30/05/2022 arretsurinfo.ch  27min #209181

Maria Zakharova : « La Russie ripostera à toutes les actions hostiles vis-à-vis des médias russes »

Extrait de la conférence de presse de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère russe des Affaires étrangères, 25 mai 2022

Sur la participation du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov à la 38e réunion du Conseil des chefs des sujets de la Fédération de Russie auprès du Ministère russe des Affaires étrangères

Source:  Ministère russe des Affaires étrangères

La 38e réunion du Conseil des chefs des sujets de la Fédération de Russie auprès du Ministère russe des Affaires étrangères se tiendra le 27 mai dans l'enceinte de réception du ministère sous la présidence du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. Cette réunion rassemblera des membres du Conseil, dont des gouverneurs et des cadres supérieurs de l'administration du Président et des organes exécutifs fédéraux. Le thème principal à l'ordre du jour sera l'interaction des sujets de la Fédération de Russie avec les institutions de la société civile afin de promouvoir les intérêts de la Russie en matière de politique étrangère. À l'heure de la mondialisation, les relations internationales des organisations non gouvernementales, notamment celles des réseaux, jouent un rôle de plus en plus important et servent d'outil de la puissance douce complétant et élargissant les canaux de communication entre les États.

La réunion a pour but de discuter et d'étudier les mesures de renforcement du potentiel des organisations non gouvernementales russes, notamment de leur segment régional, pour résoudre des problèmes de politique étrangère.

Il s'agit avant tout de mobiliser les ressources de la diplomatie publique pour soutenir l'opération militaire spéciale en Ukraine, notamment, en ce qui concerne la résolution des problèmes humanitaires et le relèvement des défis liés à la pression de l'Occident collectif sur notre pays et nos citoyens à l'étranger.

Des recommandations axées sur les résultats pratiques seront développées à l'issue de la réunion

Point de situation en Ukraine

La journée d'hier, 24 mai, a marqué les trois mois depuis le début de l'opération militaire spéciale en Ukraine. Au cours de cette période, presque tout le territoire de la République populaire de Lougansk (RPL), la majeure partie de la République populaire de Donetsk (RPD), toute la région de Kherson et une partie importante des régions de Kharkov et de Zaporojie ont été libérés. La vie normale reprend son cours sur les territoires libérés de l'emprise des néonazis, on y assiste à la reprise de l'activité économique et industrielle, au rétablissement des infrastructures, à la réouverture des entreprises, des écoles, des maternelles, des hôpitaux et des cliniques.

Le 24 mai, les démineurs russes ont déminé le port de Marioupol et les spécialistes de la flotte de la mer Noire ont déplacé le navire de garde ukrainien qui avait été coulé par des combattants d'Azov, ce qui a permis à cinq navires étrangers de quitter le port.

Le 20 mai, la reddition des combattants qui se cachaient dans l'usine Azovstal s'est achevée à Marioupol. Après avoir passé un mois dans les sous-sols de l'usine, 2.439 nationalistes ukrainiens ont déposé les armes et se sont rendus. Tous se trouvent sur le territoire de la RPD. Les blessés ont été hospitalisés à Novoazovsk, tandis que les autres ont été transférés dans le centre de détention provisoire d'Ielenovka, dans la banlieue de Donetsk. Leurs crimes ne resteront pas impunis. Ils seront jugés par un tribunal international, que les dirigeants de la RPD prévoient de mettre en place dans la république. Son statut est en cours d'élaboration. Nous saluons ces efforts.

La Russie continue d'attacher la plus grande importance à l'acheminement de l'aide humanitaire aux RPD et RPL, et dans les régions libérées de l'Ukraine où environ 22.000 tonnes de cargaisons humanitaires ont été déjà livrées. Le ministère russe de la Défense annonce quotidiennement l'ouverture de couloirs humanitaires afin d'assurer l'évacuation en toute sécurité des civils vers l'est et l'ouest. Malgré le blocage de l'évacuation vers la Russie par Kiev, environ 1,4 million de personnes, dont 240.000 enfants, ont atteint le territoire de notre pays. Plus de 2,7 millions de personnes ont demandé leur évacuation en Russie, RPD, RPL ou dans les régions libérées. Chaque jour, nous voyons de nouveaux exemples des activités criminelles du régime de Kiev. L'autre jour, on a appris que les forces de sécurité ukrainiennes avaient commis une nouvelle provocation près de la localité de Mazanovka (RPD). Ils ont fait exploser une mine de nitrate d'ammonium.

