30/12/2018 reseauinternational.net  5min #150183

 À la demande des Kurdes pro-Us, l'Armée arabe syrienne entre à Manbij

Minbej, le verrou stratégique susceptible de provoquer une guerre mondiale...

La situation est devenue extrêmement complexe et tendue dans le voisinage de la ville de Minbej, située à l’extrême nord de la Syrie, à 30 kilomètres de la frontière turque.

Cette ville est un verrou stratégique entre les deux rives de l’Euphrate. Son contrôle permet non seulement de commander le passage entre le Nord-Est et le Nord-Ouest la Syrie mais de contrôler la voie liant le Nord du gouvernorat d’Alep à la Turquie méridionale.

Des informations contradictoires nous parviennent de cette ville depuis près de 24 heures.

Les forces syriennes loyalistes et leurs alliés des forces tribales ont diffusé des vidéos où l’on pouvait voir le drapeau syrien hissé au dessus d’un ancien bâtiment officiel.

Un peu plus tôt, le porte-parole du haut commandement militaire syrien annonçait sur un ton martial la reprise de Minbej par l’Armée Arabe Syrienne à la demande des forces kurdes des YPG.

Dans les faits, des convois de SUV et de Technicals (pick-up dotés d’une puissante motorisation et d’une arme lourde) des milices populaires loyalistes et des forces tribales ont approchés la localité de Minbej mais n’ont pu y pénétrer.

Des unités de la quatrième division des forces armées syriennes ou ce qu’il en reste, faisaient route d’Alep vers Minbej mais l’absence d’une couverture aérienne et par dessus tout d’hélicoptères de transport et d’attaque indique que les mouvements des militaires syriens seraient limités et que ces mouvement ont plus une portée symbolique que réellement tactique.

C’est en substance ce qu’a déclaré le président turc Tayep Recep Erdogan en commentant les informations faisant état de l’entrée de l’Armée syrienne à Minbej.

La Turquie, membre de l’OTAN et très proche allié de Washington, ne s’est pas limitée à critiquer ce qu’elle à qualifié d’opération de guerre psychologique syrienne mais est passée à l’acte en deux temps.

Dans un premier temps, Ankara n’a pas cessé d’envoyer des renforts militaires lourdement équipés vers la frontière syrienne. Il s’agit d’une montée en puissance du dispositif militaire Sud avec l’adjonction de l’équivalent de trois à quatre divisions en déploiement à 30 kilomètres au Nord de Minbej.

Dans un deuxième temps, les turcs ont mobilisé l’ensemble des rebelles syriens non kurdes, y compris les membres d’Al-Nosra et de Daech en les encadrant sous le pavillon de l’Armée syrienne libre (ASL).

Objectif :  monter une opération de « libération de Manbij » et empêcher l’avancée des forces loyalistes à Minbej à l’achèvement du retrait des forces US de cette localité.

Les YPG kurdes sont obligés de procéder à des changements d’alliance circonstantiels. Le retrait américain de Minbej les inquiète au plus haut point, d’autant plus qu’ils savent qu’ils sont incapables à affronter symétriquement une éventuelle invasion turque. Ils se sont ainsi tactiquement rapprochés de Damas mais devront faire face à Daech et Al-Qaïda regroupés sous la bannière de l’ALS sous protection turque et donc de l’OTAN.

Paradoxalement, les forces spéciales non turques de l’OTAN, françaises et britanniques en majorité, déployées auprès des milices  kurdes et non kurdes regroupées sous le label des Forces Démocratiques Syriennes, affirment lutter contre Daech dont les éléments sont encadrés par l’OTAN via la Turquie !

Les habitants eux ne se font aucune illusion. Ils sont résolument anti-turcs et une partie de la population, surtout les commerçants,  regrette le départ des militaires US. Contrairement aux forces européennes (France, Royaume-Uni, Italie), les Américains ont donné une véritable impulsion à l’économie locale. Forcés de choisir entre le Turc et Damas, les habitants de Minbej ont vite fait leur choix :  plutôt le gouvernement de Damas et ses tares qu’avoir à subir une occupation turque via des auxiliaires locaux radicaux et extrémistes.

Minbej, une localité stratégique commandant les deux rives de l’Euphrate, est désormais  susceptible de déclencher un conflit mondial.

Photo: Les combattants syriens dans la région de Sajour, entre Jarables et Minbej, le 28 décembre.

source: strategika51.blog

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