Par Finian Cunningham, le 18 décembre 2024
Le président élu Donald Trump semble vouloir trouver une solution pacifique à la guerre qui sévit depuis trois ans en Ukraine. Toutefois, horrible ironie, le conflit pourrait entrer dans sa phase la plus dangereuse à quelques semaines de la prise de fonction de Trump à la Maison-Blanche.
Le danger s'accroît sous la pression des laquais de l'Europe. Malheureusement, ce sont des politiciens européens faibles et sans scrupules prêts à se plier en quatre pour plaire à Trump qui pourraient déclencher la guerre par procuration contre la Russie, et la transformer en une véritable conflagration.
Le président français Emmanuel Macron et l'ancien Premier ministre néerlandais Mark Rutte sont les deux plus abjects - et perfides - politiciens européens.
Tous deux s'affichent comme des "chuchoteurs de Trump", c'est-à-dire comme les personnalités européennes les plus aptes à travailler avec le nouveau président américain. Ou, en d'autres termes, les deux politiciens européens les plus obséquieux et les plus soumis pour tenter de gagner les faveurs de Trump.
Nous l'avons bien vu lorsque Macron a invité Trump à se joindre à d'autres dirigeants internationaux pour assister à la réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris la semaine dernière. Le dirigeant français a posé avec Trump et Vladimir Zelensky lors de parlottes en aparté - Macron se posant en porte-parole du reste de l'Europe. Macron semble courtiser Trump en offrant des troupes européennes pour soutenir son initiative de paix.
Quelques jours plus tard, Macron était à Varsovie pour promouvoir son idée d'envoyer des troupes européennes en tant que "soldats de la paix" en Ukraine - si Trump parvient à négocier l'accord de paix tant vanté entre Moscou et Kiev. Macron affirme que l'Europe doit faire partie de toute négociation, au lieu de s'en remettre à Washington. Ces propos visent à s'attirer les bonnes grâces de Trump, toujours prompt à réaliser des économies pour l'Amérique.
Au début de l'année, le dirigeant français a suscité la controverse et l'inquiétude en appelant au déploiement d'un grand nombre de troupes de l'OTAN en Ukraine. Les forces spéciales de la France et d'autres membres de l'alliance sont déjà présentes en Ukraine pour lutter secrètement contre les forces russes, mais M. Macron a préconisé le déploiement officiel de troupes armées.
Un tel acte transformerait le conflit par procuration contre la Russie en une guerre ouverte entre des puissances dotées de l'arme nucléaire. Quand Macron a dévoilé son idée, des réactions négatives des dirigeants de l'Europe ont fusé, contre une intensification inconsidérée des hostilités.
Aujourd'hui, Macron récidive, mais cette fois en qualifiant les troupes européennes de l'OTAN de "soldats de la paix" censés faire respecter le potentiel accord de paix de Trump.
Cette initiative de paix a peu de chances de trouver preneur malgré la nomination du général à la retraite Keith Kellogg comme envoyé de Washington. Trump semble véritablement préoccupé par la prévention d'une escalade du conflit. Il s'est montré cinglant à l'égard de l'administration de Joe Biden, qui a autorisé l'Ukraine à lancer des frappes de missiles longue portée en Russie avec des armes américaines et de l'OTAN.
Néanmoins, à en croire les rapports, les conceptions de Trump pour parvenir à la paix sont superficielles et méconnaissent le niveau élevé des conditions sécuritaires de la Russie. Moscou n'acceptera pas de "conflit gelé" comme le propose l'équipe de Trump. Le Kremlin a déclaré à plusieurs reprises qu'il poursuivra son opération militaire jusqu'à ce que le régime de Kiev et les forces de l'OTAN soient vaincus et démantelés.
L'idée d'une partition de l'Ukraine façon guerre froide, avec des troupes de l'OTAN d'un côté face aux soldats russes de l'autre - même s'ils sont appelés "casques bleus" - ne tient pas la route. Une telle mesure impliquerait en effet le maintien du régime anti-russe de Kiev, avec toutes ses détestables affiliations nazies en tant que protectorat de l'OTAN, menaçant ainsi la sécurité de la Russie à perpétuité. C'est précisément la raison pour laquelle la Russie a lancé son opération militaire spéciale en février 2022.
Plutôt que de conclure la paix, Trump pourrait finir par attiser la guerre s'il insiste pour promouvoir une "solution" en demi-teinte qui ne s'attaque pas aux véritables causes de la guerre - à savoir l'expansionnisme de l'OTAN.
C'est le désir louche et crapoteux de Macron d'être perçu comme le meilleur ami européen de Trump qui accroît le danger. Le dirigeant français, extrêmement impopulaire, se permet d'offrir sans scrupules des troupes européennes en gage de sympathie pour les préférences transactionnelles de Trump.
En agissant de la sorte, Macron ouvre les portes de l'enfer en Europe.
L'autre laquais perfide du continent se nomme Mark Rutte, nommé secrétaire général de l'OTAN en octobre.
Rutte a prononcé son premier grand discours public à la tête de l'alliance la semaine dernière. Ce fut un plaidoyer pour la guerre contre la Russie à faire froid dans le dos. Les déclarations cyniques et mensongères de l'ancien Premier ministre néerlandais ont été particulièrement choquantes. Son discours n'a été qu'une diatribe truffée de mensonges, accusant le président russe Vladimir Poutine de "tenter d'annihiler nos libertés et nos modes de vie".
Rutte a exhorté l'ensemble des nations européennes à consacrer des dépenses très supérieures au budget de leur armée afin de se préparer à une guerre contre la Russie. Il a affirmé que les gouvernements européens ne déboursent pas assez, bien qu'ils aient collectivement investi un montant total estimé à 600 milliards de dollars en dépenses militaires additionnelles au cours de la dernière décennie. De combien d'argent les bellicistes ont-ils encore besoin ? Et pourtant, M. Rutte a eu l'étrange culot de déclarer dans son discours que la "Défense" (c'est-à-dire la guerre) est un impératif éthique, "pas comme les drogues illicites ou la pornographie". Le pervers accro à la guerre a parlé.
Avec la sincérité d'un kapo de KZ [Konzentrationslager : camps de concentration], M. Rutte a déclaré que les Européens doivent investir davantage dans l'armée de l'OTAN pour "défendre la sécurité et la démocratie". Il a effrontément exhorté à réduire les dépenses de l'État en matière de protection sociale, de retraites et de services publics, et à réaffecter les fonds à l'armée - tout cela au nom de la guerre contre la Russie.
Dans une interview ultérieure pour la BBC, intitulée "L'OTAN doit passer à la logique de guerre, avertit le secrétaire général", M. Rutte a multiplié les louanges à M. Trump pour avoir incité les Européens à affecter une plus grande part des finances de l'État aux dépenses militaires. Il a déclaré que Trump a "tout à fait raison" d'insister sur l'augmentation des budgets de l'OTAN.
Macron et Rutte s'efforcent de pousser l'OTAN et l'Europe à s'impliquer davantage dans la guerre en Ukraine de par leur veule soumission à Trump. L'ironie veut que Trump souhaite avant tout mettre fin au conflit en Ukraine, mais les lavettes européennes sont si pathétiques dans leur servilité qu'elles font monter d'un cran le risque d'une guerre totale.