Le Comité d'enquête de Russie a l'intention d'établir les circonstances du crime. Chaque jour, les forces armées ukrainiennes bombardent les zones résidentielles des RPD et RPL tuant et blessant des civils. Ils continuent d'utiliser des civils comme boucliers humains et de torturer des prisonniers de guerre. Cela semble d'autant plus inhumain dans le contexte de l'assistance médicale fournie par les médecins russes aux prisonniers de guerre ukrainiens et aux mercenaires nationalistes.

Les décisions politiques du régime kiévien soulignent son caractère criminel et néonazi. L'autre jour, la Rada (parlement ukrainien) a voté le retrait du pays de l'Accord de perpétuation de la mémoire du courage et de l'héroïsme des peuples des États membres de la Communauté des États indépendants dans la Grande Guerre patriotique. Lundi 23 mai, le président ukrainien Vladimir Zelenski a signé une loi prévoyant la confiscation des biens des citoyens de l'Ukraine soutenant l'opération militaire russe. Un projet de loi visant à modifier la loi de lustration du pouvoir prévoyant la lustration de tous les députés des 6e et 7e convocations qui avaient voté pour les accords de Kharkov de 2010 sur le stationnement de la flotte de la mer Noire sur le territoire ukrainien jusqu'en 2042 et les "lois dictatoriales » du 16 janvier 2014.

Les propos du conseiller du chef du bureau du Président ukrainien Mikhaïl Podoliak, qui a participé aux négociations sur le règlement de la situation en Ukraine, ont mis les points sur les i (si cela est nécessaire). Il a menacé de punir la population des zones libérées de Zaporojie, de Kherson et de Kharkov si le régime kiévien y retournait. Il promet la punition la plus sévère aux collaborateurs et aux militaires russes et demande d'oublier tout court le mot"les Russes"dans la région de Kharkov, en RPD et RPL. Nous comprenons que Mikhaïl Podoliak et ses semblables marchent sous la houlette des États-Unis. L'un des anciens présidents américains a dit que l'Ukraine avait pour mission de tuer le plus grand nombre de Russes. Cela a été une révélation pour ceux qui ne comprenaient pas ce qui se passait ces dernières années. Ceux qui ont suivi la situation comprennent parfaitement la logique des actions du régime kiévien et de ses superviseurs. Cela a été prononcé sans équivoque. Nous continuons d'entendre des propos similaires. Ils n'ont pas commencé en février 2022, il y en avait toujours. Certains ont refusé de les entendre et de les prendre en considération en pensant qu'il s'agissait d'un bluff ou qu'ils ne comprenaient pas quelque chose. Cependant, tout était très clair.

Les États-Unis et leurs alliés de l'Otan font tout pour prolonger l'opération militaire spéciale en Ukraine et la rendre la plus sanglante possible. Plus de 30 pays, principalement les pays de l'Alliance, fournissent une assistance militaire à l'Ukraine, ce qui signifie des dizaines de milliards de dollars, craignant la défaite complète de l'armée ukrainienne. Les armes continuent de parvenir en Ukraine comprenant maintenant l'artillerie lourde et des systèmes de lance-roquettes multiples (une question se pose sur la démocratie et ses lubies). Dans le même temps, l'Occident considère qu'il n'est pas possible de suivre les armes jusqu'à l'utilisateur final et garantir que ces armes ne soient utilisées que par les forces armées ukrainiennes. Ces armes risquent de tomber entre les mains de groupes criminels partout dans le monde. C'était le cas en Syrie quand l'aide militaire destinée à l'opposition syrienne (celle qui était appelée opposition modérée) tombait entre les mains de Daech ou se vendait sur le marché noir. Ces armes se sont répandues non seulement dans la région du Moyen-Orient, mais bien au-delà, atteignant l'Europe.

La promotion du nationalisme ukrainien par les sponsors occidentaux radicalise davantage les combattants en Ukraine, parmi lesquels un nombre croissant de mercenaires étrangers. Tôt ou tard, ces mercenaires retourneront chez eux (si le destin leur est favorable), où ils vont appliquer l'expérience militaire acquise dans des zones de combat. Cela a été toujours ainsi. L'histoire nous l'enseigne, il faut juste la connaitre.

