« L'Etat garantit l'utilisation rationnelle des ressources naturelles ainsi que leur préservation au profit des générations futures. Article 19 de la Constitution
Résumé
Cette contribution est avant tout une approche scientifique d'un citoyen qui depuis plus d'un quart de siècle en appelle à changer de fusil d'épaule s'agissant de notre rapport à l'énergie en étant convaincu que cette rente pétrolière et gazière bénédiction du ciel qui a accompagné l'Algérie pendant soixante ans est sur le déclin. La gestion de l'énergie est la défense immunitaire qui est la première des sécurités qui devrait mobiliser notre attention en permanence. Il est triste cependant que la disparition du Ministère de la transition n'ai pas donné à aucune interrogation et pourtant il s'agit de parler de l'avenir Il est donc de la plus haute importance de changer de paradigme et mettre en place à marche forcée nos défenses immunitaires qui ne seront plus celle d'une manne que l'on exploite d'une façon passive mais en faisant en sorte que chaque m3 de gaz, chaque baril de pétrole devrait être « échangé contre 1kWh renouvelable provenant d'un Plan Marshall du renouvelable avec la production d'hydrogène qui est le plus sur viatique pour nos enfants en 2030.
J'en appelle à ne pas baisser la garde. Le but étant de ne pas perdre de temps, rentabiliser ce qui a été fait et dans le même temps provoquer une prise de conscience de la nécessité de la sobriété énergétique. Nous ne pouvons pas continuer à consommer près d'un milliard de m3/semaine. Les pays voisins consomment en une année huit fois moins que l'Algérie. En décembre 2021 Le gaz naturel pour les ménages est cédé à un prix de 0,003 $ le kWh alors que sur le marché mondial il était de 0.076 USD le kWh. Soit vingt cinq fois plus. Il est actuellement en septembre 2022 de 0,3 $ le kWh soit 100 fois plus cher que le gaz algérien ! Il y a matière à rationaliser la consommation d'énergie pour ne pas arriver à un rationnement subi pour gérer la pénurie dans un contexte ou la rente est tarie.
La transition énergétique est une formidable opportunité pour revoir notre façon de consommer. Il y a des milliers de start up et de petites entreprises rien que dans la rénovation du vieux bâti, la démocratisation du chauffe eau solaire qui est disponible, le renouvelable domestique avec des systèmes photovoltaïque complet à un prix soutenu par l'Etat qui se fera graduellement remboursé par le gaz naturel non consommé.. Parallèlement le Haut Conseil de l'Energie aura le devoir de mettre en place un modèle énergétique à 2030 -2050 flexible constamment adaptable et devant déboucher sur la loi sur la Transition Energétique qui servira de boussole au pays pour le protéger des convulsions. C'est dire si la Transition énergétique adossée à une formation de qualité est incontournable pour sortir par le haut à l'ébriété énergétique et aller vers la sobriété énergétique vertu cardinale de nos aïeux
Historique des hésitations de la politique pétrolière à partir des années 80
La volonté de développement des énergies renouvelables est ancienne et date de l'après Boumedienne.. Cependant on remarque que cette ambition est chaque fois abandonné quand le baril de pétrole augmente La grande erreur est de croire que les énergies fossiles vont durer ad vitam aeternam et que la transition énergétique est enterrée ailleurs et par un effet de mimétisme on suit d'où vient le vent Peut être qu'un peu d'histoire permettrait de remettre les choses au point. Nous nous souvenons qu'après les chocs pétroliers dans la terminologie occidentale suite à la guerre de Ramadhan 1973, les pays occidentaux ont mis en place des scénarii visant à ne plus dépendre du pétrole arabe Ce sera le docteur Kissinger secrétaire d'Etat qui inventa l'Agence Internationale de l'Energie en 1975 avec la promesse de faire disparaitre l'Opep dix ans après. Ce qui fut fait le marker crude l'Arabian Light qui servait de référence fut remplacé par le Brent de la mer du Nord. Parallèlement l'AIE exige des pays occidentaux de prévoir des stocks de sécurité de trois mois de fonctionnement. Cela veut dire qu'en cas de conflit l'AIE ordonne aux pays concernés de déstocker provoquant de ce fait une abondance artificielle pour contrecarrer les flambées de prix. Ceci est on l'aura compris en totale contradiction avec la « main invisible d'Adam Smith » charger de réguler l'offre et la demande ! Parallèlement les pays occidentaux ont mis en place des plans pour sortir du pétrole et du gaz. Ainsi que l'essentiel du parc nucléaire français a été réalisé en dix ans.
