D'une façon générale, les sondages nationaux sur la sécession ont toujours été choses rares aux USA, sûrement parce que l'on n'aime pas agiter les idées noires, la pire qu'on puisse imaginer pour les USA, ni la donner à ceux qui n'y pensaient pas. De ce que nous savons et dont nous nous souvenons, c'est la première fois qu'un tel sondage, - au niveau national, et détaillé région par région comme pour suggérer un schéma de sécession, - reçoit une certaine publicité hors de la presse dissidente et de ses extensions marquées par ce caractère. (Il y a notamment, pour la "grande presse" qui n'est pas nécessairement presseSystème, un article dans RT.com, - reproduit ci-dessous, - et un dans le Daily Mail.). Les résultats sont à la mesure des craintes cachées que suggère cette rareté : deux tiers des républicains de la région Sud, et près de la moitié des démocrates de la côte Ouest sont partisans de la sécession.
D'autre part, ces résultats sont sans surprise dans la mesure où ils reflètent l'état effrayant de la rupture antagoniste qui fracture le pays. Pour les USA, au vu de leurs traditions, des répartitions communautaristes, de la puissance considérable des systèmes judiciaires et juridiques, une ou des sécessions sont plus probables qu'une véritable "guerre civile", même si l'on cite souvent cette expression pour la facilité.
(• Le langage et le choix des mots parlent de lui-même à propos de cette particularité et des craintes qu'elles suscitent dans le pouvoir américaniste, le DeepState, l'establishment, c'est-à-dire l'oligarchie dominante qui fonde sa puissance sur la puissance du rassemblement des 50 États. Nous nommons le conflit de 1861-1865 "Guerre de Sécession", le plus justement du monde puisqu'il se fit à la suite de la sécession légale de onze États du Sud. Officiellement, on nomme aux USA ce conflit "Civil War", point final. Pour ajouter la grammaire à la dialectique, on précisera que jusqu'en 1861-1865, on désignait "the United States of America" comme expression au pluriel ; elle passa au singulier en 1865 [de "...the USA are..." à "...the USA is..."] signifiant que la sécession, pourtant aisément légalisable dans le cadre incertain de la Constitution, était désormais un acte séditieux qui serait traité en désespoir de cause par le fer et par le feu, - exactement comme avait fait Lincoln à partir de 1862, imposant pour ce faire dans les États non-sécessionnistes une véritable dictature.)
Ci-dessous, on trouve donc le texte de RT.com concernant les résultats de l'enquête réalisée au niveau national, sur la base d'échantillons partisans (démocrates, républicains, indépendants).
«...Un sondage publié mercredi [14 juillet] par Bright Line Watch et YouGov révèle qu'une grande partie des Américains de tous les coins des États-Unis souhaitent que leur région fasse sécession de l'Union, les républicains du Sud et les démocrates de la côte Ouest étant apparemment les plus mécontents du statu quo.» Au total, 44 % des habitants du Sud sont favorables à la sécession, 66% des républicains exprimant le souhait que le Sud se sépare de Washington. La moitié des indépendants du Sud se sont également déclarés favorables à la sécession, tout comme 20% des démocrates de la région.
» Sur la côte Ouest (qui comprend l'Alaska et Hawaï), le désir de faire sécession est moindre, avec un total de 39% d'Américains se déclarant favorables à la sécession, - mais ici, les démocrates sont les plus enclins à vouloir faire sécession (47%), suivis des indépendants (33%) et des républicains (27%).
» Bien que le Sud et la côte Ouest soient les deux régions des États-Unis où le désir de se libérer est le plus fort, les chiffres sont également élevés dans le reste du pays.
» Dans le Nord-Est des États-Unis, 34% des Américains ont déclaré vouloir faire sécession de l'Union, les démocrates et les indépendants étant respectivement à 39% et 35%, tandis que 26% des républicains du Nord-Est étaient du même avis.
