par Yanick Lang.
Quand la Chine pointe ses missiles vers le Kosovo, l'Occident regarde Taïwan.
Si tu as un ennemi, inutile de courir après. Assois-toi au bord de la rivière, et attend qu'il passe (proverbe chinois). À lire certains, le gouvernement chinois n'aurait pas su résister. Car il a préféré courir après Nancy avant qu'elle passe. Maintenant qu'elle est passée, que va-t-il se passer ?
Pour Nicolas Bonnal la Chine a perdu la face. Les américains ont démontré une fois de plus leur supériorité diplomatique dans l'art du poker. D'autres sites ou alerteurs, après avoir rapporté certains tweet laissant entendre que Nancy Pelosi pourrait renoncer à son voyage à Taïwan, se contentent désormais d'un communiqué laconique titrant « Nancy Pelosi a atterri à Taipei ».
Soit. Le monde prend acte et retient son souffle. En effet la Chine a prévenu, il y aura des actions militaires ciblées. Mais où, quand et contre qui ? Si la Chine frappe, alors ce sera la guerre. Le peut-elle vraiment ? Doit-on craindre une invasion de Taïwan ? Voire carrément un nouveau Pearl Harbour ?
Jusqu'a présent, le gouvernement communiste s'était contenté d'actions visant au grand dam de sa population à exacerber les tensions et les risques de pénuries en multipliant les confinements. Dans un article [1], j'avais alors expliqué qu'il s'agissait d'une « extension de la guerre menée contre le dollar par d'autres moyens ». Ce fut le cas notamment à Shanghai, capitale internationale et poumon économique de la Chine et du monde, où l'on a pu observer des personnes se jeter du haut des tours ou retrouvées pendues.
Plus récemment, des images montrant des tanks en train de protéger des institutions financières dans les villes du Hunan ont inondé les réseaux sociaux. En effet, depuis le mois d'Avril, cette province se voit soumise à de rudes tensions depuis que les banques ont déclaré « produit d'investissement » l'épargne des déposants, gelant toute possibilité de retrait. Plus simplement, le gouvernement a fait main basse sur l'argent des clients, renvoyant la possibilité d'un remboursement à on ne sait quand...
Dans un second article [2], j'émettais la possibilité qu'il s'agisse d'une répétition à plus petite échelle de ce qui pourrait advenir dans nos ville en pareille situation. De façon plus subtile, probablement la Chine s'efforçait-elle de nous faire parvenir le message suivant : Si un papillon qui bat des ailes à New York (ou Wall Street) peut provoquer un typhon à Pékin, une banque qui bat de l'aile en Chine peut provoquer un raz de marrée en Europe ou aux États-Unis.
Aussi mauvais et incompétents soient les gouvernements occidentaux, je ne peux imaginer qu'ils aient ignorer ces avertissements. D'autant qu'un article de Wikistrike [3] décrit la configuration des forces chinoises en présence au large de la péninsule comme les prémices d'une attaque imminente, n'oubliant pas de rappeler que la Russie s'était livrée au même stratagème avant d'enclencher son opération spéciale en Ukraine.
Toutefois, il faut savoir que dans leur grande majorité les Taiwanais se considèrent chinois. Et ils ne voient pas d'inconveignents à retourner dans le giron de la Chine. Ce qui leur pose problème, c'est le parti communiste chinois. Car les taiwanais aspirent à une réunification harmonieuse. Or l'instrumentalisation actuelle n'aide pas. Pour que la Chine puisse poser le pied sur l'ile de Formose, il faudrait que ça ait l'apparence d'une « intervention humanitaire » afin de sécuriser la péninsule et sa population, exactement comme la Russie avec le Dombass.
Or, quand bien même Biden ferait office de bout en train, à savoir l'étalon utilisé pour exciter la jument (la Chine en loccurence), de part et d'autre des deux camps, j'observe que l'on se prête au jeu, en continuant à agiter Pelosi tel un chiffon rouge. La ficelle parait si grosse à avaler qu'on se bouscule au balcon. Tout ça pour une manœuvre qui s'apparente davantage à une stratégie de détournement qu'autre chose.
C'est pourquoi ces manœuvres ne sont peut-être qu'un leurre. En effet la surprise pourrait venir d'ailleurs. Les batteries de missiles livrées en Serbie il y a quelques mois par six avions cargo chinois constituent un véritable cheval de Troie à l'heure même où les tensions dans les Balkans laissent entrevoir un possible conflit. La Russie a énormément investi là-bas dans des gazoducs [4], et les américains envisagent quant à eux de livrer leur gaz de schistes via l'Albanie et la Croatie. Ces grondement de bottes entre la Serbie et le Kosovo arrivent à point nommé et n'ont donc rien d'anodins.
Imaginez un instant : Des serbes pro russes qui ripostent contre des forces de l'OTAN au Kosovo [5], le tout au moyen de missiles chinois, sans qu'on puisse accuser quiconque ouvertement hormis les belligérants, mais cependant avec des conséquences politiques et militaires aussi destructrices que si cela avait été la Russie ou la Chine elle-même... Avouez que la symbolique valait bien qu'on accepte un petit détour de l'autre folle par Taipei vous ne croyez pas ?