L'opération militaire spéciale se poursuivra en dépit des sanctions et du soutien de l'Occident à l'Ukraine. Tous les objectifs, qui consistent à protéger les RPD et RPL, à démilitariser et dénazifier l'Ukraine et à éliminer les menaces pour la Russie, seront atteints.

Sur la présentation de la brochure « Crimes de guerre du régime de Kiev: témoignages »

Le 25 mai, la conférence de presse"Crimes de guerre du régime de Kiev: témoignages"se tiendra à 14h30 (provisoirement) dans le centre de presse de l'agence Rossiya Segodnya.

Lors de la conférence de presse, on présentera des brochures rédigées par le bureau de représentation Rossotroudnitchestvo et la Fondation de la recherche sur les problèmes de la démocratie. À travers des fragments d'entretiens avec les résidents de Marioupol et de Volnovakha touchés par les crimes du régime, ces brochures présentent des preuves irréfutables de la manifestation et de la promotion du régime nazi au niveau de l'État en Ukraine, ainsi qu'une évaluation des évènements du point de vue du droit international. Ces brochures ont été traduites en plusieurs langues étrangères (le russe, l'anglais, l'espagnol) afin de communiquer les faits susmentionnés au grand publique à l'étranger.

Parmi les participants à la conférence de presse seront présents: le dirigeant de Rossotroudnitchestvo Evgueni Primakov, le vice-président de la Douma d'État russe Piotr Tolstoï, le correspondant de guerre Dmitri Stechine, le directeur exécutif de l'agence Rossiya Segodnya Kirill Vychinsky, le directeur de la fondation de la recherche sur les problèmes de la démocratie, membre de la Chambre publique de la Fédération de Russie Maxim Grigoriev, le journaliste et publiciste Armen Gasparian.

Nous invitons tout le monde à participer à la diffusion en direct de la conférence de presse (en russe et en anglais). La vidéo sera disponible sur nos plateformes.

Sur la publication de la brochure"Winston Churchill et Franklin D. Roosevelt sur le rôle de l'Armée rouge dans la défaite de l'Allemagne nazie"

Nous aimerions attirer l'attention sur la publication"Winston Churchill et Franklin D. Roosevelt sur le rôle de l'Armée rouge dans la défaite de l'Allemagne nazie". Les pays occidentaux et ceux qui les ont rejoints démolissent des monuments aux soldats de l'Armée rouge. Il serait utile de lire ce que les dirigeants de la coalition antihitlérienne disaient sur ce point. La brochure a été rédigée par le Département historique et documentaire du Ministère russe des Affaires étrangères en collaboration avec la SARL Maison d'édition de Novossibirsk. La publication a pour but de démontrer, de façon objective et impartiale et sur la base des documents d'archives et des transcriptions officielles, l'évaluation donnée par les dirigeants des deux grandes puissances concernant le rôle de l'Union soviétique dans la défaite de l'Allemagne d'Hitler. La brochure est publiée en deux langues (en russe et en anglais) et couvre la période de 1941 à 1945. Une place centrale est accordée à la correspondance entre les dirigeants des trois grands pays pendant la Seconde Guerre mondiale, à leurs discours radiophoniques, aux allocutions lors des conférences de Téhéran et de Crimée. La brochure est illustrée par des photographies authentiques, des déclarations, des communiqués et autres actes juridiques.

L'évaluation impartiale de la contribution de l'USSR à la chute du Troisième Reich présentée par les contemporains de ces évènements diffère fondamentalement des approches politisées des dirigeants occidentaux d'aujourd'hui. Sur quoi reposent leurs jugements actuels? Il doit bien y avoir une base. En règle générale, il s'agit d'une continuité, d'un agenda basé sur des faits historiques et fixé juridiquement lors du procès de Nuremberg. Mais non. Tout contredit l'histoire et les propos de leurs compatriotes qui dirigeaient directement ces évènements. Grâce à ces documents, la chronologie des opérations des forces soviétiques peut être facilement tracée.

Pendant la période difficile de la guerre, en avril 1942, le président américain Franklin D. Roosevelt a déclaré dans son discours à la radio: « Les troupes russes ont détruit et continuent de détruire plus de soldats, d'avions, de chars et de canons de notre ennemi commun que toutes les autres Nations alliées réunies. » Le 20 février 1945 après la Conférence de Crimée, Churchill a écrit dans un message adressé à Staline: « Les générations futures reconnaîtront leur devoir envers l'Armée rouge aussi inconditionnellement que nous l'avons fait, qui avons assisté à ces magnifiques victoires »

Une version électronique de la brochure est disponible sur le site du ministère des Affaires étrangères dans la section Service des archives / Publications documentaires. La publication s'adresse au grand public s'intéressant à l'histoire de la Seconde Guerre mondiale.

