31/03/2023 francesoir.fr  5 min #226380

Macron 3d : Dissolution, Destitution ou Démission ?

Xavier Azalbert, France-Soir

Les 3D "en même temps" pour Emmanuel Macron.

F. Froger / Z9 pour France-Soir

ÉDITO - Le dernier sondage  vient de tomber, publié dans Le Figaro. La cote de popularité d'Emmanuel Macron est en chute libre : pour 73% des personnes interrogées, c'est un très mauvais Président de la République. Visiblement, l'intéressé est au courant et cela l'inquiète un petit peu.

Au point de vouloir tout faire pour protéger ses arrières (cuisines) : mardi 7 mars dernier, une vidéo de Jérôme Rodrigues sur le réseau social Tik Tok a montré le déploiement d'une cohorte de CRS devant La Rotonde.

 @jerome.rodriguesofficiel 📢🧔🏻‍♂️ quand la police sert à protéger la cantine préférée de Macron,  #Manifestation  #Paris  #15Mars  #RéformeDesRetraites  ♬ son original - jerome.rodriguesofficiel

Emmanuel Macron serait-il à ce point détesté qu'il faille désormais faire appel aux forces de l'ordre (et en nombre !) pour protéger, un jour de manifestation, l'un de ses restaurants favoris ? Voilà qui aurait de quoi agacer encore plus.

Bon nombre d'observateurs politiques (dont une fois n'est pas coutume les éminents "spécialistes" de BFMTV) affirment qu'Emmanuel Macron a pour stratégie de "mettre de l'huile sur le feu". Ils avancent la théorie suivante, comme une évidence : Emmanuel Macron fait "exprès" de faire monter le niveau de colère des manifestants.

Selon eux, Il s'agit de faire en sorte que les images de dégradations soient les plus nombreuses et les plus violentes possibles dans les médias. Pourquoi ?

Pour que les citoyens, notamment les baby-boomers, qui votent en large majorité pour Emmanuel Macron, soient à ce point totalement choqués par ces images de chaos, qu'ils réclament le retour à l'ordre (et à la sécurité) par tous les moyens. Y compris celui de conforter le président de la République.

Voilà comment ce dernier, plus ou moins détesté actuellement par la population, aurait retourné la situation en sa faveur. À nouveau "plébiscité" par sa base électorale, les conditions seraient alors réunies pour qu'Emmanuel Macron puisse "reprendre la main", par exemple avec la dissolution de l'Assemblée nationale, avec l'espoir de remporter les élections législatives et d'obtenir la majorité absolue.

Cela expliquerait les raisons pour lesquelles le président de la République s'entête tellement avec sa réforme des retraites, au sujet de la laquelle le Conseil constitutionnel doit statuer sur cette loi le 14 avril 2023.

Toutefois, Emmanuel Macron devrait se méfier des scénarii alambiqués... Depuis le début, des observateurs le prennent pour Louis XIV. Mais d'autres encore lui prêtent une fin de règne difficile, à la Louis XVI.

Et si l'huile sur le feu rendait le brasier incontrôlable ? "Ce n'est pas une révolte, Sire. C'est une révolution", lança le Duc de La Rochefoucauld-Liancourt au roi qui minimisait alors les événements de la veille, un certain 14 juillet. Le réveil risque d'être brutal : "Ce n'est pas de l'impopularité, Sire. C'est de la détestation."

Bien que nulle part, il ne soit dit dans la Constitution que le Président de la République puisse démissionner, rien n'empêche matériellement Emmanuel Macron de le faire. En 1969, Charles de Gaulle a présenté sa démission et le peuple l'a acceptée. Il est donc raisonnable de considérer que si le président Macron présente sa démission, le peuple français l'acceptera également.

Lors d'une  interview accordée au magazine... Pif, le 20 février 2023, une élève de quatrième évoquait cette possibilité : "Pouvez-vous quitter votre poste en plein mandat, et comment ça se passerait si vous le quittiez ?". Réponse du président : "Si tu le quittes, c'est qu'il peut y avoir une énorme crise et que tu es empêché" (...) "À ce moment-là, tu remets ton mandat aux Français, et le peuple vote à nouveau".

Une information assez lunaire de prime abord. Je préfère me donner le temps de la réflexion avant de la commenter prochainement. Rappelons l'analyse de Chris Bickerton, politologue anglais, à propos du "macronisme". Il le décrit en ces mots : "C'est une forme indéfinie de politique qui ne se connecte pas avec le Français." Donald Trump étant moins poète et diplomate, il a une formule un peu plus terre à terre sur le sujet : "Tout ce que touche Emmanuel Macron se transforme en de la merde."

La position médiane étant souvent la bonne, je vais conclure en reprenant ici l'analyse qui m'a été donnée hier par un éboueur au cœur du conflit social, qui secoue actuellement le pays : "D'un côté, il y a ce que Macron détruit délibérément, et de l'autre côté, il y a tout ce que Macron détruit parce que c'est avant tout un idiot. Il est déconnecté de la réalité de la rue."

Voilà qui donne une très belle définition du macronisme.

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