» Pendant ce temps, environ un tiers des Américains des "Mountain States" [mitoyens à l'Est et au Nord-Est des États de la côte Ouest] veulent se séparer des États-Unis, avec les républicains à 43%, les indépendants à 35% et les démocrates à 17%.
» Bright Line Watch a qualifié ces chiffres de "terriblement élevés", tandis que le journaliste spécialisé dans les statistiques Christopher Ingraham les a qualifiés de "l'enquête statistique la plus inquiétante que j'aie vu depuis une éternité".
» Bien qu'Ingraham ait noté que la plupart des Américains exprimant leur soutien à la sécession le font d'abord selon des "choix partisanes", il a affirmé que "si le soutien à la sécession est si élevé au sein du GOP, c'est en partie parce que les élites du parti dans tout le pays attisent les passions de manière irresponsable sur ce sujet".
L'analyse d'Ingraham ne prend toutefois pas en considération le nombre élevé de démocrates et d'indépendants à travers les États-Unis qui ont également exprimé leur soutien à la sécession.
» Les Américains du centre du pays sont apparemment les plus satisfaits, le soutien à la sécession y étant le plus faible (environ 30%).
» Il est peu probable que le soutien à la sécession aux États-Unis diminue de sitôt, Bright Line Watch notant que les chiffres ont augmenté au cours des six derniers mois, depuis l'assaut du Capitole par les partisans de Donald Trump, le 6 janvier, pour protester contre l'élection du président Joe Biden... »
Les activistes sécessionnistes républicains et conservateurs se sont regroupés notamment au sein d'un groupe, 'RedStateSecession' (les États conservateurs/républicains sont paradoxalement figurés en rouge sur les cartes électorales), qui possède un site d'où ont été commentés et identifiés dans un texte fourni les résultats de l'enquête statistique. La même organisation s'est constituée en groupe autonome sur la plate-forme conservatrice Gab.com qui a pris une place importante dans les réseaux sociaux depuis les incidents du Capitole du 6 janvier et le départ de Trump. Il est évidemment très clair que l'attitude sécessionniste des républicains exprime une profonde hostilité au pouvoir fédéral complètement sous le contrôle des démocrates, - mais c'est évidemment de cette façon, par opposition au centre surtout lorsqu'il se radicalise comme c'est le cas, que se développent les courants sécessionnistes. Il s'agit d'un choix antagoniste, un choix de combat, dans un pays incroyablement fracturé.
L'article initial de 'RedStateSecession' explique que les deux seuls États du Sud, cette région où l'opinion sécessionniste est le plus affirmée, qui soient administrativement, politiquement et économiquement équipés pour la sécession sont la Louisiane et l'Alabama. (La Louisiane est le seul État qui donne plus d'argent au centre fédéral, qu'elle n'en reçoit. Il s'agit des revenus du pétrole, notamment off shore, que la Louisiane conserverait en cas de sécession.) C'est là un constat objectif, ces deux États n'ayant pas d'organisation activiste sécessionniste ; 'RedStateSecession' développe actuellement une campagne pour susciter leur création.
Le sentiment sécessionniste est en très forte expansion depuis le début de l'année et l'installation de Biden, - essentiellement chez les conservateurs bien sûr, à l'exception de la Californie et des deux États du Nord de la côte Ouest (Washington et Oregon).. Les conservateurs constatent évidemment que le parti républicain est fortement compromis dans sa direction centrale de Washington D.C., qu'il reste toujours méfiant vis-à-vis de Trump ; comme nous l'avons souvent observé ils tendent à se replier vers les directions des États, avec des gouverneurs qui s'affirment de plus en plus (DeSantis en Floride, Abbott au Texas).
A part l'exception californienne, qui a été très sécessionniste durant le mandat Trump et qui se trouve dans une phase d'incertitude avec l'élection du gouverneur en 2022 alors que l'actuel, le gouverneur Newson est très contesté, on se trouve complètement à fronts renversés par rapport à la Guerre de Sécession. Ce furent les démocrates qui forcèrent à la sécession, tandis que Lincoln était un pur républicain.