Réponses aux questions:

Question: La Russie a récemment annoncé avoir fermé le bureau de la radio-télévision canadienne CBC à Moscou en représailles à l'interdiction de RT et RT France au Canada. Pourraient-ils revenir et à quelles conditions? Y aurait-il des mesures similaires à l'égard d'autres médias étrangers venant des pays qui ont également imposé des restrictions contre les médias russes?

Réponse: Je commencerai par la seconde partie de la question. On peut s'attendre à cela. Effectivement, la Russie ripostera à toutes les actions hostiles vis-à-vis des médias russes. Je ne les décrirai pas maintenant. Il existe des nuances: harcèlement, fermeture, expulsions, non-admission, persécution. Notre réponse sera asymétrique dans bien des cas. Nous voyons des signes de déshumanisation de la part des pays et des gouvernements qui poursuivent ces mesures. Nous donnerons une réponse adéquate à tout. Nous sommes en train de développer un paquet de mesures à l'égard des médias et des journalistes anglo-saxons, étant donné que les mesures répressives y ont été prises contre des médias russes.

En ce qui concerne la première partie de la question, vous avez formulé correctement le lien de causalité entre la situation avec CBC en Russie et RT et RT France au Canada. Nous l'avons déclaré immédiatement. Les médias russes y faisaient face à une persécution infondée (qui durait depuis 2017, et pas depuis un mois ou deux). Tout le monde y était indifférent, y compris les journalistes des médias locaux, les syndicats, les organisations de défense des droits de l'homme qui luttent aujourd'hui pour la pluralité des opinions. En fait, CBC aussi gardait le silence là-dessus. Les tentatives visant à présenter nos mesures de représailles à l'égard de CBC comme une atteinte à la liberté d'expression sont inacceptables.

Nous considérons toujours que la fermeture d'un média est une mesure de dernier recours, qu'on applique quand toutes les autres options (diplomatiques, juridiques ou à travers des négociations) de régler des problèmes et de mettre fin à la pression sur les médias et les journalistes russes dans un pays donné sont épuisées. Ce n'est qu'alors que nous avons recours à cette mesure. Les Canadiens ne devraient pas prétendre que cette riposte a été une surprise pour eux. Nous les avions publiquement avertis. Peut-être, on ne leur en a pas parlé, c'est une autre histoire, car ce sont des actualités russes qui ne devraient pas être relayées, c'est « logique". Les actualités russes n'atteignent pas le marché médiatique canadien. Ainsi, cela a été une surprise pour beaucoup d'entre eux. Ils devraient changer quelque chose chez eux.

Nous avons prévenu les Canadiens à plusieurs reprises de ce scénario s'ils continuaient de fermer les yeux sur nos préoccupations et négliger leurs propres normes relatives aux droits des médias. Un autre point important que nous avons déjà évoqué dans les médias. Les employés du bureau de CBC ont quitté la Russie de leur plein gré début mars. Depuis, ils n'ont pris aucune mesure pour retourner à Moscou, et n'ont manifesté aucun intérêt pour le travail de notre ministère. Je suppose que cela n'avait plus d'importance pour eux. Leur bureau à Moscou est vide depuis quelques mois, alors qu'au Canada on joue la comédie comme si on les expulsait. Ils ne sont plus là depuis mars. Ils sont partis eux-mêmes. Même en ligne ils ne travaillaient presque pas. Je n'ai pas vu ni remarqué leur activité.

Nous avons créé toutes les conditions pour que les journalistes puissent retourner à Moscou. Nous avons respecté toutes nos obligations, nous avons préparé un paquet de documents pour assurer cette possibilité. Maintenant, nous sommes prêts à leur permettre de fermer officiellement leur bureau, de régler toutes les questions et de quitter tranquillement la Russie. Nous faisons preuve de bonne volonté. Il ne peut y avoir aucun problème.

En ce qui concerne leur retour à Moscou à condition de la réouverture des médias russes au Canada, oui, c'est à cette condition seulement qu'ils pourront retourner en Russie. Si les médias russes reprennent leur activité au Canada, les mesures à l'égard des journalistes canadiens seront également annulées.

