Selon les organisateurs, les mobilisations contre la loi Sécurité globale ont réuni près de 500 000 manifestants. Les casseurs se sont invités en vandalisant et en agressant les forces de l'ordre.
Entre 133 000 (selon de ministère de l'Intérieur) et 500 000 (organisateurs) personnes ont exprimé leur mécontentement dans les rues de France le 28 novembre au cours de la marche des libertés, pour principalement demander le retrait de plusieurs articles polémiques de la future loi Sécurité globale.
La plus grosse mobilisation a eu lieu à Paris avec près de 45 000 personnes (selon la préfecture), 200 000 selon la coordination «Stop ! Loi sécurité globale», qui rassemble des syndicats de journalistes, des ONG, l'association de la presse judiciaire, la Ligue des droits de l'Homme (LDH) et d'autres associations.
Membre de la coordination, le Syndicat national des journalistes (SNJ, principal syndicat des journalistes) a demandé, par la voix de son Premier secrétaire général Emmanuel Poupard, le retrait de la loi dans son ensemble, ainsi que du «du nouveau schéma national du maintien de l'ordre».
«Floutage de gueule», «Qui nous protégera des féroces de l'ordre ?», «Baissez vos armes on baissera nos caméras» : les manifestants ont sorti les pancartes et fait fleurir les slogans contre un texte jugé attentatoire à «la liberté d'expression» et à «l'Etat de droit» par ses opposants.
Contrastant avec un défilé globalement calme à Paris dans l'après-midi, des affrontements ont opposé casseurs et forces de l'ordre, qui ont utilisé en fin de journée les canons à eau, au point d'arrivée du cortège, place de la Bastille. Plusieurs feux ont été lancés, notamment contre le bâtiment de la banque de France.
Au total, 46 personnes ont été interpellées à Paris et en région. 23 membres des forces de l'ordre ont été blessés dans la capitale et 14 autres en région, a d'ailleurs fait savoir le ministère de l'Intérieur.
Gérald Darmanin a condamné sur son compte Twitter «des violences inacceptables contre les forces de l'ordre». Sur les réseaux sociaux, plusieurs vidéos ont circulé montrant des policiers violemment pris à partie, frappés en étant parfois à terre.
Un journaliste indépendant d'origine syrienne a été également blessé au visage pendant une charge de police tout comme plusieurs manifestants, a constaté une journaliste de l'AFP.
Photo Gabrielle Cesard. AFP
Hors Paris, des cortèges nombreux dans les villes françaises
Plusieurs milliers de personnes se sont également rassemblées à Marseille, Rennes, à Lille ou encore à Montpellier. «Ces lois-là sont faites pour museler les oppositions, les résistances», estime auprès de l'AFP Thérèse Bourgeois, de La Ligue des droits de l'homme dans le cortège marseillais.
A Lyon, la préfecture chiffre à 7 500, le nombre de manifestants (13 000 selon les organisateurs). Selon les informations du Progrès, «trois policiers ont été blessés et quatre personnes [ont été] interpellées» dans la ville du Rhône.
A Strasbourg, 1 500 manifestants selon la préfecture et près de 3 000 selon les médias locaux et l'AFP ont défilé aux cris de «tout le monde peut filmer la police».
Des rassemblements ont également eu lieu dans des villes moyennes, comme à Bourg-en-Bresse (Ain) ou à Montbéliard (Doubs). Dans la ville du Doubs, ils étaient 400 manifestants selon France 3.
"Halte à l’impunité !", à Montbéliard, la "Marche des libertés" contre la loi "sécurité globale" rassemble 400 personnesEn Franche-Comté, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées contre la loi "sécurité globale", et notamment, son article 24, qui restreint la possibilité de filmer les policiers. A Montbéliard, dans le Doubs, ils étaient 400 à marcher pour les libertés.
Sur une affiche, à Montbéliard : « Les policiers ripoux et racistes doivent être virés de la police ». Cette pancarte fait suite...
Après avoir modifié le projet de loi pour inclure des garanties sur le «droit d'informer», le gouvernement a passé la semaine à tenter de déminer ce dossier. En vain : malgré son adoption en première lecture par l'Assemblée nationale, la polémique était telle que Matignon s'est résolu cette semaine à annoncer une nouvelle réécriture du texte par une «commission» indépendante. Avant de rétropédaler face à l'ire des parlementaires et de la majorité, à qui Jean Castex a dû assurer qu'ils auraient le dernier mot. Le ministre de l'Intérieur, au cœur de la tourmente, était pour sa part la cible de nombreux slogans hostiles et de pancartes le tournant en dérision.
«Il est temps de procéder à une reprise en main générale de la police et, pour être encore plus clair, à une refonte de la police», a par exemple déclaré Jean-Luc Mélenchon, le chef de file des députés LFI lors d'un point presse.
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