Les démocrates assument la chose sans la moindre gêne puisqu'avec eux et le wokenisme, le récriture de l'histoire est la chose à la fois la plus impérative et la plus aisée du monde ; choses dont profiteraient d'ailleurs et à l'inverse les républicains, - mais la direction du parti n'est guère sécessionniste, contrairement aux populations concernées. La dialectique des dirigeants démocrates, particulièrement Joe Biden, pousse dans ce sens de la radicalisation entre deux représentations des ennemis de la Guerre de Sécession, notamment dans l'actuelle querelle de la révision des conditions de vote entreprises par certains États. Biden, parlant le 13 juillet (Wall Street Journal), assimilent indirectement mais assez lourdement les partisans de Trump aux Confédérés sudistes par la voie d'une hyperbole magique englobant le simulacre du 6 janvier au Capitole et faisant des "trumpistes" du 6 janvier des guerriers, évidemment "suprémacistes blancs", supérieurs aux soldats du général Lee qui pouvaient difficilement se rassembler à deux kilomètres du Capitole pour lancer une manifestation :
« Le discours démocrate sur le vote commence à perdre de plus en plus sa cohérence. "L'assaut type-'Jim Crow du XXIe siècle' [allusion aux"lois Jim Crow"de l'apartheid dans le Sud au XIXe] est réel", a affirmé mardi le président Biden. "Nous sommes confrontés au test le plus important de notre démocratie depuis la guerre de Sécession, - et ce n'est pas une hyperbole", a-t-il ajouté dans le même discours. "Les Confédérés de l'époque n'ont jamais ouvert une brèche dans le Capitole, comme l'ont fait les insurgés le 6 janvier". »
L'assimilation des opposants républicains, conservateurs, trumpistes-populistes, aux Confédérés de 1861-1865 est constante dans la direction démocrate et dans les groupes activistes type-BLM. Cela est rendu nécessaire pour incarner la narrative sur le suprémacisme blanc ; en attendant, cela alimente surtout les tendances centrifuges et sécessionnistes qui s'appuient, elles, sur les véritables motifs de la sécession de 1861 qui étaient d'ordre coinstitutionnel.
L'attaque de Biden est lancée contre le gouverneur Abbott du Texas, qui veut faire voter une loi sur un nouveau système de vote. Les parlementaires démocrates de la législature texane (une cinquantaine) ont décidé de quitter l'État pour Washington D.C., au moins jusqu'à la fin (août) de l'actuelle session, pour empêcher que le quorum soit atteint au sein du Congrès texan, et que la loi soit votée par la majorité républicaine. Actuellement installés à Washington D.C., ils n'ont guère intéressé à leur problème leurs collègues démocrates du grand Congrès des USA mais par contre, résultat tout de même, cinq d'entre eux ont attrapé le Covid. Pour la suite de la ballade, le gouverneur Abbott annonce qu'il les fera arrêter à leur retour au Texas, et conduire directement au Congrès du Texas pour le vote.
La nouvelle loi proposée au Texas suit un modèle général débattu dans les États républicains, et même voté en Géorgie. Il s'agit pour les républicains de mieux contrôler le droit de vote, notamment par rapport aux immigrants illégaux que les démocrates manipulent à leur avantage. Mais cette évolution a un aspect sécessionniste : la nouvelle loi est accompagnée d'un contrôle plus grand des votes par les gouverneurs, au détriment de Washington D.C. ; et ce contrôle des votes pourrait devenir un outil sécessionniste si la population demandait un vote sur la sécession par l'un de ces référendums qui accompagnent tous les deux ans les élections générales, - et pour l'inscription desquels dans les propositions électorales, travaillent actuellement les organisations sécessionnistes.
Mis en ligne le 19 juillet 2021 à 16H25