de table. Après avoir accepté, l'Elysée a ensuite refusé que l'avocat puisse se joindre à nous en visio.
De notre point de vue, il s'agit sans doute d'une demande de la chancellerie et d'une volonté de nous entraîner dans des discussions purement juridiques à l'occasion de l'entrevue sans que nous ne soyons en mesure de répondre (c'est tout du moins ce qu'ils pensaient).
L'objectif de notre démarche avait été décidé collectivement et après avoir pris l'attache de l'avocat : Réaffirmer clairement que la libération de Georges (qui avait été acceptée par la justice à 2 reprises en 2003 et 2012) est de la responsabilité de l'ETAT et donc du pouvoir politique puisque les demandes de libération sont conditionnées à la signature d'un arrêté ministériel d'expulsion (Georges ayant décidé de ne plus déposer de demande de libération conditionnelle expulsion que si l'Etat Français assume l'engagement de signer l'arrêté).
Sans négliger l'aspect humain, et en accord avec la démarche de Georges, il n'était donc pas question d'adopter une attitude « misérabiliste », mais d'être offensif.
Nous avons vite compris que leur objectif était de nous amener sur un terrain purement juridique, invoquant un possible « trouble à l'ordre public » que provoquerait la libération de Georges du fait d'une « absence d'indemnisation des victimes ».
Nous avons rejeté ces arguments d'une pauvreté absolue rappelant que les deux décisions passées favorables à Georges avaient traité ce sujet (nous leur avons lu in extenso le contenu de la décision de 2003). De même nous avons rejeté le thème de la repentance qui n'a rien de juridique et avons pris soin de rappeler les ingérences des Etats-Unis dans les décisions de justice françaises (rappel du communiqué de l'ambassade des USA de 2012).
Nous avons également insisté sur le fait que la durée de cette détention contrevenait aux dispositions de la convention européenne des droits de l'homme, et que la perpétuité réelle n'existe pas dans notre pays, or c'est bien ce qui est imposé de facto à Georges du fait de l'attitude intransigeante de l'Etat Français.
Nous avons rappelé l'attitude exemplaire de Georges depuis le début de sa détention et le fait que l'ensemble du paysage politique Libanais demandait sa libération (y compris l'actuel Président de la République).
Nous avons directement posé la question suivante : « Si la justice donnait une suite favorable à la demande de libération conditionnelle, qu'en serait-il de l'attitude de l'Etat ? »
Les 5 conseillers se sont accrochés au thème de l'indemnisation comme s'il s'agissait d'une bouée de sauvetage, Frédéric Rose ajoutant d'ailleurs que l'autorité administrative (l'Etat) se réservait le droit de ne pas donner suite au regard de considérations d'ordre public.
Nous avons réitéré que cet argument ne tenait pas lorsque l'on parle d'un homme qui a déjà purgé 38 années de détention, triste record d'Europe, une durée de détention supérieure à celle d'un Nelson Mandela sous un régime raciste et fasciste.
La démocratie Française fait mieux que le régime d'apartheid en matière de non respect de la personne humaine.
Nous avons rappelé aux conseillers que nous ne lâcherons pas et que nous n'aurons pas de repos tant que la libération n'aura pas été gagnée.
Quoiqu'il en soit, nous étions bien conscients qu'après la rencontre furtive avec Macron le 29 avril, cette audience ne déboucherait pas sur un engagement de l'exécutif, nous ne sommes pas naïfs.
Par contre il s'agit bien de capitaliser et d'utiliser ces deux rencontres.
Macron a été interpellé directement le 29 avril et par l'intermédiaire de ses conseillers lors d'une réunion organisée le 29 juillet par le Préfet sur le dossier Abdallah.
Dès lors nous devons nous multiplier politiquement et publiquement. Il faut en effet que le combat pour la libération de Georges prenne une dimension supplémentaire, tant au niveau public que politique.
Tout cela est bien sur à discuter et à coordonner au delà même du seul collectif 65.
- Visite à Georges Ibrahim Abdallah le samedi 30 juillet 2022 :
Nous avons rencontré Georges le lendemain de l'audience avec les conseillers.
Nous lui avons fait une synthèse des échanges que nous avions eus.
Georges a réitéré sa volonté de ne pas déposer de demande de libération conditionnelle s'il ne dispose pas d'un engagement ferme de l'Etat Français quant à son expulsion et a rappelé qu'il n'agit à Lannemezan qu'en fonction de l'utilité de son combat pour la cause palestinienne.
Il nous a invités à interpeller l'ensemble des partis et élu.e.s de la NUPES pour intensifier l'action politique.
Lors de notre visite à Georges le samedi 30 juillet, le journaliste du Monde Diplomatique Pierre Carles était également présent. Il nous a confirmé qu'il préparait le film documentaire sur Georges. Nous avons acté qu'on le tiendrait systématiquement au courant de nos démarches.Son travail journalistique national peut effectivement contribuer à ce que la cause de Georges soit mieux relayée au niveau national.
Nous allons également reprendre contact avec Maître Chalanset.
Décisions prises après la réunion du collectif 65 jeudi 4 août 2022 :
- Courrier à tous les députés NUPES et demande aux autres collectifs d'agir dans le même sens.
- Lettre ouverte à Macron que nous rendrons publique.
- Demande de rencontre aux députés NUPES Midi Pyrénées (31-65-09..)
- Demande d'audience aux présidents des 4 groupes parlementaires de la NUPES.
- Reprise de contact avec Jacques Gaillot et interpellation des autorités ecclésiastiques locales et romaines.
- Conférence de presse dernière semaine d'août avec diffusion des courriers aux députés et à Macron.
« C'est ensemble et seulement ensemble que nous vaincrons »
Source : Communiqué du Collectif 65 pour la libération de Georges Abdallah
CAPJPO-EuroPalestine