27/10/2019 francais.rt.com  6min #163549

 Rouen : un important incendie s'est déclaré dans une usine Seveso (Images)

Lubrizol : des centaines de manifestants devant le palais de justice pour réclamer «la vérité»

Demandant la transparence complète sur l'incendie qui a ravagé l'usine Lubrizol de Rouen le 26 octobre, des riverains et des associations se sont réunis devant le palais de justice, alors que les annonces du gouvernement peinent à convaincre.

Plusieurs centaines de manifestants, 500 selon la police, se sont réunis, dans l'après-midi du 26 octobre, devant le palais de justice de Rouen pour dénoncer un manque de transparence de la part des autorités après  l'incendie survenu le 26 septembre dans la cité normande, et au cours duquel  9 505 tonnes de produits, dont une grande majorité chimiques, sont parties en fumée. Le rassemblement était composé aussi bien de riverains que de militants associatifs selon notre journaliste présente sur place, Lilaafa Amouzou.

«Avec Lubrizol, on meurt un peu, mais pas trop», ou encore «Notre passé sent Lubrizol, notre avenir sent le cancer», pouvait-on observer sur les pancartes de certains manifestants. Interrogé par RT France, un des riverains n'a pas caché son malaise. «Nous les particuliers on a subi. On a de sérieux problèmes de santé []... Nous n'avons pas été informés de cet incendie. On nous en dit le moins possible. Par contre on a un défilé de ministres et de politiciens mais aucune avancée», a-t-il assuré, alors que  certains habitants se plaignent de démangeaisons dans la gorge, de nausées ou encore de maux de tête.

Une enquête qui peine à convaincre

L'Etat a d'ores et déjà fait savoir qu'une «enquête de santé» allait être diligentée d'ici mars 2020 auprès des personnes ayant été en contact avec le nuage de fumée, de 22km de long, émis par l'incendie. L'enquête ne prévoit actuellement aucun prélèvement sanguin sur la population affectée par le sinistre et concernera uniquement les 215 communes se trouvant sur la trajectoire du panache de fumée.

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«Trop tard» pour les manifestants, qui réclament une transparence totale sur le dossier. «On se demande encore ce qu'il s'est passé à 2h47. De 2h45 à 7h45 on veut une vérité.  On a des témoignages de pompiers, d'agents, de personnes, de policiers qui étaient sur place, qui nous annoncent que c'était l'apocalypse, que le problème n'a pas été géré convenablement []... Ils étaient démunis et ont dû attendre», a tancé l'un des participants sur l'antenne de RT France, critiquant la couverture médiatique des événements : «Ce qui passe en ce moment dans les médias, ce n'est pas du tout ça, donc nous on demande la vérité. On demande aussi de la reconnaissance et on veut aussi que notre région soit [placée] en catastrophe industriel.»

Un autre manifestant a lui critiqué, toujours au micro de RT France, la manière dont les informations avaient été distillées par les autorités. «Ce n'est pas parce qu'on met sur un site de la préfecture un torrent d'informations, qui pour la plupart des gens dans la population est complètement incompréhensible, que cela veut dire qu'il y a transparence», a-t-il déclaré, militant pour «une enquête à long terme []... s'il y a des risques sanitaires pour la population, ce qui semble être le cas vu ce qui a brûlé» et regrettant de n'avoir toujours «pas de réponse précise sur la façon dont cela pourrait se faire».

Le cortège s'est ensuite élancé en direction du centre-ville, jusqu'au Théâtre des Arts. «Macron, c'est pas tes gosses qui respirent la poussière», «Lubrizol, coupable, Etat complice», ont scandé les manifestants, reprenant également le désormais célèbre slogans des Gilets jaunes,  pour l'Acte 50 de leur mobilisation : «On est là, même si Macron ne veut pas, nous on est là.»

L'appel au rassemblement,  le quatrième du type depuis l'accident, avait été lancé par un «collectif unitaire» regroupant associations, syndicats et partis politiques. La prochaine manifestation est prévue pour le 26 novembre, soit deux mois pile après l'incendie.

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