L'arrivée de la révolution iranienne boosta provisoirement les prix qui atteignirent 35 $le baril l'équivalent des 150$ de 2021 ce fut une deuxième choc pour les occidentaux et dans l'intervalle le prix du pétrole élevé amena d'autres producteurs hors Opep qui découvrirent des gisements rentables comme celui de la Mer du Nord.Une compétition asymétrique opposa l'Angleterre de Margareth Thatcher à l'Arabie saoudite qui voulait augmenter sa part de marché, l'offre très excédentaire fit plonger le baril à moins de 10$/baril (1986) ruina les petits pays dépendants à 98 % du pétrole Ce fut le cas de l'Algérie. Pendant cette période l'Algérie aurait perdu d'après L'expert Nicolas Sarkis près de 18 milliards de dollars.
Par mimétisme en Algérie, le Commissariat aux Energies Nouvelles fut créé son existence fut éphémère. Pendant vingt ans ce fut une parenthèse pour le renouvelable, la priorité était de se battre pour exister en face du danger extrémiste et en face du FMI qui nous a ajusté structurellement. Plus tard on ne parle plus du renouvelable car le prix a grimpé à 140 $ en juillet.Le président Bush s'est déplacé en Arabie Saoudite pour demander aux saoudiens d'ouvrir les vannes...Ce qu'ils firent ne tenant pas compte de l'Opep. 2011 arrive Un programme de développement des énergies renouvelables est annoncé. Ce sont les fameux 22.000 MW à 2030 avec ambition d'exportation ! Naturellement le rythme étant faible en l'espace de dix ans à peine 360 MW. Cette période a vu le redémarrage du prix haussier du pétrole à 140 $ le baril. Ceci dura jusqu'à mi 2014 puis ce fut la chute brutale. Ce qui amena le gouvernement, d'alors, a créer un ministère de l'environnement et des énergies renouvelables chargé du renouvelable hors réseau et des économies d'énergie. La bonne volonté ne suffisant pas les résultats ne furent pas à la hauteur malgré certainement les efforts
Les espoirs placée dans l'Algérie Nouvelle pour une Transition énergétique assumée
L'élection de monsieur Abdelmadjid Tebboune a donné l'espoir d'une Algérie nouvelle qui fait sienne la rationalité de concrétiser notamment l'engagement 21 consacrée à la transition énergétique Dans un premier temps de janvier à juin 2020 le ministère de l'énergie reprend les prérogatives dans un contexte d'une chute brutale du prix du baril pour arriver même à des prix négatifs. Arrive juin 2020 conformément à la feuille de route des 54 engagements du président, un ministère de la Transition énergétique est créé. L'histoire jugera des efforts de chacun des contraintes rencontrées et du retard du certaines fois à des conflits de prérogatives mais aussi la perception que les énergies renouvelables ne sont pas une priorité Pourtant, malgré tout ce que l'on peut retenir globalement est que des choses ont été faites. Arrive le 8 septembre 2022 le ministère de la transition énergétique est supprimé mais la nécessité de sortir l'Algérie de l'addiction à la rente gazière et pétrolière reste plus que jamais d'actualité
Ce qui se passe actuellement dans le monde
Changements climatiques catastrophiques et récurrents, le monde était dans une configuration de sortir rapidement des énergies fossiles à la dernière COP 26 de Glasgow les grands pays se sont engagés pour tenter de maintenir la température à moins de1,5°C d'ici 2030 de mettre en place des plans renouvelables ambitieux avec au moins 50 % renouvelables en 2030 et la neutralité carbone en 2050 avec une sortie progressives des carburants fossiles avec la locomotion électrique d'ici 2035.
