Voici l'échange entre le porte-parole du Département d'Etat des Etats-Unis (Ministère des Affaires étrangères) et un journaliste lors d'une conférence de presse.
Ned Price, porte-parole du ministère
M. PRICE : Bonjour. Nous avons précédemment fait part de nos fortes préoccupations concernant la désinformation russe et la probabilité que Moscou puisse créer - chercher à créer une opération sous faux drapeau pour lancer une activité militaire. Aujourd'hui, nous pouvons dire que les États-Unis disposent d'informations selon lesquelles la Russie envisage de mettre en scène des attaques fabriquées de toutes pièces par les forces militaires ou les services de renseignement ukrainiens comme prétexte à une nouvelle invasion de l'Ukraine.
Une option possible que les Russes envisagent, et que nous avons rendue publique aujourd'hui, implique la production d'une vidéo de propagande - une vidéo avec des scènes explicites de fausses explosions - représentant des cadavres, des acteurs en situation de crise se faisant passer pour des personnes en deuil, et des images de lieux ou d'équipements militaires détruits - entièrement fabriquées par les services de renseignement russes.
Pour être clair, la production de cette vidéo de propagande est l'une des nombreuses options que le gouvernement russe développe comme faux prétexte pour initier et potentiellement justifier une agression militaire contre l'Ukraine. Nous ne savons pas si la Russie va nécessairement utiliser cette option ou une autre dans les prochains jours. Nous la rendons toutefois publique maintenant, afin de mettre en évidence l'ampleur des actions déstabilisatrices de la Russie à l'égard de l'Ukraine et de dissuader la Russie de poursuivre cette campagne dangereuse et de lancer finalement une attaque militaire.
La Russie a indiqué qu'elle était disposée à poursuivre les pourparlers diplomatiques en vue d'une désescalade, mais des actions telles que celles-ci suggèrent le contraire. Nous continuerons à travailler avec diligence avec nos alliés et partenaires pour exposer la désinformation russe et les autres tactiques hybrides utilisées contre l'Ukraine. Nous continuons à travailler pour empêcher tout effort que Moscou pourrait faire pour justifier une nouvelle action militaire en Ukraine. Nous exhortons à nouveau la Russie à mettre fin à sa campagne de désinformation destructrice et déstabilisatrice, à désamorcer les tensions et à s'engager dans la diplomatie et le dialogue en vue d'une solution pacifique.
Merci.
QUESTION : Merci. Ok, bien, c'est une sacrée déclaration. Vous avez dit "des actions telles que celles-ci suggèrent le contraire" - suggérer signifiant qu'ils ne sont pas intéressés par des pourparlers et qu'ils vont aller de l'avant avec une sorte de - de quelle action parlez-vous ?
M. PRICE : Premièrement, les actions que je viens de mentionner, le fait...
QUESTION : Quelle action ? Quelle...
M. PRICE : Le fait que la Russie continue à s'engager dans des campagnes de désinformation.
QUESTION : Eh bien non, vous avez fait une allégation selon laquelle ils pourraient le faire. L'ont-ils vraiment fait ?
M. PRICE : Ce que nous savons, Matt, c'est ce que nous - ce que je viens de dire, qu'ils se sont engagés dans cette activité, dans cette activité de planification...
QUESTION : Eh bien, s'engager dans quoi - attendez une seconde. Quelle activité ?
M. PRICE : Mais laissez-moi - laissez-moi - parce qu'évidemment ce n'est pas - ce n'est pas la première fois que nous rendons ces rapports publics. Vous vous souviendrez qu'il y a quelques semaines à peine...
QUESTION : Je suis désolé, rendre quel rapport public ?
M. PRICE : Si vous me laissez finir, je vous dirai quel rapport nous avons rendu public.
QUESTION : D'accord.
M. PRICE : Nous vous avons dit il y a quelques semaines que nous avons des informations indiquant que la Russie a également déjà prépositionné un groupe d'agents pour mener une opération sous faux drapeau dans l'est de l'Ukraine. Donc, Matt, pour répondre à votre question, c'est une action que la Russie a déjà entreprise.
QUESTION : Non, c'est une action que vous dites qu'elle a entreprise, mais vous n'avez montré aucune preuve pour le confirmer. Et je vais passer à la question suivante, qui est : Quelle est la preuve qu'ils - je veux dire, c'est - comme, des acteurs de crise ? Vraiment ? C'est un peu le territoire d'Alex Jones dans lequel tu t'engages maintenant. Quelle preuve avez-vous pour soutenir l'idée qu'il y a un film de propagande en préparation ?
M. PRICE : Matt, ces informations proviennent de renseignements connus du gouvernement américain, des renseignements que nous avons déclassifiés. Je pense que vous savez...
QUESTION : Ok, alors, où sont-elles ? Où se trouve cette information ?
M. PRICE : Ce sont des renseignements que nous avons déclassifiés.
QUESTION : Eh bien, où sont-elles ? Où est l'information déclassifiée ?
M. PRICE : Je viens de la livrer.
QUESTION : Non, vous avez fait une série d'allégations et de déclarations - M. PRICE : Voulez-vous une version imprimée de la transcription ? Parce que vous verrez une transcription de ce briefing que vous pouvez imprimer pour vous-même.
QUESTION : Mais ce n'est pas une preuve, Ned. C'est vous qui le dites. Ce n'est pas une preuve. Je suis désolé.
