La candidate de droite libérale, Keiko Fujimori, fille de l'ancien président Alberto Fujimori (1990-2000), destitué en 2000 pour «incapacité morale», arrive en tête du premier résultat partiel officiel du second tour de la présidentielle au Pérou avec 52,9% des voix, selon l'organisme électoral (ONPE). Elle devance son rival de gauche Pedro Castillo, qui obtient lui 47,09% des suffrages. Ce premier décompte porte sur 42% des 86 488 bureaux de vote du pays, a fait savoir le 7 juin dans la matinée Piero Corvetto, le chef de l'ONPE.
Toutefois, en raison du faible écart entre les deux candidats, rien ne permet de tirer des conclusions définitives pour le moment et le décompte final pourrait prendre plusieurs jours.
«Nos votes n'ont pas encore été comptés», a d'ailleurs déclaré Pedro Castillo à ses partisans rassemblés devant son local de campagne de la ville de Tacabamba.
De son côté, à Lima, Keiko Fujimori a appelé à la «prudence» jusqu'à la fin du décompte des voix.
Un scrutin crucial pour le pays
Lors du premier tour du scrutin le 11 avril, Pedro Castillo était arrivé en tête à la surprise générale face à sa rivale de 46 ans, députée de 2006 à 2011, qui a déjà passé 16 mois en détention provisoire pour blanchiment d'argent présumé dans l'affaire Odebrecht, du nom du géant brésilien du bâtiment qui a reconnu avoir versé des pots-de-vin dans plusieurs pays latino-américains.
Le parquet a récemment requis 30 années de prison contre Keiko Fujimori dans cette affaire. Une peine qu'elle ne purgera pas si elle est élue présidente puisqu'elle ne pourra être jugée qu'à l'issue de son mandat de cinq ans.
Alors que le candidat de la gauche avait 20 points d'avance à la sortie du premier tour, l'écart s'est considérablement resserré à une semaine du scrutin avec 42% des intentions de vote pour Pedro Castillo, contre 40% pour Keiko Fujimori, selon une enquête de l'Institut Ipsos réalisée fin mai.
Dans un pays où le vote est obligatoire sous peine d'amende, une grande partie de la population se rend aux urnes à contrecœur, estimant le choix insatisfaisant. Selon le journaliste indépendant Romain Migus présent sur place, «celui ou celle qui gagnera sera élu par l'antivote».
Ce spécialiste de l'Amérique latine explique que le vote contre Keiko Fujimori, «très fort au début de la campagne du second tour,» s'est peu à peu atténué par la campagne anti-communiste menée par la candidate libérale. Keiko Fujimori et ses partisans n'ont en effet pas cessé d'agiter le chiffon rouge, affirmant que le candidat de gauche allait transformer le Pérou en une sorte de Corée du Nord ou de Venezuela, et mener le pays à la ruine et à la dictature.
Après le soulèvement populaire de novembre 2020 pour protester contre les agissements du Parlement et la succession de trois présidents en dix jours, cette présidentielle était attendue pour mettre fin à une instabilité politique chronique dans le pays qui a aussi connu six ministres des Affaires étrangères en un an.
Lire aussi Présidentielle au Pérou : l'instituteur Pedro Castillo, candidat des pauvres, peut-il l'emporter ?