Quant à la persécution des médias russes à l'étranger, cela se transforme en véritable harcèlement. Les pays qui se permettent de mener une telle politique russophobe feraient bien de se préparer à des mesures symétriques de notre part. Leurs tentatives de justifier leurs actions répressives en catégorisant les journalistes en bons et mauvais, professionnels ou non-professionnels, obéissants ou désobéissants, relèvent du domaine de la démagogie et de la propagande. Nous allons les ignorer.

Deux facteurs conditionnent la profession de journaliste. Le premier facteur est le fait d'avoir une formation ou un certificat professionnel. Le second est que l'activité professionnelle s'exerce dans le cadre de la déontologie et de la législation en vigueur. Lorsque ces deux facteurs sont réunis, on peut dire si c'est un journaliste ou non. Les autorités de ces pays ou certains individus ne décident pas s'il s'agit d'un bon ou d'un mauvais journaliste. Il existe la législation, la déontologie et les lois du genre.

Question: L'agence Associated Press rapporte qu'un désaccord sur l' « invasion de la Russie en Ukraine » est apparu lors d'un sommet quadrilatéral auquel ont participé les dirigeants des États-Unis, du Japon, de l'Australie et de l'Inde. En outre, le premier ministre de l'Inde Narenda Modi n'a même pas abordé le problème du conflit entre la Russie et l'Ukraine dans son discours. Le président des États-Unis Joe Biden a exigé de cesser l'achat du pétrole russe. Quelle est votre évaluation des actions de Washington? Et que pensez-vous des résultats du sommet quadrilatéral dans son ensemble?

Réponse: Séparons ces deux questions. Je ne vais pas commenter les communiqués de l'Associated Press pour un certain nombre de raisons, notamment parce que le sommet quadrilatéral est un format avec lequel nous n'avons rien à voir.

Passons à la partie relative à l'évaluation des actions de la Maison Blanche dans le contexte de notre pays. La Maison Blanche continue d'impliquer de plus en plus de pays dans cet « entonnoir à sanctions » antirusses qu'elle-même a provoqué. Cela s'ajoute à l'embargo sur les importations d'hydrocarbures russes adopté par le président Biden le 22 avril. Ils utilisent les méthodes les plus « avant-gardistes et démocratiques » - la coercition flagrante des alliés et des partenaires à prendre des mesures qui leurs sont défavorables, l'abandon de la coopération mutuellement bénéfique avec notre pays en matière de sécurité énergétique et d'approvisionnement durable en énergie. Souvent le chantage direct est appliqué avec des menaces d'adopter des sanctions « secondaires » pour la collaboration avec des entreprises russes. Tout cela alors que l'administration reconnaît ouvertement un fait évident: les sanctions antirusses portent sérieusement atteinte à l'Occident lui-même, ce qui se traduit par des tarifs exorbitants des stations-service, une hausse du coût des matières premières, de l'alimentation, de l'électricité et d'autres produits. Tout cela est présenté comme des « intrigues de Moscou », tandis que ce n'est que le reflet de leurs propres actions et leur politique. On entend une thèse cynique selon laquelle il faut être patient pour « nuire autant que possible » à la Russie. Il me semble que sous une telle devise dans cette « flottille » de l'Occident collectif, plus d'un navire coulera.

Tout cela se passe dans le contexte de la duplicité flagrante de Washington, qui a recours à la concurrence sans scrupules visant à occuper le créneau de la Russie sur les marchés étrangers. Les Américains, qui disposent eux-mêmes d'importantes réserves d'hydrocarbures, exigent que les autres, qui souffrent d'une pénurie et du coût élevé des ressources, refusent d'importer du pétrole russe. Qu'est-ce que c'est que cette tactique? C'est exactement cela le leadership américain.

L'orientation initiale sur la confrontation des États-Unis, du Japon et de l'Australie en tant que fondateurs du Dialogue quadrilatéral pour la sécurité (Quad) non seulement n'a pas disparu au fil des années, mais continue de se développer, notamment en portant les réunions du Quad au plus haut niveau. Il ne s'agit pas de dialogues mais d'accumulation d'agression. Il est donc impossible de percevoir ce format. Cela ne permet pas à ce format d'être considéré - et pas seulement par la Russie mais, comme nous pouvons le constater, par la plupart des pays de la région - comme une plateforme politiquement sans problème et confortable du point de vue d'un développement non conflictuel. On ne peut pas appeler cela un dialogue. Il s'agit d'un autre exemple du principe « contre qui vous êtes amies, les filles ».

