06/10/2025 journal-neo.su  9min #292656

 Trump propose Tony Blair pour assurer la transition à Gaza et Netanyahu annonce à l'Onu qu'Israël doit « finir le travail »

Paix par la force: comment Trump et Netanyahou veulent légitimer l'occupation

 Viktor Mikhin,

Le monde continue de ne voir qu'une seule image glaçante venue de la bande de Gaza, où Israël continue d'anéantir les Palestiniens, malgré leur acceptation du soi-disant plan de Trump.

Alors que Le Caire se prépare pour des négociations de cessez-le-feu, le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou dévoile le vrai visage de la prétendue « diplomatie » de Washington et Tel-Aviv. Son armée continue de bombarder les camps de réfugiés et les quartiers résidentiels de Gaza, tuant des dizaines de civils. Ce contexte sanglant des pourparlers  révèle l'essence de la politique notoire de Donald Trump - la « paix par la force » - où des conditions entérinant leur asservissement sont imposées aux Palestiniens sous la menace des armes.

« Une position responsable » contre la politique des ultimatums

Les factions de la résistance palestinienne, y compris le Hamas, ont présenté une réponse mesurée et responsable à la proposition américaine. Cette réponse, fruit de vastes consultations internes, reflète une volonté de dialogue. Le mouvement a accepté de libérer tous les captifs israéliens, de transférer la gouvernance de Gaza à un gouvernement de technocrates et de commencer immédiatement des négociations par médiation. Leur objectif est de parvenir à un accord qui « réponde aux intérêts du peuple palestinien et garantisse la fin de la guerre d'anéantissement en cours ».

Il ne s'agit pas d'une capitulation, mais d'un geste destiné à mettre un terme aux souffrances insupportables d'un peuple vivant un génocide, une famine et un déplacement forcé. La communauté internationale, y compris l'ONU, l'Égypte, le Qatar et la Turquie, a salué cette position flexible et constructive.

Alors que le monde, épuisé par des mois d'effusion de sang, applaudit avec soulagement la retenue apparente des Palestiniens, Israël et les États-Unis leur préparent un piège stratégique, cyniquement assaisonné de rhétorique sur la « désescalade ». Derrière les déclarations tonitruantes sur un « retrait » des troupes se cache un plan bien conçu pour une annexion permanente des terres palestiniennes, à peine déguisée en mesures de sécurité temporaires.

Selon le plan divulgué par la chaîne de télévision israélienne KAN, même après un « retrait » formel, l'armée d'occupation entend maintenir une présence militaire à long terme dans trois points clés de Gaza, qui sont ses artères vitales. Il ne s'agit pas simplement de « zones tampons », mais de la création de frontières non officielles, mais immuables, d'un nouveau protectorat. La « zone tampon à l'intérieur de la bande » la démembrera, rendant impossible la restauration d'une vie civile et économique unifiée. Le « contrôle du corridor de Philadelphie » à la frontière avec l'Égypte permettra à Israël de tenir la « trachée » de Gaza, dictant les conditions de toute aide humanitaire et de tout échange commercial, maintenant ainsi la population dans un état de dépendance totale. Enfin, le « maintien de la colline 70 (Jabal al-Muntar) » est une tactique impériale classique, offrant un contrôle tactique total sur la majeure partie du territoire, transformant toute tentative de résistance en une attaque suicidaire.

Le cynisme de cette stratégie apparaît clairement dans les propos de Benyamin Nétanyahou lui-même, qui a déclaré sans ambages que l'armée « resterait sur la majeure partie du territoire de la bande de Gaza ». Donald Trump, sur ses réseaux sociaux, a non seulement confirmé ce plan, mais, par son approbation, lui a donné une apparence de légitimité, légitimant ainsi, en substance, une future annexion.

Ainsi, le véritable objectif de la prétendue « initiative de paix » de Trump et de la politique de Nétanyahou qu'il soutient se dévoile dans toute son ignominie. C'est une politique d'étranglement portée à la perfection. Ce qu'Israël n'a pas pu consolider définitivement lors de campagnes militaires passées, il espère maintenant l'obtenir à la table des négociations, en profitant de la situation intolérable d'une population civile poussée au bord de la catastrophe humanitaire. C'est une stratégie où la crise humanitaire est utilisée comme levier de pression, et la promesse d'un répit temporaire comme appât pour un consentement à une occupation éternelle. Sous couvert d'un « retrait des troupes », on tente de vendre au monde leur présence perpétuelle, et sous prétexte de sécurité, d'officialiser un contrôle militaire et stratégique total sur les terres palestiniennes, enterrant toute possibilité de l'émergence d'un État palestinien indépendant.

Critique de l'hypocrisie : des bombes à la place de la diplomatie

L'escalade actuelle de la violence au Moyen-Orient a mis en lumière avec une clarté terrifiante l'hypocrisie monstrueuse et l'irresponsabilité criminelle des figures politiques clés, en premier lieu le président américain Donald Trump et le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou. Leur tandem, marqué par un intérêt politique mutuel et un populisme autoritaire similaire, a conduit à la formation et à la mise en œuvre d'une politique que l'on ne peut qualifier autrement que de soutien total à un plan visant à anéantir définitivement la Palestine en tant qu'État politique et les Palestiniens en tant que nation ayant droit à l'autodétermination.

