Le président nigérian s'inquiète de l'arrivée d'armes en provenance du conflit ukrainien dans la région, impactant ainsi la sécurité aussi bien d'une des principales puissances africaines, que des autres pays voisins. Comme prédit - l'Occident semble perdre complètement le contrôle sur ses livraisons massives d'armes en faveur du régime kiévien.
Muhammadu Buhari, président du Nigéria - la première puissance économique africaine en termes de PIB nominal et la deuxième en termes de PIB à parité du pouvoir d'achat - a déclaré récemment que des armes en provenance du conflit ukrainien se glissent désormais dans la région du bassin du lac Tchad.
Le chef d'Etat nigérian a lancé cet appel dans son discours d'ouverture du 16ème Sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de la Commission du bassin du lac Tchad (CBLT), qui s'est déroulé dans la ville d'Abuja, la capitale du Nigéria.
«Il faut cependant préciser que malgré les succès enregistrés par les vaillantes troupes de la MNJTF (Force multinationale mixte, composée des Forces armées du Nigéria, du Cameroun, du Bénin, du Niger et du Tchad, ndlr) et les différentes opérations nationales en cours dans la région, des menaces terroristes rôdent toujours dans la région, et malheureusement, la situation au Sahel et la guerre qui fait rage en Ukraine sont des sources majeures d'armes et de combattants qui renforcent les rangs des terroristes dans la région du lac Tchad», a déclaré le président nigérian.
«Ce mouvement illégal d'armes dans la région a intensifié la prolifération des armes légères et de petit calibre qui continue de menacer notre paix et notre sécurité collectives dans la région», a ajouté Muhammadu Buhari dans son discours.
Les déclarations du président nigérian ne font que confirmer les nombreuses prévisions et mises en garde sur les livraisons massives et incontrôlées d'armes en faveur du régime kiévien de la part de l'axe otanesque et de l'Occident. Et cela depuis de longs mois.
Au point que même certains représentants de régimes occidentaux avaient fini récemment par admettretimidement cette réalité. Il est donc parfaitement compréhensible pourquoi le président nigérian tire aujourd'hui la sonnette d'alarme, compte tenu des risques sécuritaires non pas seulement pour le Nigéria, mais également pour de nombreux autres pays de la région. Sans oublier évidemment les défis face au terrorisme dans le Sahel.
Mais au-delà du fait que l'Occident ne contrôle effectivement pas les processus post-livraisons de ses armements à destination du régime kiévien dans le but de combattre la Russie, la situation actuelle devrait nous interpeller sur un autre aspect. Et si ce flux d'armes à destination des réseaux terroristes opérant en Afrique en provenance de l'Ukraine était voulu par l'establishment occidental?
Surtout lorsqu'on sait que les nombreux problèmes sécuritaires sur le continent africain, y compris dans la région du Sahel, sont justement le «fruit» des actions occidentales. A commencer par la destruction de la Jamahiriya libyenne de Mouammar Kadhafi par l'Otan et en poursuivant par le manque total d'efficacité dans la lutte antiterroriste annoncée par des Etats comme la France et d'autres régimes otanesques.
Last but not least, il n'est pas à exclure que l'Occident nostalgique de l'unipolarité soit d'autant plus intéressé par une nouvelle vague de propagation terroriste en Afrique, dans l'objectif de punir les pays africains - qui pour de nombreux d'entre eux ont refusé de se joindre à la coalition anti-russe promue par l'establishment occidental. Provoquant l'hystérie collective du côté des régimes atlantistes.
A ce titre, le Nigéria peut également faire partie des cibles privilégiées, car au-delà d'être l'une des principales puissances du continent africain et ayant dû faire face aux défis sécuritaires, notamment contre la secte terroriste de Boko Haram - avait fait partie des pays n'ayant pas soutenu la dernière résolution occidentale anti-russe votée à l'Assemblée générale de l'ONU, le mois dernier.
Dans tous les cas, il devient aujourd'hui évident que les nations africaines doivent plus que jamais s'unir dans un cadre panafricain et accroitre l'interaction avec les puissances non-occidentales dans l'objectif de faire efficacement face au chaos promu et propagé par l'Occident, qui refuse obstinément à reconnaitre l'ère multipolaire mondiale. Des mesures fortes, ciblées et si nécessaire radicales devront fort certainement être engagées dans les plus brefs délais.
Après tout, si l'effet boomerang de la politique otanesque se retourne contre ses instigateurs - cela est une chose, même si c'est encore une fois les populations concernées qui en paieront le prix fort. Mais ce n'est certainement pas au monde non-occidental de payer un quelconque prix pour les folies d'un Occident complètement malade et en chute libre.
Mikhail Gamandiy-Egorov
La source originale de cet article est Observateur continental
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