En Asie, où ce « quartet » tente de se positionner et se promouvoir, l'habitude de soumettre les intérêts nationaux aux idéaux supérieurs de la solidarité pseudo-démocratique occidentale, qui s'est développée dans les structures d'alliances centrées sur les États-Unis, ne fonctionne plus. Cela aussi est clair et évident. La véritable confiance des États de la région ne peut être gagnée que par des actes, efficaces et positifs en plus, et non par des slogans. Ce qui est typique, toutes les initiatives que l'Occident essaye de promouvoir par le mécanisme de Quad, manquent traditionnellement de transparence et de précision - des éléments importants pour tout pays, ce qui est souvent dû à l'existence de tels projets de « double fond ». C'est ce qui est pratiqué « dans toute sa splendeur » par les démocraties libérales occidentales au cours des dernières décennies. Une chose est déclarée, mais en réalité, une autre chose est faite. La liberté, la démocratie, le bien sont déclarés, mais en fait il n'y a que le chaos, la destruction dont l'objectif est la même attitude néocoloniale: redistribution des marchés, prise des sphères d'intérêt, « partage » des ressources, saisie de la propriété d'autrui, pillage direct et vol. De vrais pirates du XXIe siècle.

Serait-ce une simple coïncidence l'arrogance croissante des États-Unis à l'égard de l'agenda de l'APEC, formé pendant les décennies par une communauté régionale et le lancement d'un équivalent multilatéral mais déjà sous la marque « indopacifique » centrée sur les États-Unis - le cadre d'engagement économique de la région indopacifique? Comment est-ce possible? Il s'agit d'un décalage.

À l'heure où l'Asie fait l'objet de négociations sérieuses multilaterals de règlement de l'ensemble des problèmes maritimes, notamment dans le contexte des mécanismes de l'architecture aseanocentrique, on propose à la région un modèle alternatif de coopération de profil - le partenariat sur la sensibilisation maritime « indopacifique » avec la prétention de créer une nouvelle plateforme visant à contrôler et à verrouiller tous les formats multidisciplinaires de coopération, notamment visant à assurer la sécurité des activités maritimes.

Ce n'est pas par hazard que les États-Unis et leurs alliés les plus proches de l'alliance politico-militaire ont exigé à plusieurs reprises que ces processus de négociation importants et délicats pour la région tiennent compte des intérêts occidentaux à tout prix, ce qui est directement lié à leur désir de participer directement au travail de coordination du code de conduite en mer de Chine méridionale.

La Russie a toujours exprimé son soutien aux efforts déployés par les parties impliquées en laissant les négociations elles-mêmes à la discrétion des États participants de l'ANASE et de la Chine.

Le partenariat dans le domaine de la cyberséсurité formé par le quartet où le Quad, qui est positionné dans la stratégie récemment mise à jour des États-Unis sur la région indopacifique en tant que structure de base du « projet indopacifique », prétend être un nouvel élément central d'interaction multilatérale dans le domaine des technologies de l'information et de la communication, est considéré comme une alternative aux mécanismes du système aseanocentrique des liens régionaux.

Alors que la région Asie-Pacifique dispose déjà d'organismes de contrôle - le Forum régional de sécurité de l'ANASE (ARF) et la réunion des ministres de la défense de l'Association avec les partenaires de dialogue (ADMM+), ainsi que la « cybersemaine » annuelle de l'ANASE qui est le « cœur » du dialogue régional sur ce thème. Tout cela est en train d'être remplacé par ces initiatives.

Question: Le président de la Pologne Andrzej Duda et le président ukrainien Vladimir Zelenski ont parlé à la Rada d'une frontière transparente et d'autres mesures de coopération entre Kiev et Varsovie. On dirait que les autorités de Kiev sont prêtes à « céder » une partie de l'Ukraine au contrôle de la Pologne. Ne s'agit-il pas de la préparation des forces militaires polonaises à entrer sur le territoire de l'Ukraine? Quelle pourrait être la réaction de la Russie?

Réponse: C'est le régime de Kiev. Le pouvoir, c'est quelque chose qui est lié d'une certaine manière aux intérêts du pays. Voici quelques exemples concrets.