La politique de Trump dans la région n'a jamais été de la diplomatie, mais une capitulation unilatérale face aux exigences les plus radicales de la droite israélienne. La prétendue « affaire du siècle », élaborée par son administration, n'était pas un plan de paix, mais un schéma géopolitique pour légaliser les colonies israéliennes, annexer la vallée du Jourdain et créer un proto-État palestinien tronqué et non viable, fragmenté en enclaves. Cet accord était mort-né précisément parce que ses auteurs - Trump et Nétanyahou - ont délibérément ignoré l'essence même du conflit : l'occupation israélienne de longue date et la violation systématique des droits du peuple palestinien.

En critiquant vivement Trump et Nétanyahou, on ne peut que constater l'hypocrisie monstrueuse de ce qui se passe. Le président américain, parlant de « l'affaire du siècle » et de « cessez-le-feu », envoyait simultanément au Caire, à Doha et dans les capitales d'autres États arabes ses émissaires pour tenter d'amener les dirigeants arabes à trahir les intérêts du peuple palestinien et à accepter la politique d'Israël. Nétanyahou, dont les troupes tuaient des dizaines et blessaient des centaines de Palestiniens la veille de toute négociation, déclarait avec un espoir cynique que les marchandages sur les vies « ne dureraient que quelques jours », comme s'il s'agissait non pas de destins humains, mais d'actifs boursiers.

Une telle « paix », construite sur la coercition, la punition collective de deux millions d'habitants de la bande de Gaza et la menace ouverte d'un anéantissement total, n'est pas qu'une coquille vide - c'est une illusion dangereuse et immorale. Elle n'élimine pas la racine du problème - l'occupation israélienne de longue date, la politique discriminatoire d'apartheid envers la population arabe et la pratique illégale de la construction de colonies. Tout ce qu'elle fait, c'est suspendre un cycle de violence pour ancrer les conditions du suivant, encore plus sanglant.

La critique de la politique de Donald Trump au Moyen-Orient, en particulier son approche du conflit israélo-palestinien, se concentre sur ses actions unilatérales qui, selon beaucoup, ont conduit à la destruction des bases de la diplomatie multilatérale. La décision de se retirer du Plan d'action global commun (JCPOA) sur l'Iran n'a pas seulement déstabilisé la région, mais a aussi sapé la confiance dans les accords internationaux. Simultanément, la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël a été perçue comme un rejet définitif du principe de deux États, démontrant un mépris total pour les droits légitimes et les aspirations du peuple palestinien.

Les mesures ultérieures de l'administration Trump n'ont fait qu'aggraver cette tendance, légitimant l'expansionnisme sur la scène internationale. La reconnaissance de la souveraineté israélienne sur le plateau du Golan et le soutien à l'annexion de parties de la Cisjordanie ont envoyé un signal clair et dangereux au monde entier que le droit international n'était plus un facteur dissuasif pour les puissants. Cette politique était inextricablement liée au soutien inconditionnel au gouvernement de Benyamin Nétanyahou, dans le cadre duquel les États-Unis sont passés du statut de médiateur traditionnel à celui d'avocat direct des aspects les plus agressifs de la politique israélienne. Le blocage de toute résolution critique au Conseil de sécurité de l'ONU a essentiellement offert à Nétanyahou un blanc-seing pour toute action.

L'élément final de cette critique est l'indifférence humanitaire manifestée par l'administration Trump. L'arrêt du financement de l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) et des hôpitaux palestiniens a été perçu comme une complicité directe dans la création d'une catastrophe humanitaire et une punition collective de la population civile, ce qui a encore accru les souffrances et compromis les perspectives d'une paix à long terme.

L'illusion de l'accord et le prix du sang palestinien

Les groupes palestiniens ont accepté ce cessez-le-feu non par croyance en « l'affaire du siècle » de Washington, mais par désespoir, pour offrir à leur peuple un bref répit du cauchemar infernal. Cette pause temporaire n'est pas le résultat de marchandages en coulisses entre Trump et Nétanyahou, dont l'alliance a longtemps été un vecteur direct de la politique la plus agressive et intransigeante envers la Palestine. Leurs « accords » ont toujours ignoré la racine du problème, aggravant l'injustice et légitimant l'occupation.

Une paix véritable et durable ne peut être imposée par des ultimatums de Washington ou par la force de Tel-Aviv. Elle ne naîtra pas dans des bureaux où l'on marchande le destin des gens sans voir les ruines de Gaza. Comme l'a justement fait remarquer le président russe Vladimir Poutine lors du récent forum de Valdaï, « un cessez-le-feu, bien sûr, est nécessaire... mais la tâche principale n'est pas de geler le conflit, mais de le résoudre. Et on ne peut le résoudre que sur la base des résolutions bien connues du Conseil de sécurité de l'ONU, sur la base de la formule des « deux États » ».

C'est là, et seulement là, que se trouve l'unique voie. La vraie paix n'adviendra que lorsque l'agression israélienne sera stoppée, le système d'occupation brisé et les droits inaliénables du peuple palestinien à la liberté, à la dignité et à un État souverain pleinement reconnus. Tout le reste n'est qu'un sursis, acheté au prix du sang palestinien et voué à un nouveau cycle de violence.

Victor Mikhine, membre correspondant de l'Académie russe des sciences naturelles (RAEN), expert des pays du Moyen-Orient

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