15/12/2024 reseauinternational.net  5min #263573

 Gouvernement d'un vendredi 13, Bayrou y marche du pied gauche

Principales réactions politiques à la nomination de François Bayrou à Matignon

par PressTV

Quelques heures après que le président français Emmanuel Macron a nommé ce vendredi François Bayrou, homme politique centriste et allié de longue date, au poste de Premier ministre pour la quatrième fois cette année l'agence de notation Moody's a abaissé de manière inattendue la note de la France.

Cette décision renforce la pression sur le nouveau Premier ministre français pour qu'il parvienne à convaincre les législateurs divisés de soutenir ses efforts de redressement des finances publiques.

Cette dégradation, qui intervient en dehors du calendrier régulier de Moody's pour la France, ramène la note de la France de «Aa2» à «Aa3», avec une perspective stable pour les évolutions futures, et la place dans la lignée de celles des agences concurrentes Standard & Poor's et Fitch.

L'ancien Premier ministre français, Michel Barnier, n'a pas réussi à faire adopter un budget pour 2025 et a été démis de ses fonctions au début du mois par des législateurs de gauche et d'extrême droite opposés à son plan de rigueur de 60 milliards d'euros qui, espérait-il, permettrait de maîtriser l'explosion du déficit budgétaire de la France.

La crise politique a contraint le gouvernement sortant à proposer cette semaine une législation d'urgence pour reporter temporairement les limites de dépenses et les seuils d'imposition de 2024 à l'année prochaine, dans l'attente de l'adoption d'un budget 2025 plus définitif.

«En ce qui concerne l'avenir, la probabilité que le prochain gouvernement réduise durablement l'ampleur des déficits budgétaires au-delà de l'année prochaine est désormais très faible», selon le communiqué de Moody's.

«En conséquence, nous prévoyons que les finances publiques de la France seront sensiblement plus faibles au cours des trois prochaines années par rapport à notre scénario de base d'octobre 2024».

Barnier avait l'intention de ramener le déficit budgétaire à 5% de la production économique l'année prochaine, contre 6,1% cette année, grâce à un ensemble de mesures de réduction des dépenses et d'augmentation des impôts d'un montant de 60 milliards d'euros. Mais les législateurs de gauche et d'extrême droite se sont opposés à la plupart de ces mesures de rigueur et ont voté une motion de censure contre le gouvernement de Barnier, entraînant sa chute. Bayrou, qui a longtemps mis en garde contre la faiblesse des finances publiques françaises, a déclaré vendredi, peu après son entrée en fonction, qu'il était confronté à un «Himalaya» de difficultés pour maîtriser le déficit.

Pour sa part, le ministre démissionnaire des Finances, Antoine Armand, a dit prendre acte de la décision de Moody's, ajoutant que «la nomination du Premier ministre François Bayrou et la volonté réaffirmée de réduire le déficit y apportent une réponse explicite».

La crise politique a mis les actions et la dette françaises sous pression, poussant la prime de risque sur les obligations d'État françaises à leur plus haut niveau depuis 12 ans.

Principales réactions politiques à la nomination de François Bayrou à Matignon

«En choisissant à nouveau un Premier ministre issu de son propre camp, le Président de la République prend la responsabilité d'aggraver la crise politique et démocratique dans laquelle il a placé le pays depuis la dissolution de l'Assemblée nationale», a écrit sur X Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste (PS).

S'adressant à François Bayrou, il a ajouté : «Les socialistes ne participeront pas à votre gouvernement et demeureront dès lors dans l'opposition au Parlement».

Dans une lettre jointe à ce message adressé par le PS à François Bayrou, il est demandé au nouveau Premier ministre de renoncer à l'usage de l'article 49.3 de la Constitution.

«Nous attendons de vous les garanties indispensables pour éviter une nouvelle censure», a ajouté le PS.

S'exprimant devant la presse, Jordan Bardella, président du Rassemblement national (RN) a précisé : «Nos lignes rouges demeurent».

«Ce nouveau Premier ministre doit prendre en considération la nouvelle donne politique et il doit entendre qu'il n'a pas de légitimité démocratique ni de majorité à l'Assemblée nationale, ce qui rend nécessaire un dialogue avec toutes les forces politiques», a-t-il ajouté.

«Après de longues tergiversations, le président de la République a décidé de nommer François Bayrou à Matignon», a écrit Marine Le Pen, présidente du groupe RN à l'Assemblée nationale, sur X.

«Soucieux de l'impérieuse nécessité de protéger les Français, nous lui demandons d'entreprendre ce que son prédécesseur n'a pas voulu faire : entendre et écouter les oppositions pour construire un budget raisonnable et réfléchi. Toute autre politique qui ne serait que le prolongement du macronisme, rejeté par deux fois dans les urnes, ne pourrait mener qu'à l'impasse et à l'échec», a-t-elle ajouté.

«Après huit jours de vaudeville, Bayrou est nommé Premier ministre. C'est un nouveau bras d'honneur à la démocratie. Après avoir perdu toutes les dernières élections, Macron installe son premier et dernier soutien à Matignon», a posté un message sur X, Manuel Bompard, coordinateur de la France insoumise.

«Faire tomber Bayrou, ce sera donc faire tomber Macron. Nous déposerons une motion de censure», a-t-il ajouté.

«Une candidature de plus au sursis d'Emmanuel Macron. Deux choix clairs s'offrent au pays : la continuité des politiques de malheur avec François Bayrou ou la rupture», a écrit sur X Mathilde Panot, présidente du groupe de La France insoumise (LFI).

«Deux choix s'offriront aux députés : le soutien au sauvetage de Macron ou la censure. Nous avons fait le nôtre», a-t-elle poursuivi.

source :  PressTV

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