18/08/2023 infomigrants.net  5min #232708

Méditerranée : près de 250 migrants secourus, le Geo Barents accuse les Libyens « d'intimidation »

Une opération de sauvetage des équipes de l'Open Arms, le 18 août 2023. Crédit : Open Arms /Twitter

Les équipes de l'ONG Open Arms ont porté secours à 196 personnes en  mer Méditerranée au cours de trois opérations, a indiqué l'organisation sur X (anciennement Twitter). La première, qui a eu lieu dans les eaux internationales, a permis de mettre à l'abri 26 personnes, dont deux femmes, un bébé d'un an et un garçon de cinq ans. Parmi les rescapés, "plusieurs" présentent "des cas de brûlures causées par le mélange d'essence et d'eau de mer", indiquent les humanitaires qui précisent que les exilés sont originaires "du Libéria, de Gambie, de Guinée, d'Érythrée, du Nigéria ou du Soudan".

Plus tard, ce vendredi, l'équipage espagnol a secouru 150 personnes "en danger à bord d'un navire à double pont".

La troisième opération s'est déroulée en collaboration avec le navire Aurora de Sea Watch International. Quarante personnes qui étaient sur une péniche en bois ont été réparties entre les deux embarcations - l'Aurora et l'Open Arms - pour ce sauvetage.

#ULTIMAHORA
Segundo rescate hoy del #OpenArms en aguas internacionales #Med
40 personas en riesgo a bordo de una barcaza de madera muy sobrecargada.
Otra operación de rescate en colaboración con #Aurora @seawatchcrew
¡Seguimos!
196 personas están a salvo a bordo de nuestro…

Accusation "d'intimidation"

De son côté, le Geo Barents a secouru 55 personnes, dont deux femmes et 43 mineurs non accompagnés, au large des côtes de la Libye. Le navire de l'ONG Médecins sans frontières a procédé à l'opération de sauvetage après avoir été alerté par Sea Bird, l'avion civil de Sea Watch International. Les exilés ont été débarqués à Bari, dans le sud de l'Italie, le port assigné par les autorités.

Les équipes du Geo Barents lors d'une opération de sauvetage en 2022. Crédit : MSF

Mais le sauvetage ne s'est pas passé comme prévu, selon l'ONG sur X. "Lorsque notre équipe a effectué l'opération de secours, le navire des garde-côtes libyen s'est approché du Geo Barents, essayant de nous intimider pour que nous quittions la zone", raconte l'ONG qui accuse particulièrement le vaisseau "numéro 662, offert par l'Italie à la Libye".

Ce n'est pas la première fois qu'une altercation se produit en marge d'une opération de sauvetage entre ONG humanitaires et garde-côtes libyens.  En juillet dernier, des coups de feu avaient été tirés par les Libyens alors que les équipes de SOS Méditerranée menaient une opération similaire.

En mars de la même année, les garde-côtes libyens avaient déjà menacé l'équipage du navire de SOS Méditerranée. Dans une vidéo publiée sur Twitter, on pouvait entendre des coups de feu et une membre d'équipage demander aux autorités libyennes de les "laisser tranquille". "Nous sommes dans les eaux internationales, vous ne pouvez pas nous tirer dessus", insistait-elle.

Entre l'UE et la Libye, un accord controversé

"Les États et les institutions européennes doivent immédiatement suspendre leur soutien politique et matériel aux libyens et cesser de soutenir le système des retours forcés en Libye", demande ce vendredi MSF.

Depuis 2016, date du premier accord entre l'Italie et la Libye, plus de 130 000 personnes ont été interceptées en mer et renvoyées en Libye. Mais malgré ces incidents en mer, le Conseil européen a décidé au mois de janvier 2023 de proroger l'opération militaire Irini en mer Méditerranée jusqu'au 31 mars 2025.

Lancé en 2020, cet accord prévoit la formation des garde-côtes libyens et la livraison de navires afin d'empêcher les migrants de rejoindre le Vieux continent. Il doit aussi "contribuer à la perturbation du modèle économique des réseaux de passage clandestin et de traites des êtres humains par la collecte d'informations et les patrouilles aériennes", peut-on lire sur le site de la Commission européenne.

Route migratoire la plus meurtrière

Actuellement, les traversées et opérations de sauvetage se multiplient sur la Méditerranée, route migratoire la plus meurtrière. Le week-end du 13 août, l'Ocean Viking a notamment réalisé  la plus grosse opération de sauvetage de son histoire et a secouru plus de 600 personnes en 15 opérations. Malgré cela, des naufrages arrivent régulièrement. Depuis le début de l'année, plus de 2 100 personnes sont décédées en mer, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

 Selon les autorités italiennes, plus de 102 000 migrants ont débarqué sur les côtes du pays depuis le 1er janvier, c'est le double des arrivées par rapport à la même période l'année dernière.

La rédaction tient à rappeler que les navires humanitaires sillonnent une partie très limitée de la mer Méditerranée. La présence de ces ONG est loin d'être une garantie de secours pour les migrants qui veulent tenter la traversée depuis les côtes africaines. Beaucoup d'embarcations passent inaperçues dans l'immensité de la mer. Beaucoup de canots sombrent aussi sans avoir été repérés. La Méditerranée centrale reste aujourd'hui la route maritime la plus meurtrière au monde.

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