La guerre imposée à la Russie en février 2022 a fait apparaitre un profond clivage entre les pays occidentaux qui font tout pour sortir du gaz russe. Ce qui fait qu'il y a une spirale de prix à la hausse : gaz, pétrole mais aussi le blé et les matières premières. L'électricité passe la barre des 1.000 euros le MWh en Europe pour l'électricité qui sera livrée en 2023 d'après le journal Les Echos 26 août 2022 Jusqu'où les prix vont-ils grimper ? Cela revient au prix de 10 centimes d'euros le kWh soit 17 Da (dix fois le prix payé par le consommateur algérien qu'il soit aisé ou pauvre. Il est plus que jamais nécessaire de rationaliser la consommation par une politique de subventions ciblées ;
La débâcle européenne s'est accélérée depuis la guerre en Ukraine ; Certains fondamentaux comme le déclin des énergies fossiles exception du charbon étaient connues ; Deux facteurs nouveaux ont précipité le monde dans une spirale incertaine faite de changements climatiques de plus ne plus dangereux et le combat pour le monopole du monde soit le monde unipolaire des Etats Unis et de ses vassaux européens et qui ne peut pas partager et le monde multipolaire qui a des difficultés à émerger donnant lieu à des coalitions des ententes conjoncturelles L'Europe pensait punir la Russie et décider elle du prix auquel consentirait à acheter le gaz mais en définitive elle casse son modèle de développement au profit des Etats Unis devenus incontournables en remplaçant les Russes en vendant du GNL plus cher alors que le gaz de Nord Stream plus proche pas polluant et moins cher est délaissé. Résultat des courses en six mois la Russie a augmenté ses ventes pour arriver à 150 milliards de dollars et l'Europe avec ses rodomontades tape à d'autres portes notamment celle de l'Algérie où elle ne considère l'Algérie comme un pourvoyeur de matière première sans plus
Bref L'hiver attend l'Europe et nous verrons comment elle pourra s'en sortir. Des stratégies d'économie d'énergie refont surface ; Ainsi on rappelle qu'un degré Celsius c'est 7% dans la facture d'électricité L'électricité qui augmente de 72% en 2022; le gaz de 63%; le fuel de 85%! Dans le sillage de la guerre en Ukraine, les prix de l'énergie se sont envolés en Europe ces derniers mois. « Nous devons nous préparer à une éventuelle interruption totale de l'approvisionnement en gaz russe - a déclaré Ursula von der Leyen. « Économiser l'énergie pour un hiver sûr » et présentée le 20 juillet aux États membres, l 'Union européenne (UE) propose un objectif volontaire de réduction de la demande de gaz de 15%, du 1er août 2022 au 31 mars 2023. En France des chèques énergies de 100 à 200 euros seront versés d'ici à la fin de l'année pour 12 millions de foyers Cependant, le plan nécessite une communication sérieuse et directe avec le public. Les pays doivent veiller à ce que tous les consommateurs soient bien incités à réduire leur consommation. Les dirigeants européens devraient convenir de cesser de subventionner directement la consommation d'énergie et de plutôt subventionner la réduction de la consommation d'énergie Nous le voyons les pays anticipent à l'avance ce qui va se passer et décident de réduire la consommation.
Les défis qui attendent l'Algérie
Où en sommes-nous 60 après l'indépendance et 51 ans après? la nationalisation des hydrocarbures ? Avons-nous procédé à une rupture rendue nécessaire par le mouvement du monde ou continuons nous toujours sur le même logiciel qui consiste à remettre aux calendes grecques toute remise en cause de notre façon de consommer chaque fois que le baril connait des sommets ? Dans un contexte éminemment anxiogène avec la guerre de Tous contre Tous à l'échelle internationale, l'Algérie est face à un nouveau défi énergétique: la transition vers le renouvelable car notre modèle énergétique ne crée pas de richesses. Il est à 80% dédié à la satisfaction du train de vie, tertiaire avec 40%, le transport avec 40%. L'industrie et l'agriculture ne consomment que moins de 20% d'énergie. Nous sommes 45 millions d'habitants et nous consommons 1500 kWh/habitant/an. 98% de notre énergie sont fossiles. À peine 2% de renouvelables. Nous consommons à peu près 16 millions de tonnes de carburants/an. À ce rythme de consommation débridé, nous en avons pour moins de 20 ans. Nous aurions 2500 milliards de mètres cubes.
Là encore, vingt ans pour la fin du gaz naturel, même les découvertes de Sonatrach sont loin de compenser une consommation débridée Notre rythme de consommation de 7%/an est intenable, ! Nous aurons un sérieux problème de consommation ou d'exportation. Avant la fin de la décennie Il nous sera impossible de faire les deux.
Du point de vue climatique L'Algérie étant un hot spot et sera de plus en plus impactée selon les études du Giec par les changements climatiques. Elle connaîtra des incendies de plus en plus récurrents, des inondations imprévisibles et catastrophiques et surtout un stress hydrique dont nous commençons à voir les effets désastreux, de plus en plus. Nous serons de plus en plus impactés, notamment par le stress hydrique qui sera avec la chaleur l'un des combats à mener.
