
par Al-Manar
Les médias israéliens ont révélé ce qu'ils ont considéré être le réel objectif de la reconnaissance par Israël de la séparation du Somaliland : s'approcher le plus possible du Yémen dans le but de mieux voir Sanaa et de frapper Ansarullah.
«Nous devons voir la carte sur l'écran pour connaitre la région dont nous parlons. Israël se trouve dans le coin de l'écran et la Somaliland se situe sur le littoral», a expliqué le chroniqueur militaire Noem Amir pour la chaine C14.
«La question la plus importante est sa promiscuité du Yémen. Ce qui nous faisait défaut durant les deux années précédentes c'était d'avoir des yeux proches du Yémen pour voir là-bas tout ce qui est lié aux activités des Houthis».
Selon Amir, cette reconnaissance «pourrait ouvrir de nombreuses options stratégiques et de collaboration sécuritaire et la possibilité d'utiliser leur territoire. La carte montre l'importance d'avoir des amis à proximité du Yémen».
Selon un autre intervenant pour la chaine 14, l'analyste Shlomo Vleber, «Israël ne pensait pas qu'il devrait aller aussi loin comme en Somalie pour se défendre».
«Cela fait partie des évolutions des deux dernières années, dont celles face aux Houthis et le blocage du détroit de Bab al-Mandab et la paralysie du port d'Eilat pendant deux ans», explique-t-il.
Et de poursuivre : «nous devons nous rappeler que Trump avait envoyé là-bas, il y a un an, un porte-avions, et qu'il a essayé d'éliminer les Houthis mais il a perdu trois avions et payé un milliard et demi de dollars dans les opérations de pilonnage sans changer quoi que ce soit. Par la suite, les États-Unis se sont retirés. Aujourd'hui, on rapporte qu'Israël va pénétrer en territoire somalien pour des opérations de renseignements et d'espionnage à travers lesquelles il pourra rouvrir ce détroit».
Le site web israélien i24NEWS a assuré à la foi de sources israéliennes que la reconnaissance par Israël de la région du Somaliland est le fruit de tractations secrètes qui ont duré plusieurs mois et sont liées aux craintes de mesures prises par Sanaa.
Dimanche, le chef du mouvement yéménite Ansarullah, Sayed Abdel-Malek Al-Houthi, a mis en garde que «toute présence israélienne dans la région du Somaliland est considérée comme une cible militaire pour les forces yéménites».
Les forces armées de Sanaa ont contribué à la bataille de soutien à Gaza à partir d'octobre 2023 et pendant la guerre génocidaire israélienne. Elles ont au début imposé un embargo aux navires israéliens ou ceux se rendant vers les ports israéliens et qui traversaient la mer Rouge et la mer d'Oman. Ce qui avait provoqué la fermeture du port israélien d'Eilat au sud de la Palestine occupée. Elles ont affronté également les pièces maritimes américaines et britanniques qui étaient intervenues en mer Rouge pour les frapper et les ont contraintes à battre en retraite après leur avoir infligé des pertes avérées. Elles ont plusieurs reprises mené des tirs de missiles en direction des villes israéliennes en Palestine occupée.
De nouvelles alliances
En outre, cette reconnaissance a généré dans la région une conjoncture conflictuelle qui pousse ses États vers de nouvelles alliances, constatent des médias israéliens. Ils ont évoqué entre autres l'Égypte, la Turquie et surtout l'Arabie saoudite qui appréhende un danger imminent en raison de l'alliance entre les Émirats arabes unis et Israël, dans le contexte des revendications séparatistes des groupuscules et tribus du sud du Yémen, soutenus par Abou Dhabi.
Ces États craignent qu'Israël ne reconnaisse aussi cette séparation à l'instar du Somaliland, et appréhendent un effet de contagion vers d'autres séparations similaires dans la région. D'autant que les groupes séparatistes du sud du Yémen ont déjà exprimé leur disposition à entreprendre des tractations à huis-clos avec Israël, surtout après que ce dernier a reconnu la Somaliland, a rapporté la chaine israélienne 11.
«Il y a un axe qui se forme dans la région entre d'une part Israël, les Émirats, les États-Unis et d'autres pays, et un autre axe formé du Qatar, de l'Égypte et de la Turquie qui se dressent contre la démarche israélienne et considèrent qu'elle aura des répercussions», a estimé le chroniqueur israélien pour les questions arabes Omer Neev.
Et l'Érythrée ?
Les médias israéliens n'ont toutefois pas expliqué pourquoi Israël ne tente pas d'espionner Sanaa depuis l'Érythrée avec laquelle il entretient des relations depuis les années 90 du siècle dernier. Ils ont toutefois indiqué que des sites souterrains ont déjà été édifiés en Somaliland pour abriter les avions et les équipements militaires israéliens. Ce qui augure des actions militaires israéliennes vers le sud du Yémen.
Dans les médias israéliens, il est déjà question d'un accord qui a été conclu entre Israël, la Grèce et Chypres en vue d'«un plan d'action pour l'an 2026 qui a pour but d'affronter la Turquie».
source : Al-Manar