Lors des discours prononcés à l'occasion de la Journée de la diaspora polonaise et de la Journée de la Constitution, le 3 mai, le président polonais Andrzej Duda a déclaré que « l'une des nations de Rzeczpospolita défend aujourd'hui son État » et qu'à l'avenir il n'y aurait plus de frontière entre la Pologne et l'Ukraine. On comprend de quoi il s'agit. Ces paroles sont une preuve indirecte de l'idée récente de la Pologne d'envoyer sa « mission de maintien de la paix » pour élaborer un projet d'établissement du contrôle polonais sur « ses propriétés historiques ».

Il faut adresser cette question au régime de Kiev. Rassemblez d'abord ce qui reste et réalisez ce que vous avez fait avec le pays. Vous continuez à mentir à votre peuple. Vous donnez des parties de votre pays sous un prétexte quelconque. C'est vrai. Ce régime de Kiev détruit l'État, l'Ukraine. Oui, dans le contexte historique cet État n'existait pas. C'est l'un des plus jeunes. Mais il existait et était reconnu par la communauté internationale. Je suis peut-être la dernière (ou avant-dernière dans cette vie) personne qui « jouerait le jeu » du régime de Kiev, mais j'ai envie de demander où sont tous ces gens qui pourraient d'une façon ou d'une autre influencer cette situation? Je parle des citoyens ukrainiens qui manifestent un patriotisme sans précédent. Avez-vous une idée où ce régime vous emmène et de ce qu'il fait au pays? Non seulement les frontières, mais toutes les « passerelles » sont complètement ouvertes à présent.

Il y a un détail important. Est-ce le premier signal dans ce sens venant de Varsovie? Bien sûr que non. Il suffit de rappeler le développement par les Polonais du formulaire du passeport national étranger polonais comportant des images (je suis sûre que le grand public de cette même Ukraine ne le sait pas) des villes de Lvov et de Vilnius, qui ne sont pas du tout polonaises, dans le cadre de la préparation de la célébration en 2018 du centenaire de l'indépendance de l'État. Ou bien le train commandé par les autorités de Voïvodie des Basses-Carpates, la région frontalière avec l'Ukraine, décoré outre l'image de Josef Pilsudski et de scènes de la guerre de 1919-1921, de tracés des frontières de la deuxième Rzeczpospolita, qui comprenait les terres de l'Ukraine occidentale. À l'époque, une telle « référence à l'histoire » a provoqué un scandale sur les réseaux sociaux et l'indignation de certaines parties de l'opinion publique ukrainienne. Mais dans l'ensemble, il n'y a pas eu beaucoup de réactions. Personne n'a posé de questions.

On ne peut pas exclure que Varsovie prépare des plans d' »expansion rampante » sur le territoire de l'État voisin. Il y a des preuves de cela. Le lien avec l'opération militaire spéciale menée par la Russie dans ce cas-là n'est qu'un prétexte. Ces questions, les citoyens ukrainiens devraient les adresser au régime de Kiev. Il n'est plus possible de ne pas s'en apercevoir. Nous assistons à la « prise de contrôle » du territoire ukrainien par les autorités polonaises, les citoyens et les structures de force. Ces projets ne représentent pas des fragments isolés mais constituent une image tout à fait concrète.

Question: Le président de l'Ukraine Vladimir Zelenski a signé une loi sur la confiscation des biens et des actifs des personnes soutenant l'opération militaire spéciale. Les actifs des particuliers et des organisations de la Fédération de la Russie ont été gelés par le Japon. La Lituanie, la Slovaquie, la Lettonie et l'Estonie appellent à leur saisie en faveur de l'Ukraine.

Que dit le décret du Président de la Russie du 3 mai concernant des pays concrets et leurs ressortissants, par exemple, le Japon? La nationalisation de la propriété des pays « inamicaux » est-elle possible?

Réponse: En ce qui concerne la question de la nationalisation, cela ne fait pas partie des compétences du ministère des Affaires étrangères.

La confiscation des biens des personnes pour leurs convictions politiques ou autres représente une violation flagrante des principes de la démocratie et de l'économie de marché, c'est-à-dire de toutes les valeurs et les approches fondamentales de l'Occident, auxquelles l'Ukraine tente d'adhérer. Nous connaissons déjà diverses provocations du régime de Kiev, donc nous ne cessons pas de nous étonner de la façon dont les Ukrainiens ont manqué l'occasion d'être les premiers à lancer une telle initiative.

