par Faouzi Oki
Le président russe Vladimir Poutine a promis jeudi 23 février 2023 la mise en service cette année du nouveau des missiles balistiques intercontinentaux, le Sarmat, missile qui fera réfléchir à deux fois ceux qui essayent de menacer la Russie. « Nous prêtons une attention particulière, comme toujours, au renforcement de la triade nucléaire. Cette année, les premiers lanceurs du système de missiles Sarmat seront mis en service », a-t-il indiqué dans une vidéo publiée à la veille du premier anniversaire de l'opération militaire en Ukraine et à l'occasion de la Journée du défenseur de la patrie.
Lors de son discours annuel très attendu, M. Poutine avait annoncé la mise en service d'autres systèmes nucléaires, sans préciser lesquels et précisant suspendre la participation de la Russie au traité New Start, dernier accord bilatéral de désarmement nucléaire liant Russes et Américains. Le Sarmat, dont la mise en service avait d'abord été annoncée pour 2022, a été décrit en avril 2023 par le maître du Kremlin comme un missile capable de déjouer tous les systèmes antiaériens et qui fera réfléchir à deux fois ceux qui essayent de menacer la Russie.
Selon Vladimir Poutine ce missile est invincible Il fait partie de la série de missiles présentés en 2018. Le Sarmat, appelé Satan II par les Occidentaux, a une portée quasi-illimitée. CNN, citant des responsables américains s'exprimant sous couvert d'anonymat, a dit que le dernier essai du Sarmat avait échoué cette semaine. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, avait refusé mercredi de commenter ces allégations.
Vladimir Poutine a annoncé ce 21 février lors de son discours annuel devant l'Assemblée fédérale que la Russie suspendait sa participation à l'accord New Start sur le désarmement nucléaire. Il n'a pas exclu de réaliser de nouveaux tests nucléaires. « Je répète que la Russie ne se retire pas du traité, non, mais qu'elle suspend sa participation. Nous devons comprendre nous-mêmes ce que les pays de l'OTAN comme la France et le Royaume-Uni revendiquent et comment nous allons prendre en compte leurs arsenaux stratégiques, Nous savons que l'Occident est directement impliqué dans les tentatives de frapper nos bases aériennes, et maintenant, ils veulent inspecter nos installations de défense ? Ils veulent nous infliger une défaite stratégique, s'en prennent à nos sites nucléaires, c'est pourquoi je suis dans l'obligation d'annoncer que la Russie suspend sa participation au traité New Start », a déclaré le président russe.
Il a parlé de la volonté affichée par les États-Unis et leurs alliés de voir Moscou perdre dans le conflit ukrainien, en évoquant en outre une demande adressée début février par l'OTAN qui souhaite pouvoir inspecter les infrastructures nucléaires russes dans le cadre du traité New Start de réduction des armes stratégiques. Vladimir Poutine a dénoncé une scène absurde en disant « Nous savons que l'Occident est directement impliqué dans les tentatives de frapper nos bases aériennes, et maintenant, ils veulent inspecter nos installations de défense ? Via les représentants de l'OTAN, on nous adresse des ultimatums ». Le chef de l'État a en outre invité les autorités russes à se tenir prêtes pour des tests d'armes nucléaires si Washington venait à en réaliser en premier. « Personne ne doit se nourrir d'illusions, la parité stratégique pourrait être altérée », a averti le président russe.
Dans un communiqué, le ministère russe des Affaires étrangères a indiqué que la décision de Moscou de suspendre sa participation au traité peut être réversible. « À cette fin, Washington doit faire preuve de volonté politique et s'efforcer de bonne foi d'obtenir une désescalade générale et de créer les conditions permettant la reprise du fonctionnement à part entière du traité en assurant sa viabilité. Nous exhortons la partie américaine à agir précisément ainsi », a ajouté le ministère.
Fin janvier 2023 l'ambassadeur russe à Washington Anatoli Antonov avait réfuté les affirmations du Département d'État américain selon lesquelles Moscou ne respectait pas ses engagements liés au traité New Start qui limite l'arsenal nucléaire des deux pays, en soulignant que la Russie respectait irréprochablement les clauses du traité. Il avait jugé que les États-Unis portaient la responsabilité de l'aggravation de la situation en raison de leur choix de mener une guerre hybride contre Moscou.
Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov avait quant lui estimé le 1er février que les États-Unis ont de fait détruit le cadre juridique et conventionnel de la maîtrise des armements en fragilisant ainsi le traité signé en 2010 et qui était censé rester en application jusqu'en 2026. La Russie et les États-Unis bénéficient, selon les termes de l'accord, du droit d'effectuer un peu moins d'une vingtaine d'inspections mutuelles par an. L'accord New Start limite les arsenaux des deux pays à un maximum de 1550 ogives nucléaires déployées et le nombre de lanceurs et bombardiers lourds à 800. Dans un discours. M. Poutine a aussi juré de poursuivre méthodiquement son opération en Ukraine.
De son côté le secrétaire d'État américain Antony Blinken a jugé la décision de la Russie sur New Start très décevante et irresponsable, tout en assurant que les États-Unis « restent prêts à discuter sur les armes stratégiques » avec Moscou. Londres a souligné que le contrôle des armements était vital pour la sécurité de notre planète, cependant que le secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg a dit regretter la décision russe. « Les Occidentaux veulent en finir avec nous une bonne fois pour toutes, Mais ils ne savent pas qu'il est impossible de battre la Russie sur le champ de bataille », a ajouté le maître du Kremlin cité par les médias et la télévision russe.