M. PRICE : Que voulez-vous, Matt ?
QUESTION : Je voudrais voir une preuve que vous - que vous pouvez montrer que - MR PRICE : Matt, vous avez été - QUESTION : - qui montre que les Russes font cela.
M. PRICE : Vous - QUESTION : Ned, je fais cela depuis longtemps, comme vous le savez.
M. PRICE : Je sais. C'est ce que je voulais dire. Vous faites cela depuis un certain temps.
QUESTION : Oui.
M. PRICE : Vous savez que lorsque nous déclassifions des renseignements, nous le faisons d'une manière - QUESTION : C'est exact. Et je me souviens des Armes de destruction massive en Irak, et je - M. PRICE : - nous le faisons dans le but de protéger les sources et les méthodes.
QUESTION : Et je me souviens que Kaboul n'allait pas tomber. Je me souviens de beaucoup de choses. Alors, où sont les informations déclassifiées, à part vous qui venez le dire ici ?
M. PRICE : Matt, je suis désolé que vous n'aimiez pas le format, mais nous avons...
QUESTION : Ce n'est pas le format. C'est le contenu.
M. PRICE : Je suis désolé que vous n'aimiez pas le contenu. Je suis désolé que vous - QUESTION : Ce n'est pas que je n'aime pas ou - M. PRICE : Je suis désolé que vous doutiez des informations qui sont en possession du gouvernement américain.
QUESTION : Non, je...
M. PRICE : Ce que je vous dis, c'est que ce sont des informations qui sont à notre disposition. Nous les mettons à votre disposition pour - pour deux raisons. La première est d'essayer de dissuader les Russes de poursuivre cette activité. Deuxièmement, au cas où nous ne serions pas en mesure de le faire, au cas où les Russes iraient de l'avant, pour que ce soit clair comme le jour, pour mettre à nu le fait que cela a toujours été une tentative de la part de la Fédération de Russie de fabriquer un prétexte.
QUESTION : Oui, mais vous n'avez aucune preuve pour l'étayer, à part ce que vous dites. C'est comme si vous disiez : "Nous pensons - nous avons des informations selon lesquelles les Russes pourraient faire ceci", mais vous ne nous dites pas quelles sont ces informations. Et puis quand on vous demande...
M. PRICE : Eh bien, c'est l'idée derrière la dissuasion, Matt. C'est l'idée qui sous-tend la dissuasion.
QUESTION : Quand on vous demande - et quand on vous demande - M. PRICE : Nous espérons que les Russes ne vont pas aller de l'avant avec cela.
QUESTION : Et quand on vous demande quelles sont les informations, vous dites : "Je viens de vous les donner". Mais ce n'est pas ce que...
M. PRICE : Vous semblez ne pas comprendre - QUESTION : Ce n'est pas comme ça que ça marche.
M. PRICE : Vous semblez ne pas comprendre l'idée de dissuasion.
QUESTION : Non, non, non, Ned. Vous n'avez pas - vous semblez ne pas comprendre l'idée de - M. PRICE : Nous essayons de dissuader les Russes d'aller de l'avant avec ce type d'activité. C'est pourquoi nous le rendons public aujourd'hui. Si les Russes ne vont pas de l'avant avec cela, cela ne signifie pas ipso facto qu'ils n'ont jamais eu l'intention de le faire.
QUESTION : Mais alors c'est indémontrable. Je veux dire, mon Dieu, quelles sont les preuves que vous avez qui suggèrent que les Russes planifient même cela ?
M. PRICE : Matt, vous...
QUESTION : Je veux dire, je ne dis pas qu'ils ne le font pas. Mais vous venez juste de dire cela et vous vous attendez à ce que nous le croyions sans montrer l'ombre d'une preuve que c'est réellement vrai - à part que lorsque je demande ou que quelqu'un d'autre demande quelles sont les informations, vous dites, eh bien, je viens de vous les donner, ce qui est juste une déclaration de votre part.
M. PRICE : Matt, vous avez dit vous-même que vous êtes dans ce domaine depuis longtemps. Vous savez que lorsque nous rendons publiques des informations - des informations de renseignement, nous le faisons de manière à protéger les sources et les méthodes sensibles. Vous savez également que nous le faisons - nous déclassifions les informations - uniquement lorsque nous avons confiance en ces informations.
QUESTION : Mais Ned, vous n'avez donné aucune information.
M. PRICE : Si vous doutez - si vous doutez de la crédibilité du gouvernement américain, du gouvernement britannique, d'autres gouvernements, et que vous voulez trouver du réconfort dans les informations que les Russes diffusent - QUESTION : Un réconfort ?
M. PRICE : - c'est à vous de le faire.
QUESTION : Je ne veux pas - je ne demande pas ce que le gouvernement russe publie. Et qu'est-ce que vous - qu'est-ce que c'est censé vouloir dire ?
M. PRICE [invite un autre journaliste à poser une question] : Shaun.
QUESTION : Le gouvernement dispose-t-il de la vidéo ? Parce que les responsables américains décrivent des scènes très précises, mais ont-ils vraiment une vidéo ?
M. PRICE : Le fait que nous soyons capables d'entrer dans un tel détail - évidemment, je ne vais pas détailler ce qui est en notre possession, mais je vais laisser - je vais vous laisser - je vais laisser cela à votre jugement, à votre imagination.
QUESTION : Ned, vous n'avez pas énoncé de faits.
[l'échange part dans une autre direction]
Traduction "les questions les plus simples sont parfois les plus difficiles" par Viktor Dedaj avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles.