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Présidentielle américaine : Un démocrate sur trois estime que Joe Biden devrait renoncer, le président et son entourage tentent de convaincre
Une campagne dans la campagne après un débat désastreux. De plus en plus de démocrates, aussi bien les électeurs que des membres importants du parti, expriment publiquement leurs doutes et leurs préoccupations quant à la capacité du président américain, Joe Biden, à faire campagne et mener à terme un second mandat. Selon des sondages dévoilés mercredi 03 juillet par Reuters, un démocrate sur trois estime que le locataire de la Maison Blanche devrait renoncer à sa propre succession. Pis encore, 59% des électeurs estiment qu'il est trop vieux. L'intéressé et son entourage, qui ont admis que le candidat a passé une "mauvaise soirée" face à Donald Trump, relativisent toujours la situation et surtout, continuent de promettre que le "président rebondira".
Reuters et Ipsos ont interrogé 1 070 électeurs américains à travers le pays pour leur sondage, clôturé avant-hier. A se référer à des résultats nuancés communiqués le lendemain par l'agence de presse britannique, la prestation jugée calamiteuse de Joe Biden jeudi dernier face à son rival républicain n'est pas un fait anodin. Un démocrate sur trois estime que l'ancien vice-président de Barack Obama devrait renoncer à sa réélection.
Joe Biden est trop vieux pour 59% de ses partisans
Plus précisément, il s'agit de 32% des partisans des "Dems" qui estiment que Joe Biden ne devrait pas poursuivre sa campagne. Néanmoins, ce dernier conserve le soutien de 40% des votants inscrits, ce qui, selon Reuters, démontre que le démocrate ne perd pas du terrain malgré son débat raté, durant lequel il a alterné entre le regard vide, des mots inintelligibles et phrases incomplètes.
Malgré des épisodes répétitifs de chutes, de bourdes et de trou de mémoire, la presse proche du parti démocrate a décrit un Biden "méconnaissable" et le New York Times l'a appelé à ne pas se présenter à sa propre succession. Le président des États-Unis a "échoué à son propre test", écrit-on dans un article intitulé "Pour servir le pays, le président Biden doit quitter la course".
En comparaison avec un sondage similaire réalisé par Reuters et Ipsos en janvier dernier, le pourcentage des démocrates estimant que leur candidat ne devrait pas se représenter pour le 5 novembre prochain était de 49%, soit un électeur sur deux. Mais la constance réside chez ceux qui considèrent Joe Biden "trop vieux" pour rester président des États-Unis ou même travailler au gouvernement, ce qui représente 59% des personnes interrogées, autant qu'en janvier dernier, au début des primaires.
Le sondage évoque alors la question de savoir qui pourrait remplacer Biden. Les résultats confirment ceux des autres enquêtes menées aux États-Unis. En d'autres termes : aucun démocrate ne fait mieux que Biden dans un hypothétique affrontement avec Donald Trump. Aux côtés de Gawin Newsom, Gretchen Whitmer ou Josh Shapiro, respectivement gouverneurs de Californie, du Michigan et de Pennsylvanie. Seule Kamala Harris fait exception.
La vice-présidente est, certes, en retard par rapport au candidat républicain (42% contre 43%) mais sa performance est jugée aussi forte que celle de son président. D'autant plus que 81 % des votants démocrates ont exprimé une opinion favorable à son égard, contre 78% pour Biden. Autre nom évoqué avec insistance dernièrement : Michelle Obama, épouse de l'ancien président Barack Obama, qui a déjà écarté, à maintes reprises, une candidature à la présidentielle.
Le président appelé à se retirer, son entourage et lui rassurent
Le sondage de Reuters/Ipsos est bien moins rude que celui de CNN, selon lequel 75 % des électeurs interrogés jugent que le Parti démocrate aurait de meilleures chances en novembre avec un autre candidat que lui. Sauf que les "Dems" sont dans l'impasse. Aucun de leurs potentiels candidats ne semble être capable de faire mieux que Joe Biden, qui faisait jusque-là une telle unanimité qu'il n'avait rencontré aucune opposition lors des primaires démocrates, raflant la quasi-totalité des caucus et des États.
L'intéressé a lui-même écarté tout retrait. "Je vous promets que nous allons remporter cette élection", a-t-il déclaré tout en reconnaissant ne pas "avoir passé une bonne soirée". "Mais je vais me battre plus fort (...) Je ne me représenterais pas si je ne croyais pas, de tout mon cœur et de toute mon âme, que je peux faire ce boulot", a-t-il ajouté. Quelques jours plus tard, il a avancé une nouvelle explication pour sa performance catastrophique, imputant celle-ci à son programme chargé. Ce n'était "pas malin" d'avoir "voyagé à travers le monde plusieurs fois" avant ce débat. "Ce n'est pas une excuse mais une explication", martèle-t-il.
Des interviews sont prévues vendredi et la semaine prochaine pour que le candidat démocrate, âgé de 81 ans, démontre sa capacité à parler "de manière fluide". Peu après le débat, il a reçu le soutien de ses prédécesseurs, Barack Obama et Bill Clinton. Son entourage a fait de même, tentant de justifier la "mauvaise soirée" par un "rhume" et de minimiser les conséquences de sa prestation en évoquant des levées de fonds en hausse après la confrontation avec Donald Trump. Kamala Harris a réitéré mardi sa "fierté" d'être la "colistière" du président. "Joe Biden est notre candidat, nous avons battu Donald Trump une fois et nous allons le battre à nouveau (....) le président sait comment rebondir", a-t-elle affirmé.
Mais des voix démocrates s'élèvent publiquement pour exprimer préoccupation et doute. "J'ai espoir qu'il prendra la décision difficile et douloureuse de se retirer. Je l'appelle respectueusement à le faire", a écrit le représentant démocrate du Texas, Lloyd Doggett. "Je pense qu'il est légitime de se demander s'il s'agit d'un simple épisode ou d'un état" durable, s'est interrogée Nancy Pelosi, ancienne présidente démocrate de la Chambre des représentants. A ce stade de la campagne, le républicain Trump est devant avec 49% des intentions de vote au niveau national contre 43% pour son rival.