50 ml de Chanel V plus cher qu'un baril de pétrole Nous avons perdu un savoir faire
Nous ne devons pas continuer à n'être qu'un réservoir de matières premières sans création de richesse issue de notre savoir faire. 50ml de parfum Chanel n° 5 coute plus qu'un baril de pétrole soit 159 litres même à ce prix le pétrole est bradé ! Savons nous qu'un baril de pétrole de 100 $ donne lieu à un baril de produits pétroliers de 250 $ (essences, kérosène, gaz oil, fuel et Résidu pouvant servir par combustion dans les centrales thermiques au lieu du gaz naturel) Savons nous que 100 litres d'essence on peut fabriquer les fibres polyester, le nylon, les matières plastiques les engrais avec des valeurs ajoutées encore plus importantes. Tout ceci nous incite à ne vendre que des produits finis, C'était la stratégie des années 70 et la capacité de raffinage actuelle est pour l'essentiel de cette période. De même il était prévu un développement de la pétrochimie et l'essentiel des complexes pétrochimiques, engrais, méthanol formol date de cette époque. C'est aussi un défi du futur ne plus vendre du pétrole mais des produits dérivés
Le développement du Plan Hydrogène vert
Quand le président de la République avait décidé de la mise en place d'un ministère dédié à la Transition énergétique, il a compris que le moment était venu de sortir par le haut de l'ébriété énergétique; en misant sur la sobriété énergétique est la seule voie de salut. Il est hautement souhaitable de ne pas baisser la garde IL est navrant de constater que ce projet structurant qui peut donner une indépendance énergétique et assurer une rente à l'Algérie ne fasse plus l'objet d'une considération majeure. L'hydrogène pourrait remplacer le gaz naturel sur le déclin après 2030, il serait largement rentable autour de 2$le kg. Il peut aussi donner lieu à une pétrochimie verte avec la production d'ammoniac vert qui permet la production d'urée verte et même être utilisé comme vecteur énergétique plus maniable que l'hydrogène
On sait que le plan Hydrogène vert fait partie de la plupart des stratégies des pays développés et en développement Toutes les conférences sur le climat ont invité les pays à investir dans l'hydrogène vert il faut savoir qu'un 1 kg équivaut 2 à 3 fois plus d'énergie que le gaz naturel, l'essence ou le pétrole. L'Hydrogène peut être converti en énergie propre, respectueuse de l'environnement, C'est le vecteur de l'énergie de demain. L'Algérie est bien placée pour développer le plan Hydrogène vert avec un ensoleillement exceptionnel, nous pouvons développer avec des couts faibles qui nous permettra de mettre en œuvre une vraie sécurité énergétique qui est la première des sécurités
Nous ne faisons pas attention au fait qu'un baril à 100 dollars ne vas pas durer et tirons les leçons du passé pour sortir graduellement du fossile en bon ordre. Encore une fois nous avons en priorité de mise en place d'une industrie du renouvelables Plan solaire, éolien géothermie et hydrogène vert. Nous devons profiter de cette conjecture de pénurie de gaz en Europe pour demander à nos partenaires avides de gaz, un accompagnement pérenne dans la mise en place du Plan solaire éolien géothermique sans oublier le Plan hydrogène vert pour lequel l'Allemagne mais aussi la Chine l'Italie seraient des locomotives à la fois pour la mise en place d'une industrie pérenne Si on met le Plan Marshall en marche c'est des milliers d'ingénieurs et de techniciens qu'il faut recruter (Pour 1MW, il faut au moins 4 employés) C'est aussi l'assurance d'assurer l'après 2030 quand nous aurons en face de nous une situation où il nous faudra choisir ente exporter ou consommer. Le bon sens commande de développer à la marche forcée le renouvelable notamment dans sa version production d'hydrogène
Le modèle énergétique piloté par le Haut Conseil de l'Energie
Nous gaspillons d'une façon débridée l'énergie. Il est anormal qu'une ressource aussi rare aussi vitale soit utilisée sans garde fous. Il faut savoir par exemple que l'Algérie consomme en gaz naturel huit fois la consommation du Maroc et de la Tunisie réunis et ces pays arrivent à vivre sans gaz mais en faisant appel aux économies d'énergie et aux autres sources d'énergie comme le bois... Il faut mettre au crédit du MTEER,qui a coordonné une étude sur l'impact des changements climatiques, avec 20 ministères qui a listé les efforts faits pour en atténuer les effets et dans le même mouvement et l'aide que l'Algérie est en droit de demander dans le cadre du fond vert pour aller plus loin notamment dans le reboisement voire la plantation d'arbres à croissance rapide avec l'ambition de planter 1 milliard d'arbres en dix ans
La mise en place d'un Haut Conseil de l'Energie, boussole d'aide à la décision, permettra la mise en place d'un modèle énergétique flexible qui fait l'inventaire de toutes les énergies disponibles fossiles (uranium) et renouvelables (solaire, éolien, géothermie, bois...). Tenant compte constamment de ce qui se passe dans le monde, il nous indiquera l'effort à faire en termes de rationalisation de la consommation d'énergie.
