Depuis 2015, Israël n'a pas restitué les corps de plus de 130 Palestiniens, ce que les organisations internationales de défense des droits de l'homme qualifient de « punition collective » pour les familles.
La famille du cheikh Khader Adnan, figure de la résistance palestinienne, a reproché aux autorités israéliennes d'avoir refusé de restituer sa dépouille quelques jours après sa mort et d'avoir refusé d'indiquer si elles avaient l'intention de le faire.
« Il s'agit d'une punition collective », a déclaré Hassan Jabareen, directeur de l'organisation palestinienne de défense des droits de l'homme Adalah, au New York Times (NYT). « Ce sont les corps de personnes qui vivent sous l'occupation israélienne », a-t-il poursuivi.
Le prisonnier devenu martyr Khader Adnan est mort le 2 mai à l'âge de 44 ans, après une grève de la faim de 87 jours en signe de refus de son arrestation arbitraire. L'occupant ay maintenu le martyr Adnan en détention dans la clinique de la prison de Ramla.
Adnan est resté 87 jours dans une petite cellule de cette « clinique », menant une terrible « bataille du ventre vide », pendant laquelle sa femme, Randa Mousa, a voyagé d'un gouvernorat à l'autre, d'un rassemblement à l'autre, de la radio à la télévision ou à n'importe quel média, cherchant toute occasion de mettre en lumière la souffrance de son mari et de transmettre au public les développements de sa grève de la faim.
Adnan s'est mis en grève dès le début de son arrestation, le 5 février, lorsque les forces d'occupation israéliennes ont perquisitionné son domicile dans le camp de Jénine.
À l'époque, les forces d'occupation israéliennes ont lancé une campagne massive de raids et d'incursions en Cisjordanie, au cours de laquelle elles ont kidnappé un certain nombre de Palestiniens, dont des dirigeants du mouvement du Jihad islamique.
La Croix-Rouge demande instamment à « Israël » de restituer la dépouille d'Adnan
Selon des sources palestiniennes présentes dans la ville, l'armée israélienne a brutalement agressé Adnan lors de son arrestation et l'a humilié devant sa femme et ses enfants, dont l'aîné est âgé de 14 ans.
Le refus de rendre le corps du martyr a soulevé des questions sur cette pratique, qui est fréquemment utilisée comme moyen de pression pour obtenir les corps des Israéliens détenus par les organisations palestiniennes.
Selon le Jerusalem Legal Center, « Tel Aviv » a stocké les restes d'environ 130 Palestiniens depuis 2015, certains étant enterrés dans des cimetières et la majorité étant conservés dans des chambres froides.
Les organisations internationales de défense des droits de l'homme ont condamné la pratique des autorités d'occupation, affirmant que la rétention des corps punit collectivement les proches des défunts et constitue une violation du droit international.
Selon le New York Times, les services pénitentiaires israéliens ont déclaré que le corps avait été remis à l'armée mardi, le jour de sa mort, mais un responsable militaire a déclaré mercredi qu'il n'était pas sous leur garde, et la localisation du corps n'était toujours pas claire vendredi.
Ce lundi, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a exhorté « Israël » à restituer le corps « afin que sa famille puisse faire son deuil et organiser un enterrement digne selon ses coutumes et ses croyances ».
« Nous voulons que le cheikh soit parmi nous », a déclaré l'épouse d'Adnan. « Nous voulons qu'il soit enterré à côté de son père, comme il l'a voulu. »
Des représentants des Nations unies ont récemment demandé qu' « Israël » soit tenu pour responsable de la mort d'Adnan, la décrivant comme « un témoignage tragique de la politique et des pratiques de détention cruelles et inhumaines d'Israël, ainsi que de l'incapacité de la communauté internationale à tenir Israël pour responsable face aux illégalités flagrantes perpétrées à l'encontre des Palestiniens ».
L'occupation israélienne maintient actuellement environ 4900 Palestiniens dans les prisons israéliennes, dont 1016 prisonniers administratifs qui sont maintenus indéfiniment sans procès ni inculpation.
Auteur : Al-Mayadeen
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7 mais 2023 - Al-Mayadeen - Traduction : Chronique de Palestine