22/07/2022 dedefensa.org  4 min #212534

Poutine, un leader machiavélien

Machiavélien ou machiavélique ?

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Machiavélien ou machiavélique ?

• Analyse psycho-politique du président russe Poutine, évidemment à la lumière d'Ukrisis. • Est-il un homme d'État "machiavélique" ou bien homme d'État au comportement "machiavélien". • Contributions : dde.org et Ezequiel Corral.

L'auteur de cette étude psychologique et opérative du président russe Poutine commence par l'emploi d'un mot ambigu, tiré du nom du grand Niccolò di Bernardo dei Machiavelli, dit Nicolas Machiavel. On a tiré en français, dans l'emploi le plus général, le mot de "machiavélique" désignant très souvent (et assez souvent à tort), selon cette même langue française, un comportement à connotation en général fortement négative, marqué par le cynisme et la perfidie, l'absence de morale sinon la cruauté. Dans l'esprit, ce mot est, parmi d'autres certes, généralement employé par ses adversaires pour définir le comportement de Poutine, et donc la psychologie et le jugement qu'on peut en porter.

Dans la traduction du texte ci-dessous de l'auteur Ezequiel Corral, on emploie assez justement un autre dérivé, à partir du néologisme venu du nom de Machiavel, de "machiavélisme", - également siouvent à connotation négative, - mais utilisé ici dans le sens méthodologique plutôt que comportemental. Pour nous dans ce texte, Poutine est perçu plutôt comme un "machiavélien", c'est-à-dire qu'il emploie la façon de juger et d'agir de Machiavel pour affronter et orienter des événements qui s'imposent à lui, au lieu de donner une forme spécifique, pré-jugée, presque idéologisée, à ces événements qu'il prétendrait maîtriser jusqu'à les créer dès leur origine. Est "machiavélien" un homme qui juge, et par conséquent agit, selon la forme de jugement et d'action que conseille Machiavel. L'emploi de ces deux mots, - "machiavélique" vs "machiavélien", - permet de mieux comprendre, de mieux fixer et identifier, sans toutes les scories insupportables de la propagande diffamatoire, le sens de la démarche de l'analyste.

Ainsi Ezequiel Corral analyse-t-il l'œuvre politique jusqu'ici accomplie par Poutine, et surtout dans l'épisode actuel entré dans son paroxysme avec le conflit de l'"Opération Militaire Spéciale" (OMS) en Ukraine, contre le régime actuel de l'Ukraine, contre le Zelinskistan si l'on veut, ce nom d'opéra-bouffe pour caractériser le caractère postmoderne, faussaire, corrompu et 'come(r)diante', tragico-bouffe justement, du président ukrainien. Dans sa conclusion qu'il veut irrésolue et ouverte aux deux définitions offertes de l'influence de Machiavel, - dans la mesure où les les événements sont toujours en-cours, - il nous semble que tout se passe comme si Ezequiel Corral posait la question de savoir
• si Poutine "a un plan", un but prémédité, - et alors on peut éventuellement le définir comme "machiavélique", avec les avantages mais aussi les réserves que cela suppose ; ou
• s'il affronte les événements tels qu'il se présente à lui, avec mesure et maîtrise, selon des principes à la fois de fermeté et de sagesse, de façon à négocier avec eux (les événements) pour obtenir le résultat le plus équilibré possible, autant que le plus avantageux pour son parti qui est celui de la Russie, - et alors on le définirait effectivement comme "machiavélien", et l'homme politique apparaît alors comme paré de l'« impassibilité des grands seigneurs », c'est-à-dire rejoignant la définition identitaire de ce « Prince » dont nous parle Niccolo :

« L'écriture de Machiavel est un travail d'ingénierie politique, mais elle possède également des principes ontologiques. Il s'agit d'un traité sur l'harmonie des forces, celles que tout prince doit opérer de telle sorte que, en plus d'être un roi, il soit aussi un souverain. Et comme le pouvoir est en mouvement, même si vous le possédez, vous pouvez toujours le perdre. Poutine a entamé une grande bataille, composée de batailles plus petites mais tout aussi importantes. Seul l'avenir nous dira si la prévoyance et la prudence du président font l'objet d'un scénario prémédité ou si, au contraire, au fur et à mesure qu'émergeront des pressions et d'autres agents désireux de s'emparer du pouvoir, il pourra continuer à maintenir l'impassibilité qui est la vertu de tout grand seigneur. »

Il semble bien qu'Ezequiel Corral a choisi son jugement et que pour lui Poutine est "machiavélien", et nullement "machiavélique" selon le sens commun en français. Il y a d'ailleurs chez le président russe, lorsqu'on dit qu'il "fait toujours ce qu'il dit" et qu'il annonce en général, qu'"il dit ce qu'il va faire", une sorte de franchise qui contredirait un caractère "machiavélique" au profit d'un comportement "machiavélien".

L'analyse politique et psychologique du président russe Poutine est donc le travail de Ezequiel Corral, à partir du site 'grupominerva.com.ar', repris en traduction française par le site 'euro-synergie.hautefort.com' le 20 juillet 2022.

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