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Rassemblement des partisans du Hezbollah dans la banlieue sud de Beyrouth pour le discours d'Hassan Nasrallah le 17 juillet.
«Si l'ennemi vise de nouveau des civils comme il l'a fait ces derniers jours, cela nous poussera à tirer sur des localités que nous n'avions pas prises pour cible jusqu'à présent», a ouvertement menacé le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah dans un discours le 17 juillet à l'occasion de la fête religieuse chiite de l'Achoura.
Ces propos intervenaient au lendemain de deux raids israéliens meurtriers au Sud-Liban ayant fait cinq victimes civiles, dont trois enfants âgés de moins de 12 ans. En riposte, l'organisation pro-iranienne avait lancé plusieurs salves de roquettes sur des positions de l'État hébreu.
Le leader du parti chiite a une nouvelle fois précisé la position de son mouvement. «Notre front restera actif tant que l'agression contre la bande de Gaza [...] se poursuivra», a-t-il déclaré. Il s'en est ensuite pris directement à l'exécutif israélien : «Après dix mois de combats, Israël semble incapable d'atteindre ses objectifs et couvre son échec en commettant des massacres et en tuant des civils.»
Hassan Nasrallah n'a pas manqué également de critiquer les États-Unis qui «portent l'entière responsabilité des crimes et des massacres de l'ennemi» israélien, appelant à «la solidarité avec Gaza, son peuple et sa résistance».
Malgré les efforts franco-américains, un accord est loin d'avoir été trouvé
«Nous reconstruirons nos maisons et nos villages sur la ligne de front [...] car ils sont le symbole de notre fermeté et de notre résistance», a encore précisé le dirigeant chiite.
Concernant les efforts diplomatiques pour arriver à un accord frontalier entre les deux ennemis, Hassan Nasrallah a été clair : «Toutes les rumeurs sur un accord relatif aux frontières sud du Liban sont fausses.»
En effet, l'émissaire américain Amos Hochstein, épaulé par Jean-Yves Le Drian, tente de négocier entre Beyrouth et Tel-Aviv pour réduire les tensions entre les deux pays. Washington défend des mesures spécifiques pour le Liban et le Hezbollah, qui devrait selon eux se retirer du sud du Litani, à 40 kilomètres de la frontière israélienne, assurant ainsi le respect de la résolution 1701 de l'ONU. L'étape suivante devra concerner la finalisation du tracé de la frontière terrestre entre les deux pays, notamment la question de Ghajar (toujours contestée par les trois pays frontaliers, le Liban, la Syrie et Israël) et celle des fermes de Chebaa contestées qui nécessitera des discussions plus longues.
Sur le terrain, ce 18 juillet, une frappe de drone israélien ciblée a visé vers 7h du matin une voiture à Ghazzé, dans la plaine de la Békaa. Ce tir a tué un commandant de la Jamaa Islamiya, parti libanais sunnite rattaché aux Frères musulmans et impliqué dans les combats au Liban-Sud. Ce mouvement est également proche du Hezbollah.
Depuis le 8 octobre, l'armée israélienne et le Hezbollah s'affrontent par escarmouches et attaques ciblées. Alors que les deux ennemis se sont d'abord cantonnés à des attaques ne dépassant pas cinq kilomètres au-delà de la frontière, les opérations ont depuis évolué tant en intensité qu'en profondeur. Dernièrement, les dirigeants israéliens ont ouvertement menacé le Liban d'une intervention dans le sud du pays destinée à en chasser le Hezbollah. Le secrétaire général du parti chiite s'est dit prêt à toute éventualité sur le front.