En ce qui concerne les actifs appartenant à la Fédération de Russie, qui sont actuellement bloqués sur des comptes étrangers, nous avons souligné à plusieurs reprises que nous considérions leurs « blocage » comme un acte illégitime et destructeur, violant tous les principes et les normes du droit international et le fonctionnement impartial du système financier international. Il est certain que c'est le début de la destruction du système financier mondial. Nous pouvons interpréter de telles actions de la part de l'Occident comme un empiètement flagrant sur la propriété souveraine et un vol pur et simple d'un groupe d'États des économies d'un autre. Cela concerne non seulement les relations interétatiques, mais également celles qui sont privées.

C'est une raison de plus pour que le monde se pose des questions sur la fiabilité du dollar américain ou de l'euro en tant que monnaies de réserve et moyens principaux de paiements extérieurs, sur la capacité des géants mondiaux que constituent les États-Unis et l'UE (l'UE collective ou les géants européens) de garantir quoi que ce soit à qui que ce soit, sur l'impartialité et la stabilité de l'ordre financier mondial actuel, imposé par les pays de l'Occident. Cet ordre, qui a été présenté au monde entier en tant qu'une valeur sans alternative, reposait sur les principes de base: le respect et l'inviolabilité de la propriété privée, la liberté d'expression, les fondements libéraux des relations économiques. Tout cela s'est écroulé. Cela n'existe plus. Il ne s'agit plus des sanctions unilatérales mais du piratage du XXIe siècle.

L'utilisation quelconque des actifs provenant à la fois de l'État russe et de ses citoyens sans le consentement des propriétaires légitimes sera considérée comme un acte illégal et manifestement inamical d'un pays en particulier et de ses structures de pouvoir nous autorisant à réagir de manière appropriée.

Le refus de l'Occident d'interagir uniquement dans le cadre légal et l'aggravation de la situation autour de l'accès des États et des particuliers aux actifs leur appartenant constitue un précédent extrêmement dangereux pour tous les membres du système de Bretton Woods. Cela signifie que le caractère souverain de certains actifs n'est plus garanti et que leur statut peut toujours être révisé par des acteurs isolés qui profitent de leur position « privilégiée » en fonction de l'évolution de la conjoncture géopolitique.

Question: Le ministre des Affaires étrangères de la Chine Wang Yi a proposé lors d'une réunion en ligne des ministres des Affaires étrangères des Brics d'entamer le processus d'élargissement du groupe. Il estime que cela permettrait de renforcer l'influence du club et de contribuer au maintien de la paix. Que pense Moscou d'une telle proposition? Quels pays pourraient faire partie des éventuels candidats?

Réponse: Les questions du renforcement de la coopération des Brics avec les pays en développement et les pays émergents, y compris par le biais des mécanismes de partenariat Brics+, c'est-à-dire le mécanisme de dialogue de coopération de l'élargissement des cinq pays, sont constamment au cœur des discussions du groupe. Sous une forme ou une autre ce sujet est abordé lors des sommets et des réunions des ministres des Affaires étrangères. Cette année la présidence chinoise des Brics a proposé d'intensifier ce travail. Nous soutenons une telle initiative.

Le sujet de l'élargissement est ample et multidimensionnel. Il n'est pas aussi simple qu'il puisse paraître. Les paramètres clés d'un tel mécanisme sont à définir. Il est indispensable de créer un consensus intra-Brics selon les normes, les critères et la procédure des nouveaux participants. Tout cela exige un travail interne réfléchi et délicat au sein du groupe des Cinq. Il serait prématuré de révéler les détails ainsi que de nommer les candidats potentiels. Le travail et le consentement doivent avoir lieu au sein du format.

En même temps le renforcement du format outreach/Brics+ mérite également une attention particulière en tant que mécanisme de dialogue permanent de notre association avec les pays en développement et émergents. Nous considérons de manière positive l'extension de telle pratique non seulement aux sommets mais aussi aux autres événements des Brics. Nous notons en outre des discussions intéressantes et fructueuses qui ont eu lieu le 19 mai au cours de la réunion du segment Brics+, qui s'est déroulée pour la première fois dans la cadre de la réunion des ministres des Affaires étrangères des pays du groupe.

Source:  mid.ru

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