Par Anthony Torres
25 janvier 2020
180.000 manifestants selon les syndicats contre 8.000 selon la police ont défilé dans les rues de Marseille a l'appel de l'intersyndicale CGT, FO, Sud Solidaire et la CFE-CGC. Alors que le projet de réforme des retraites passe au Conseil d'Etat, afin de préparer son adoption par l'Assemblée nationale, les travailleurs ont fait part de leur colère et de leur détermination à lutter contre cette réforme et Macron.
Plus nombreux que la journée d'action précédente, les travailleurs de la RTM, de la SNCF, des Ports et Docks, des raffineries, de la fonction publique, des enseignants largement mobilisés, des avocats ainsi que des «gilets jaunes» se sont rassemblés à la Porte d'Aix près de la gare Saint Charles.
Le port de Marseille était bloqué ainsi que des lycées et universités. Des manifestants ont aussi tenté de bloquer les deux entrées de l'A7 à Marseille, zone Saint-Charles. D'importants bouchons ont alors été provoqués notamment dans le tunnel Saint-Charles.
Plusieurs manifestations dans la région étaient organisées comme sur Avignon, Digne-les-Bains où Arles. Sur Nice près de 3.000 personnes, 10.000 selon la CGT, ont manifesté.
Les reporters du WSWS ont pu parler à Nadia, assistante sociale en «colère contre les politiques de réforme qui aujourd'hui détruisent beaucoup d'acquis sociaux. Je travaille où je vois un public dans une situation de très grande fragilité. L'impact est vraiment négatif, on le voit de plus en plus, les gens vont mal, on a de moins en moins de moyen de les aider. Je crains pour l'avenir de nos enfants et pour les générations d'après. La colère se transforme en révolte, j'espère que ceux qui nous dirigent le comprendront. Nous sommes nombreux, je pense que cela veut bien dire quelque chose. Ceux qui ne sont pas dans la rue sont aussi avec nous.»
Elle poursuit: «Il y a une injustice sociale, une inaction face aux problèmes écologiques. Pourquoi une minorité a-t-elle acquis tous les moyens de diriger le monde? Macron est au service de multinationales donc on sait que c'est un problème de politique internationale. On espère que la France sera un exemple pour tous les autres peuples pour dire que nous n'accepterons pas ces politiques-là.»
Lorsque le WSWS fait remarquer à Nadia, que le projet de loi passe en Conseil d'Etat et lui demande ce qu'elle pense de cette manifestation, Nadia dit: «Nous voulons dire notre désaccord avec cette réforme qui casse les acquis du CNR.... Nous souhaiterions la mise en place les moyens pour plus d'égalité, une meilleur répartition des richesses et pour que les hauts revenus soient plafonnés car la précarité touche de plus en plus de monde.»
Le WSWS a parlé à Nadia des luttes des travailleurs à travers le monde et de la nécessité de rompre avec les syndicats pour unifier les luttes internationales des travailleurs. Nadia en est solidaire: «On voit bien les initiatives écologiques et politiques à travers le monde aujourd'hui, le problème c'est la fédération de tous ces mouvements sociaux pour pouvoir imposer un nouveau modèle social nécessaire.»
Marie-Cécile, chercheuse au CNRS syndiquée à la CGT a dit vouloir «le retrait de la réforme des retraites qui est un système hyper individualiste qui va engendrer une source d'inégalité.»
Elle a expliqué au WSWS ses conditions de travail difficiles «comme tous les fonctionnaires, car avec le poids de la vie notre indice ne bouge pas. La tendance actuelle est de nous mettre en concurrence, car les financements sont établis sur les projets avec une vision à court terme et compétitive de la fonction publique. Il y a un non sens dans notre métier car le plus important est quelle vision donner à la recherche.»
Sur les manifestations, elle a dit que «nous on n'est pas d'accord, on ne peut pas laisser passer des choses comme ça. Les 12 milliards, on peut les trouver. Ils veulent casser le système pour faire des retraités pauvres. J'espère que ce ne sera pas la fin du mouvement. Nous sommes nombreux, on est prêts à se battre. Il y a le problème des syndicats dits réformistes qui compromettent les chances que l'on peut avoir pour retirer la réforme. Je pense que le système capitaliste créé des inégalités et quand les gens n'ont plus rien ils vont dans la rues car les gens n'en veulent plus de ce système.»
Sur les violences policières, Marie-Cécile a dit: «Il y a une tendance actuelle d'une répression policière très dure même si. A Marseille je suis surprise ce n'est pas autant qu'à Paris, même si nous avons quand même eu la mort de Zineb Redouane lors du mouvement des 'gilets jaunes'.»
Enfin le WSWS a parlé à Sylvie, gilet jaune et militante d'Attac. Sur le passage de la réforme devant le Conseil d'État, elle a dit: «Quand on voit les sondages, la majorité des Français ne veulent pas de la réforme. Donc c'est de dire au premier ministre qu'il ne peut pas faire passer cette réforme et qu'il doit nous écouter, ne pas passer en force.»
Sur les négociations entre les syndicats et le gouvernement, elle a dit: «Nous on ne rentre pas dans le contexte de la négociation, nous voulons le blocage de l'économie pour le retrait de la réforme. Je ne pense pas que la CGT et Solidaires négocient la réforme mais sur une autre base. Nous ne pouvons pas parler de négociation, le gouvernement n'a jamais écouté leurs arguments. On s'aperçoit que ni les 'gilets jaunes' ni les syndicats nous n'avons obtenus quelque chose. Il faut une convergence entre leur base et les 'gilets jaunes'. Notre revendication du RIC est de dire qu'il faut contrôler le pouvoir, mais le problème est comment le renverser.»
Enfin Sylvie explique sur les violences policières: «Il y a un renforcement du contrôle policier, Macron a pensé à l'utilisation de l'armée. Dans l'histoire de la Cinquième République on ne l'a jamais vu. La violence est délibérée, les polices ont l'ordre de leur hiérarchie.»