15/04/2025 francesoir.fr  4min #274982

Meta devant la justice pour répondre à des accusations d'abus de position dominante

France-Soir

Trump ou pas, Mark Zuckerberg et son groupe devront se confronter aux juges. Le procès de Meta s'est ouvert lundi 14 avril à Washington. Les États-Unis accusent le géant des réseaux sociaux d'avoir acquis Instagram et WhatsApp pour étouffer la concurrence. L'agence de protection des consommateurs (FTC) doit encore démontrer que ce monopole aboutit à un usage dégradé pour les usagers, obligés de tolérer "trop de publicités et de changements abrupts". À ce propos, la maison mère de Facebook entend entraîner son IA à l'aide des données publiques de ses utilisateurs de l'Union européenne (UE).

Peu après la victoire de Donald Trump face à Kamala Harris, Mark Zuckerberg a multiplié les efforts pour, dans un premier temps, calmer sa relation houleuse avec le président américain, et s'attirer ses bonnes grâces dans un second temps. Dès le mois de décembre, Meta a fait un don d'un million de dollars au fonds d'investiture de l'homme d'affaires new-yorkais. Ce don intervenait deux semaines après un dîner entre les deux hommes dans la propriété de Donald Trump de Mar-a-Lago, pendant lequel le patron de Meta a exprimé son intention de le "soutenir" et "l'aider à mettre en œuvre des réformes nationales".

Meta menacé de démantèlement

Quelques semaines plus tard, Mark Zuckerberg annonçait un revirement complet de sa politique de modération sur ses réseaux sociaux, en se débarrassant des fact-checkers pour adopter la stratégie de modération de X, introduite par son propriétaire Elon Musk. Une mesure officiellement entrée en vigueur la semaine dernière aux États-Unis.

Fin janvier, la société californienne avait accepté de payer 25 millions de dollars de dédommagement à Donald Trump pour mettre fin à des poursuites que ce dernier aavait engagées suite à la suspension de ses comptes en 2021, après l'assaut du Capitole.

Autant d'efforts qui ne semblent pas avoir suffi pour attirer les bonnes grâces du président américain. Du moins, pas assez pour suspendre ou faire annuler un procès à travers un règlement à l'amiable avec la Justice. Récemment encore, Mark Zuckerberg s'est plusieurs fois rendu à la Maison Blanche pour convaincre la nouvelle administration.

Le "baron de la data" s'inquiétait essentiellement du procès qui pourrait aboutir au démantèlement de son groupe. "Je serais très surpris qu'une telle chose se produise", avait estimé Andrew Ferguson, président de l'agence de protection des consommateurs, la FTC.

Selon la plainte déposée, il y a cinq ans, c'est-à-dire sous le premier gouvernement Trump, Meta est accusé d'avoir acheté Instagram et WhatsApp pour étouffer les concurrents et d'avoir abusé de sa position dominante.

L'accusation doit prouver, pendant les prochaines semaines du procès, que la société californienne a abusé de sa position dominante lors du rachat d'Instagram en 2012, pour un milliard de dollars, et de WhatsApp en 2014, pour 19 milliards. "Pendant plus d'une décennie, Meta a maintenu aux États-Unis un monopole sur les services de réseaux sociaux personnels", estime la FTC, qui différencie TikTok et YouTube des filiales de Meta. Ce que les avocats de ce groupe rejettent. "Le fait que ces services sont différents par certains aspects des applications de Meta ne fait que prouver que ces proches concurrents innovent avec des outils et fonctionnalités pour gagner en minutes d'attention des utilisateurs", argumentent-ils.

Que risquent Mark Zuckerberg et sa société ? Une ordonnance de démantèlement historique qui obligerait la maison mère de Facebook à se séparer d'Instagram et de WhatsApp.

Les données des utilisateurs pour entraîner l'IA

La FTC en veut aussi pour preuve des courriels de Mark Zuckerberg dans lequel il s'inquiétait de la concurrence, avant ces rachats. "L'impact potentiel d'Instagram est vraiment effrayant et c'est pourquoi nous devrions envisager de payer beaucoup d'argent", avait-il écrit. L'accusation doit ainsi prouver que le monopole de Meta "se traduit par un usage dégradé pour les usagers", confrontés à "trop de publicités et de changements abrupts".

Un de ces changements intervient justement ce lundi, jour de l'ouverture du procès. La société californienne a annoncé sa décision d'entraîner l'IA à l'aide des données publiques de ses utilisateurs dans l'Union européenne (UE). Ces derniers seront informés prochainement par une notification. "Les personnes basées dans l'UE qui utilisent nos plateformes peuvent choisir de s'opposer à ce que leurs données soient utilisées à des fins d'entraînement", a précisé Meta.

L'intelligence artificielle du groupe pourrait aussi bien s'entraîner sur les requêtes et les questions envoyées au chatbot conversationnel Meta AI, que sur les publications et commentaires publics des utilisateurs. La firme de Menlo Park précise que cette mesure ne devrait pas concerner les moins de 18 ans, ni les messages privés des utilisateurs, mineurs ou adultes.

Meta AI a été déployé fin mars, presque un an après son lancement aux États-Unis. Un retard qui s'explique par l'entrée en vigueur de nouvelles réglementations européennes qui sur les nouvelles technologies, en plus de celles existantes comme le règlement général sur la protection des données (RGPD).

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