Sans oublier qu'à la base de toute industrie il y a la formation des hommes l'Institut de la Transition Energétique prévu à Sidi Abdallah devrait être opérationnel en lançant après la Post Graduation que j'avais lancé, la mise en place de la formation et la recherche sur l'hydrogène et là encore Il nous faut nous arrimer à des locomotives sans perdre de temps
Les prémices d'une politique des transports
Parmi les préoccupations du pays na nécessité de la mise ne place d'une politique des transports pérennes Le remplacement progressif de l' essence par le sirghaz fut une réussite du fait que l'Etat prenait en charge la moitié de l'installation de sirghaz. Mais ceci n'est pas suffisant Au titre de la nécessité de la rationalisation de la consommation de carburants une véritable hémorragie est à signaler il faut savoir que le prix de l'essence au litre au Maroc est de 1,365$ (14,76DM) en Tunisie (0,76 $) et en Algérie 0,31$ soit quatre fois et deux fois moins cher. Même la moyenne mondiale se situe à 1,33$. S'agissant du diesel l'écart est encore plus grand Il en est de même au Mali ou le prix est de 1,378 $. Même dans les pays pétroliers en Arabie Saoudite il est pratiquement deux fois plus cher 0,62$ et 0,898 $ aux Emirats (1)
Pouvons nous continuer à subir cette hémorragie qui fait que les wilayas des frontières malgré des efforts ne peuvent pas tout contrôler Aussi à l'instar de ce qui se fait dans les pays développés, la mise en place d'une carte carburant qui limite le parcours moyen à une distance moyenne de 20.000 km/an dont le carburant est déterminé à un prix administré suffisamment dissuasif contre les excès. En cas de consommation excédentaire il sera fait appel au prix réel. C'est la seul façon de moraliser la consommation. Cette maîtrise de la consommation permettra alors la mise en place de moyens de transport beaucoup plus démocratiques.
Il sera même possible dans le cadre d'une stratégie tournée vers la production d'essence de vendre de plus en plus d'essence et de gaz oil au lieu de vendre du pétrole sachant qu'un baril de produit pétrolier peut valoir jusqu'à trois fois le prix du baril de pétrole brut. Ceci dans la perspective de la mise en place d'une stratégie globale pour les transports sachant bien que les carburants fossiles seront de moins en moins utilisés à partir de 2030 au profit de la locomotion électrique
Justement la locomotion électrique est une nécessité. Les carburants devraient être abandonnés à partir de 2035 au plus tard. IL serait inutile de tenter d'assurer une industrie des véhicules thermiques alors que nous avons toutes les chances de démarrer avec des partenaires qui ont fait leur preuve dans ce domaine comme la Chine. La sortie des carburants permettra de réserver graduellement ces carburants à l'exportation. C'est un chantier créateur de richesse notamment dans l'installation des bornes électriques..
Ce que l'on peut gagner par un geste éco-citoyen d'économie d'énergie
Dans le même ordre de la mise en place du modèle énergétique, le gisement des économies d'énergie est éminemment important pour un pays qui gaspille du fait que l'énergie est bradée. On sait que la rente ne va pas durer pour deux raisons, les réserves sont sur le déclin et la tendance mondiale est à aller à 50 % renouvelables d'ici 2030 et la neutralité en 2050 Le citoyen devrait avoir en tête que l'énergie sera de plus ne plus cher et rare d'où l'absolue règle d'économiser chaque goutte de pétrole et chaque bulle de gaz. En décembre, le m3 de gaz avait atteint 1$! Nous devons en faire le meilleur usage Nous consommons plus de 800 millions de m3 par semaine Si on fait simplement 10 % largement à notre portée c'est 80 millions de m3 de gaz soit à un prix qui peut atteindre 80 millions de dollars, C'est l'équivalent de 4 milliards de dollars un énorme gisement de gaz fruit de la sobriété Chaque m3 de gaz naturel épargné est une richesse pour les générations futures Le gaz naturel qu'on ne consommera pas pourra aussi contribuer au financement le plan solaire car Une centrale solaire de 1000 MW permet d'épargner l'équivalent de 200 millions de m3 de gaz.
