Par Nebojsa Malic
Paru sur RT sous le titre 'Embarrassing mistake' or revising history? German paper says AMERICANS liberated Auschwitz - and it's not the only one
L'hebdomadaire allemand Der Spiegel a écrit « par erreur » que l'armée américaine avait libéré le tristement célèbre camp de la mort d'Auschwitz. Ce ne sont pas les seuls à effacer de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale le rôle de l'Union soviétique dans la fin de l'Holocauste : la Maison Blanche s'y est mise aussi.
Der Spiegel a publié un graphique sur les plate-formes de réseaux sociaux la semaine dernière, disant que « l'amerikanischen Armee » (l'armée américaine) était celle qui avait libéré Auschwitz, le plus grand camp de la mort nazi.
Cette nouvelle aurait été surprenante pour n'importe lequel de ceux qui, dans la 322ème division d'infanterie du 1er Front ukrainien de l'Armée rouge, avaient en fait enfoncé les portes du camp le 27 janvier 1945. Cette date a ensuite été adoptée comme Journée internationale de commémoration de l'Holocauste.
Der Spiegel a reconnu assez rapidement cette « erreur extrêmement embarrassante », en disant qu'ils l'avaient commise le jeudi soir et corrigée dès le vendredi matin.
« Nous pensons que la circulation de la capture d'écran du jeudi est une juste punition pour nous », a tweeté le magazine par la suite.
(Tweet de Max Czollek : Plus grosse connerie sur le #27janvier jusqu'ici de 𝕏 @derspiegel. Que l'Allemagne soit orientée sur l'Occident ou non, Auschwitz n'en a pas moins été libéré par l'Armée rouge !
Tweet du Spiegel : « Nous avons fait cette erreur extrêmement embarrassante dans le numéro du jeudi soir sur Snapchat, pour laquelle nous ne pouvons que nous excuser. Nous l'avons corrigée vendredi matin. Le fait que la capture d'écran de jeudi soit encore en circulation est une juste punition. »)
Lorsque cela arrive une fois, c'est une « erreur extrêmement embarrassante » en effet. Cependant, lorsque cette erreur est étayée par les discours des deux hauts fonctionnaires américains, on est tenté de conclure à autre chose.
Le même jour où Der Spiegel a publié cette affirmation catégoriquement fausse, le vice-président américain Mike Pence - s'exprimant lors du Forum mondial de l'Holocauste en Israël - a décrit les libérateurs du camp comme de simples « soldats », sans dire de quel pays. Il a ensuite parlé des deux millions de soldats américains qui avaient combattu en Europe et subi des « pertes effroyables » pour libérer le continent « de l'emprise de la tyrannie » - tout en réduisant la contribution bien plus importante de l'Armée rouge et de l'Union soviétique à une vague référence à « toutes les forces alliées ».
Il n'y a eu aucune objection à cette épouvantable falsification de l'histoire de la part des médias grand public américains. Dès lundi, le président américain Donald Trump perpétrait le même mensonge par omission dans sa proclamation du Jour de commémoration de l'Holocauste.
Bien qu'il reconnaisse « les héros qui ont risqué leur propre vie - dont beaucoup ont fait le sacrifice ultime - pour aider à libérer les camps », il ne mentionne pas qui ils étaient, à part de très abstraites « forces de la liberté ».
Entre le discours de Pence et ça, on pourrait avoir l'impression que ces soldats héroïques étaient des Américains, pas des Soviétiques.
Extrait de l'article du même auteur « Listening to Mike Pence's history, you might think it wasn't Soviets but Americans who liberated Auschwitz » (« A entendre Mike Pence, vous pourriez penser que ce n'étaient pas les Soviétiques, mais les Américains qui ont libéré Auschwitz »)
Le discours du vice-président américain Mike Pence sur l'Holocauste a donné l'impression que les soldats américains avaient libéré Auschwitz, en effaçant l'action amplement documentée de l'Union soviétique. Il a même profité de cette occasion solennelle pour s'en prendre à l'Iran.
Lors du Forum mondial sur l'Holocauste en Israël, jeudi, Pence a déclaré que des « soldats » avaient ouvert les portes d'Auschwitz le 27 janvier 1945. Quels soldats ? Pence ne le dit pas, que ce soit accidentellement ou délibérément.
L'omission de Pence est devenue encore plus voyante quelques instants plus tard, lorsqu'il a honoré la mémoire de « toutes les forces alliées, y compris plus de deux millions de soldats américains, qui ont quitté leur foyer et leur maison, ont subi des pertes effroyables et libéré un continent de l'emprise de la tyrannie ».
A entendre le discours de Pence, on pourrait être tenté de conclure que ce sont ces soldats américains qui ont libéré Auschwitz, ou qui ont été en première ligne de la libération de l'Europe contre les nazis. Pourtant, si l'on veut parler de véritables « pertes effroyables », que dire des près de 27 millions de soldats et de civils de l'Union soviétique qui ont péri dans cette guerre ?
Qu'en est-il de la 322e division d'infanterie de l'Armée rouge, dirigée par le général Pyotr Ivanovich Zubov, qui a réellement enfoncé les portes d'Auschwitz, tout cela pour être « effacée », 75 ans plus tard, de la mémoire collective par un vice-président américain ? Un seul mot, « soviétique » avant « soldats », aurait suffi pour rendre à César ce qui lui est dû.
Il n'y a rien de mal à être un patriote américain, mais ce genre de dissimulation est au mieux de l'ignorance, au pire de la gloire honteusement volée, toutes deux étant totalement indignes d'un homme d'État.
La proclamation de Trump se termine par la résolution de « combattre le mal et les régimes oppressifs par la démocratie, la justice et l'esprit de compassion qui se trouve dans le cœur de tous les Américains ». Cela suggère que le processus d'effacement de la contribution de l'Union soviétique à la Seconde Guerre mondiale et à la fin de l'Holocauste est pratiquement achevé à Washington - et que Der Spiegel était juste en avance de quelques jours sur cette entreprise de falsification.
Traduction Entelekheia
Photo Peter Tóth/Pixabay