Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, à droite, remet un dossier au président Donald Trump lors d'une réunion dans la salle bleue de la Maison Blanche, lundi 7 juillet 2025, à Washington. [AP Photo/Alex Brandon]
Par Andre Damon
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a officiellement ordonné à l'armée israélienne d'élaborer des plans pour la construction d'un camp de concentration géant sur les ruines de Rafah, où la population de Gaza doit être déplacée de force en prévision de son expulsion, a rapporté mercredi le quotidien israélien Haaretz.
Ce journal rapporte que Netanyahou en a donné l'ordre dans une réunion du cabinet de sécurité israélien samedi, avant de partir pour Washington y rencontrer le président américain Donald Trump.
L'article de Haaretz s'ajoute à la montagne grandissante de preuves qu'Israël poursuit activement son plan de nettoyage ethnique, malgré les affirmations des médias américains que Trump et Netanyahou recherchent la «paix» et un «cessez-le-feu».
Deux jours après que Netanyahou eut ordonné à l'armée de se mettre à planifier ce camp de concentration, le ministre de la Défense Israel Katz a annoncé des préparatifs pour ce qu'il a appelé une «ville humanitaire». Katz a déclaré que l'armée israélienne patrouillerait dans le camp et qu'une fois à l'intérieur, les habitants ne seraient pas autorisés à en sortir. La construction du camp serait coordonnée avec « le plan d'émigration, qui se produira », avait-t-il dit.
Le jour même de la rencontre avec Trump, Netanyahou a déclaré que le «plan de relocalisation» était à l'ordre du jour d'Israël, le qualifiant de «vision brillante».
Pas plus tard que la semaine dernière, Haaretz rapportait l'existence d'un briefing interne de l'armée israélienne selon lequel «la concentration et le mouvement de la population» étaient un objectif officiel d'Israël.
En mai, Netanyahou avait désigné la mise en œuvre du «plan Trump» pour le nettoyage ethnique comme l'un des objectifs officiels de la guerre.
Les organisations internationales de défense des droits de l'homme ont condamné le plan de nettoyage ethnique. Dans un communiqué publié mercredi, l'Observatoire Euromed l'a qualifié d'«effort délibéré pour dépeupler Gaza et imposer une nouvelle réalité démographique qui avance un projet colonial visant à effacer la présence palestinienne».
Le camp serait «construit sur les ruines d'une ville détruite, sans même les nécessités les plus élémentaires de la vie», rapporta l'Observatoire Euro-Med. «La zone sera soumise à un contrôle de sécurité strict, avec de sévères restrictions de mouvement, dont une interdiction de sortie. Il s'agit en fait de la création d'un camp de concentration de masse fermé, où la population sera détenue de force en dehors de tout cadre juridique légitime ».
Il ajoute que cette décision est «un acte de génocide organisé, impliquant l'imposition délibérée de conditions potentiellement mortelles visant à la destruction progressive de la population palestinienne dans la bande de Gaza par la famine, l'humiliation, la détention de masse et l'assujettissement forcé».
La semaine dernière, le Financial Times faisait état d'un document stratégique secret rédigé par le Boston Consulting Group, une grande société de conseil américaine, pour «relocaliser» les Palestiniens de Gaza. Dans un article publié en première page dimanche, le journal révélait que le plan avait été créé avec la participation de membres du personnel de l'ex-Premier ministre travailliste britannique Tony Blair.
Pendant ce temps, Reuters rapporte que la Fondation humanitaire pour Gaza (GHF) - l'organisation soutenue par les États-Unis et Israël, censée fournir une aide au compte-gouttes - a élaboré une proposition pour établir des camps, qu'elle appelle des «zones de transit humanitaire», à l'intérieur et à l'extérieur de Gaza.
L'implication dans le plan de nettoyage ethnique américano-israélien du Boston Consulting Group, l'un des plus grands consultants d'entreprise au monde, a créé une crise politique chez l'un des piliers de l'establishment industriel et financier mondial.
Jeudi, cette société de conseil a annoncé que deux de ses associés principaux démissionnaient en raison de son rôle dans le projet.
Adam Farber, directeur de la gestion des risques du Boston Consulting Group, et Rich Hutchinson, responsable de sa pratique d'impact social, quitteront leurs fonctions mais ne seront pas licenciés par la société.
Celle-ci tente manifestement de limiter les dégâts pour sa réputation et prétend à présent que sa participation au plan était le fait de brebis galeuses isolées. « Une enquête indépendante a confirmé que c'était le résultat d'une inconduite individuelle associée à des défaillances de surveillance et de jugement », a-t-elle déclaré au Wall Street Journal.
«Même s'il ne s'agissait en aucune manière d'un projet officiel du BCG, notre association avec celui-ci est réelle - profondément troublante et très dommageable sur le plan de la réputation», a écrit Christoph Schweizer, PDG de la société dans une lettre obtenue par le Journal.
En réalité, la firme s'est clairement rendu complice de la planification de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité, exposant ses dirigeants à des risques de poursuites judiciaires
Pendant ce temps, Israël poursuit ses massacres quotidiens et sa politique de famine de masse à Gaza. Jeudi, une frappe israélienne sur une clinique dans le centre de Gaza a tué 10 enfants et six adultes.
Cette clinique, qui était gérée par l'organisation humanitaire Project HOPE, dépiste la malnutrition chez les enfants et leur fournit des suppléments nutritionnels.
«Les cliniques de santé de Project HOPE sont un lieu de refuge à Gaza où les gens amènent leurs jeunes enfants, les femmes accèdent aux soins de grossesse et postnatals, les gens reçoivent un traitement contre la malnutrition, et plus encore. Pourtant, ce matin, des familles innocentes ont été impitoyablement attaquées alors qu'elles faisaient la queue en attendant l'ouverture des portes», a déclaré l'organisation dans un communiqué.
La malnutrition est en hausse à Gaza, plus de 5 000 enfants âgés de six mois à cinq ans ayant été diagnostiqués avec une malnutrition aiguë en mai, selon l'UNICEF.
Les hôpitaux de Gaza sont sur le point de manquer de carburant. Reuters a rapporté jeudi que les médecins tentaient de préserver les réserves d'énergie rares en entassant à plusieurs les bébés prématurés dans un seul incubateur.
«Les bébés prématurés sont maintenant dans un état très critique», a déclaré à Reuters le Dr Muneer Alboursh, directeur général du ministère de la Santé de Gaza, affirmant que le blocus d'Israël «prive ces personnes vulnérables de leur droit fondamental aux soins médicaux, transformant l'hôpital en cimetière silencieux».
Source : WSWS
wsws.org
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