19/07/2025 reseauinternational.net  5min #284621

 «Coalition des volontaires» : un quartier général va être établi pour un an à Paris

Londres, Paris et Berlin s'accordent pour unir leur potentiel nucléaire contre la Russie

par Alexandre Lemoine

Le chancelier allemand Friedrich Merz et le Premier ministre britannique Keir Starmer ont signé à Londres le premier traité d'amitié germano-britannique de l'histoire. Berlin et Londres soulignent que le document couvre différents domaines de relations. Mais son thème principal est formulé dans les deux premiers chapitres, il s'agit de la coopération militaire et militaro-industrielle. Il serait donc plus précis d'appeler ce document un «traité d'amitié contre la Russie».

«Il était grand temps que nous signions un tel traité. C'est  une bonne base pour les années et décennies à venir», a noté Merz après la cérémonie de signature. L'accord s'appuie sur les ententes de l'année dernière entre les deux pays dans le domaine de la défense, mais avec des ajouts substantiels. La nouvelle version inclut notamment un article sur l'aide militaire mutuelle, ainsi que des allusions à une possible coopération dans le domaine de l'armement nucléaire. Cependant, Merz et Starmer ne révèleront probablement pas les détails de ce sujet «sensible».

La France et la Grande-Bretagne ont proposé de créer un «parapluie nucléaire» paneuropéen,  rapporte Bloomberg. Il s'agit de coordonner les deux arsenaux pour renforcer la sécurité de l'UE dans un contexte d'une baisse de confiance envers les États-Unis et de menace croissante de la part de la Russie.

La proposition a été formulée lors de la visite d'Emmanuel Macron à Londres. Le président français et le Premier ministre britannique Keir Starmer ont présenté le concept comme une coordination prudente, et non un usage conjoint d'armes nucléaires. Pour Macron, c'est un pas vers le renforcement des positions de la France en Europe, notamment après le coup diplomatique de l'Australie dans le cadre d'Aukus.

Une semaine avant la visite du chancelier allemand à Londres, le président français Emmanuel Macron était venu et avait signé avec Starmer la «déclaration de Northwood» (un court texte de cinq paragraphes qui donne le nouveau ton de cette coopération). Elle prévoit l'utilisation conjointe des forces nucléaires françaises et britanniques, et pas seulement pour leur propre défense. «Nous n'imaginons pas de situation dans laquelle les intérêts vitaux de l'un de nos deux pays pourraient être menacés sans que les intérêts vitaux de l'autre le soient aussi»,  stipule ce document.

En outre, Paris et Londres sont convenus de transformer la brigade commune en un corps «capable de participer à de grandes batailles» de 50.000 hommes. Selon Macron, ce corps, auquel d'autres pays européens peuvent se joindre, pourrait devenir la base des forces de la «coalition des volontaires» ayant l'intention d'envoyer des troupes en Ukraine. La déclaration prévoit aussi la reprise, après une interruption de plusieurs années, de la production conjointe de missiles de croisière Storm Shadow/Scalp et le développement de nouveaux missiles, notamment d'un missile européen de moyenne portée dans le cadre du projet Elsa.

Maintenant, Berlin rejoint ce tandem militaire de Paris et Londres. Selon les médias et les experts, on assiste à la renaissance de la «troïka européenne» qui s'était effondrée après le Brexit. Mais désormais sur une base fondamentalement nouvelle, militaire, avec une composante nucléaire manifeste. «L'Allemagne cherche une protection sous le parapluie nucléaire britannique»,  note le Handelsblatt, rappelant que Merz, dès son arrivée au pouvoir, avait déclaré son intention de discuter avec la Grande-Bretagne et la France de la participation allemande à l'utilisation de leur armement nucléaire. Le traité signé ne parle explicitement que d'un approfondissement de la coopération germano-britannique dans le domaine de la dissuasion, sans préciser si elle est nucléaire ou conventionnelle, mais prévoit un «dialogue approfondi sur la défense, y compris les thèmes nucléaires». Comme l'ont indiqué les autorités allemandes, ces thèmes nucléaires seront discutés «dans les règles et au moment opportun», c'est-à-dire de manière confidentielle.

Publiquement, l'Allemagne et la Grande-Bretagne déclarent qu'elles ont l'intention de se consacrer dans la mise en œuvre du traité au développement d'un missile européen de moyenne portée pour lancer des «frappes précises en profondeur», ainsi qu'à des systèmes de drones, au renforcement du «flanc oriental» de l'Otan et à la coopération navale en mer du Nord. Tous ces objectifs, y compris l'augmentation de la production d'armements et l'aide à l'Ukraine, sont inclus dans la liste des principaux projets communs dans le cadre du traité.

Berlin, Londres et Paris affirment que le rapprochement militaire des trois pays ne remplace pas l'Otan, mais est censé renforcer les capacités de l'Alliance dans sa partie européenne. Cependant, les médias supposent que les Européens tentent ainsi de se prémunir contre une cessation partielle ou totale de la présence militaire américaine en Europe.

source :  Observateur Continental

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