Une proposition de répartition des missions de la transition par les deux ministères
Il serait dommage que tout ce qui a été investi lors de la création du MTEER ne soit pas optimisé Il y a donc urgence de donner suite aux premières actions du MTEER en -2020 2021 à savoir des cahiers de charges avec l'habitat et le transport pour rationaliser la consommation. Dès 2020 Le MTEER avait lancé une compagne de réduction de 10% de la consommation 20 départements ministériels consultés L'expérience de3000 chauffe eaux solaire qui devaient être vendus avec des prix soutenus (le consommateur paierai 60.000 Da et l'Etat compenserai l'autre moitié et se fera remboursé graduellement par le gaz non consommé Tout ceci ne doit pas être perdu
S'agissant des 1000 MW nous devons rapidement répondre et faire l'ouverture de l'appel d'offre. Il serait indiqué de définir toutes les missions du renouvelable en terme d'efficacité et d'économie d'énergie et de protection de l'environnement par l'utilisation de carburants alternatifs Le Plan développement du renouvelable et le plan hydrogène qui va avec devrait être abrité par une direction générale de l'Energie Renouvelable DGEER avec les mêmes prérogatives que celle du MTEER
Dans le même ordre et pour respecter une cohérence d'ensemble il serait indiqué de mettre en place une Direction Générale De l'efficacité énergétique et des Energies renouvelables DGEER au sein du ministère de l'environnement. Ainsi l'essentiel des missions de 'ex MTEER serait pris en charge par les deux ministères d'une façon complémentaires et interactives
Conclusion
Quand il s'agit de l'avenir du pays nous avons le devoir de tout faire pour le protéger. Chacun à son niveau. Pour le bien de ce pays disons ce que nous croyons être raisonnables Une réalité : De part le monde les énergies fossiles sont sur le déclin, les quantités découvertes seront de plus difficiles à produire Les changements climatiques sont là, ils sont dangereux, ce qui va imposer qu'on le veuille ou non une transition vers le renouvelable qui sera d'autant plus brutale que l'on s'y prenne tard
Nous devons tourner le dos à la vision passéiste de l'énergie fossile basée sur la fatalité Il y a 50 ans que feu le Président Boumédiene avait annoncé à la face du monde : «Qararna taemime el mahrouqate» (Nous avons décidé - souverainement - de la nationalisation de nos ressources en hydrocarbures). 50 ans après le 24 février 1971, c'est une autre révolution qu'il nous faut mener avec des idées nouvelles et en déprogrammant mentalement cet atavisme rentier qui a installé l'Algérie dans les temps morts. L'Algérie du million de martyrs n'a pas dit son dernier mot. Le moment est venu d'inventer le futur et c'est une transition énergétique réussie et déterminée qui sera la locomotive des autres secteurs notamment de l'industrie mais aussi des possibilités énormes de création de micro-entreprises notamment dans la rénovation du vieux bâti, la généralisation du Sirghaz, applications de domotiques d'économie d'énergie et de diagnostic énergétiques et d'application de kit solaires...
La transition énergétique est nécessaire si nous voulons sortir en bon ordre de l'addiction à la rente qui nous fait différer les échéances chaque fois que le baril grimpe et nous tenir le ventre chaque fois qu'il dégringole. Elle devra entraîner une modification de nos modes de production et donc aussi de nos habitudes de consommation de l'énergie. Nous ne pouvons pas continuer à naviguer à vue. Tout le secret est justement de mobiliser le plus grand nombre autour d'une utopie seule capable de sauver l'Algérie quand la rente ne sera plus là. Notre pays doit pouvoir prendre, à temps, les virages rendus nécessaires par l'évolution du monde.
Je pense profondément que nous devons mettre en oeuvre une nouvelle révolution basée sur le renouvelable Si le président veut rester dans l'histoire et avoir la reconnaissance de la jeunesse en qui survit le futur, il devrait faire ce qu'il faut malgré toutes les contraintes tracer un chemin irréversible par une Loi sur la transition énergétique qui rendrait irréversible le chemin vers l'effort pour assurer la sécurité du pays et partant celles des générations futures.
Chems Eddine Chitour, professeur émérite
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Note :
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