20/02/2025 francesoir.fr  4min #269396

Mercedes-Benz plombé par la chute de ses ventes, prévoit une année 2025 morose

France-Soir avec AFP

Le constructeur allemand de voitures Mercedes-Benz a vu son bénéfice s'effondrer de près d'un tiers en 2024, pris en étau entre la baisse de ses ventes de voiture de luxe, son recul en Chine et une baisse drastique de la demande pour l'électrique.

Face à cette tempête, il prévoit une nouvelle contraction de sa rentabilité en 2025 et mise sur un plan d'économies pour redresser la barre.

Son bénéfice net a atteint 10,41 milliards d'euros en 2024, d'après un communiqué publié jeudi, soit un plongeon de 28,4% sur un an, illustrant l'enlisement de l'industrie allemande, pilier de la première économie européenne, qui souffre principalement du prix de l'énergie, du gaz et de l'électricité.

L'année 2024 a été marquée par une chute des livraisons de véhicules, de 4%, qui ont eu un impact sur le chiffre d'affaires, en baisse de 4,5% à 145,6 milliards d'euros.

Les voitures de luxe de la marque, qui permettent de réaliser les meilleures marges, ont eu moins de succès (-14%), alors que Mercedes s'était pourtant recentré ces dernières années sur ses véhicules haut de gamme.

Cette stratégie a entraîné une "dépendance excessive" de Mercedes aux ventes des produits haut de gamme, d'après une note d'analystes de la Deutsche Bank publiée fin janvier, qui souligne un "surcoût excessif" de ses modèles par rapport à la concurrence.

En conséquence, Mercedes a dégagé une marge de rentabilité des ventes de seulement 8,1% en 2024. Ce ratio ne cesse de se détériorer après avoir atteint 14,6% en 2022 puis 12,6% en 2023.

Et cette rentabilité devrait encore se rétrécir en 2025, à un ratio attendu entre 6 et 8%, d'après le communiqué, qui prévoit une baisse "significative" de son résultat opérationnel pour l'année en cours.

- Essoufflement de l'électrique -

En Chine, où la marque réalise un tiers de ses ventes, ses livraisons ont chuté de 7%. Mercedes-Benz y affronte la concurrence des marques locales de mieux en mieux placées telles que BYD, qui a profité de son côté d'une explosion de ses livraisons mondiales en 2024 (+41%).

Mercedes-Benz pâtit également de l'essoufflement des ventes de voitures électriques, notamment en Allemagne où la demande a chuté en 2024 où le marché revient à la raison. Ses livraisons mondiales de véhicules 100% électriques ont dégringolé de 23%, à seulement 185.000 unités, soit moins de la moitié des ventes électriques du concurrent BMW.

Face à ces difficultés, le groupe a récemment revu à la baisse son ambition de ne vendre que des véhicules entièrement électriques à partir de 2030, soit cinq ans avant l'interdiction prévue par l'Union européenne.

Dans ce contexte, son patron, Ola Källenius, à la tête du lobby européen des constructeurs (ACEA), a appelé en janvier l'UE à renoncer aux amendes visant les fabricants ne respectant pas les objectifs de réduction des émissions de CO2 en 2025.

- Programme d'austérité -

Le groupe a annoncé en novembre dernier un programme d'austérité, déclarant chercher à économiser "plusieurs milliards d'euros par an".

Le communiqué ajoute que le groupe prévoit désormais de réduire ses coûts de production de 10% d'ici 2027, pour restaurer "une marge de rentabilité à deux chiffres", sans préciser s'il envisage des suppressions d'emploi.

Son concurrent Volkswagen a déjà annoncé en décembre la suppression de 35.000 emplois en Allemagne et la délocalisation de la production de son modèle iconique, la Golf, au Mexique.

La situation de Mercedes-Benz s'est toutefois "stabilisée" au dernier trimestre, explique à l'AFP Ferdinand Dudenhöffer, expert du secteur automobile en Allemagne.

D'octobre à décembre, le groupe a dégagé un bénéfice net part du groupe de 2,48 milliards d'euros, en baisse de 20,3%, mais ses livraisons mondiales de voitures sont reparties à la hausse (+1%), pour la première fois de l'année, portées par une reprise en Chine (+3%).

La marque compte sur son nouveau modèle électrique, la berline coupé CLA, attendue pour le printemps, pour relancer les ventes dans ce secteur.

Aux États-Unis, le rebond des ventes de véhicules thermiques au détriment de l'électrique pourrait aussi jouer en faveur de Mercedes-Benz, estime M. Dudenhöffer.

Cependant les constructeurs allemands craignent la hausse des droits de douane promise par Donald Trump sur les importations européennes, qui affecterait leurs ventes.

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