France-Soir
Le représentant permanent de la Chine à l'ONU, Zhang Jun.
ED JONES / AFP
GÉOPOLITIQUE - Ce mardi 21 février, Zhang Jun, le représentant permanent de la Chine aux Nations Unies, a déclaré qu'une "enquête indépendante était nécessaire" afin de "découvrir la vérité et identifier les responsables" des explosions des gazoducs Nord Stream 1 et 2. Cette déclaration a été prononcée en plein voyage officiel du Conseiller d'État Wang Yi à Moscou, pour y présenter un "plan de paix".
Le 9 février dernier, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov avait lui aussi réclamé "une enquête internationale transparente" à ce sujet. La Suède et le Danemark, qui ont mené leurs propres investigations, n'ont jusque-là dévoilé aucune conclusion. L'enquête allemande, quant à elle, poursuit son cours.
"La communauté internationale a le droit d'exiger une enquête approfondie"
Pékin sort de sa réserve. Dans un tweet relayé par l'Ambassade de Chine en France, les positions officielles de l'Empire du Milieu sur l'incident Nord Stream se précisent : "il est de plus en plus clair que ce qui est arrivé aux gazoducs Nord Stream n'était pas un accident mais un acte délibéré".
En effet, du côté de la diplomatie chinoise, l'on s'étonne du "silence collectif du gouvernement américain, des médias et des partenaires européens" à propos des révélations du journaliste Seymour Hersh, publiées le 8 février dernier dans les colonnes du New York Times. Le célèbre lauréat du prix Pulitzer avait clairement pointé du doigt la responsabilité des États-Unis derrière les fuites du système de gazoduc russe.
Wang Wenbin, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, à l'instar de Zhang Jun, en appelle donc à une enquête "objective, impartiale et professionnelle" sur la récente explosion en mer Baltique. Pour Wang, compte tenu des graves conséquences de l'explosion au niveau mondial, tant sur le plan énergétique qu'environnemental, "la communauté internationale a le droit d'exiger une enquête approfondie".
Se déclarant officiellement neutre dans le conflit russo-ukrainien, le gouvernement chinois poursuit son appel à "promouvoir le dialogue". Mais ces derniers jours, il passe au niveau diplomatique supérieur et tente de se positionner en véritable médiateur.
Pékin est venu à Moscou pour présenter un plan de paix
Hier, le Kremlin recevait le Conseiller d'État Wang Yi, après qu'il se soit entretenu avec le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. Le chef de la diplomatie chinoise venait d'achever une tournée de plusieurs capitales européennes. Le but de cette visite ? Présenter un plan de sortie diplomatique à la guerre en Ukraine.
Le Conseiller a tenu à préciser que les relations de son pays avec la Russie "ne sont pas dirigées contre les pays tiers et résistent à leurs pressions". Le gouvernement chinois continue par ailleurs à démentir toute livraison d'armes.
Le contenu de ce plan de paix, se déclinant en douze points, a été dévoilé au grand public ce vendredi 24 févier. Le premier point mentionne le respect de la souveraineté de tous les pays, "qu'ils soient grands ou petits", et que tous se conforment strictement au droit humanitaire international.
La sécurité nucléaire est également mentionnée à plusieurs reprises, s'agissant non seulement du rejet de tout recours à l'arme atomique, mais aussi de la préservation des centrales. Enfin, la Chine invite le reste du monde à renoncer à la mentalité de la guerre froide et à mettre fin aux sanctions unilatérales en dehors de celles prévues par l'ONU.
Cet accord devra bien évidemment convenir aux deux parties au conflit. Pékin n'a jamais soutenu ni critiqué publiquement "l'opération spéciale", mais appelle ici au respect de l'intégrité territoriale de "tous les pays".